Peut-on apprécier Uncharted 4 si l’on n’a jamais joué à aucun des trois premiers épisodes auparavant ? C’est ce que nous avons voulu découvrir.

Bien des amateurs de la série Uncharted et de son héros Nathan Drake attendaient la sortie de ce nouveau volet avec impatience. Pour prendre un peu la température, Sony avait également offert à la communauté la possibilité de redécouvrir les trois premiers épisodes sous un format haute définition.

Mais qu’en est-il quand des joueuses et joueurs, comme certain.e.s que l’on ne nommera pas dans ce test, n’ont jusqu’ici jamais eu l’occasion de poser un pied dans l’univers d’Uncharted ? Ce quatrième épisode est-il seulement travaillé pour plaire à un public d’ores et déjà conquis depuis trois volets, ou fait-il également les yeux doux aux novices du genre ?

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Je n’ai jamais fait un seul Uncharted

Ce n’est pas tous les jours que l’on commence une histoire par la fin. Mais dans le cadre d’une narration articulée en jeu vidéo l’expérience se révèle très enrichissante. Naughty Dog a très savamment su doser l’apport d’informations pour mettre en place un contexte sans tomber dans le spoiler, craint comme le diable en personne en ces périodes troubles Game-Of-Thronesques. Uncharted 4 : A Thief’s End marque donc l’ultime épisode de la série et envoie Nathan Drake à la recherche du trésor perdu du capitaine pirate Henry Avery.

On retrouve aux côtés de l’aventurier ses fidèles co-équipiers Sully et Elena, avec cette fois un troisième larron : Sam Drake, le frère de Nate, refaisant surface après 15 années de prison. L’introduction du personnage se fait donc par le biais d’un très long flash-back, passant à la fois par l’enfance des deux frères puis par un séjour dans une prison cubaine, mettant par la même occasion en place les premiers piliers de la recherche du trésor d’Avery. Cupidité oblige, un petit gosse de riche nommé Rafe se dresse en tant que rival dans la quête du trésor, avec accessoirement sous le bras une armée de mercenaires.

L’aventure mènera nos héros voir différents pays et lieux dont la reproduction graphique se révèle être un vrai régal pour les yeux. Le studio Naughty Dog a en effet mis le paquet dans les décors et les animations graphiques, modélisant des paysages pour la plupart aussi idylliques que vertigineux – je me suis surprise à éponger la sueur sur mes mains quand il a fallu faire le clown sur des falaises aux hauteurs interminables – ainsi que des constructions humaines retraçant avec soin les modes de vie d’une époque victorienne révolue. Pour les plus artistes d’entre nous, un mode photo est disponible pour effectuer des clichés au gré de l’aventure, un effet un peu gadget qui peut toutefois donner naissance à de nouvelles pratiques intéressante dans le traitement contemplatif du jeu vidéo.

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A pirate’s life for me

Avant d’aller plus loin dans les analyses mécaniques du jeu, il faut savoir qu’ici la critique est faite par une joueuse qui, depuis maintenant quelques années, a plus souvent enchaîné des jeux indépendants que consommé des titres AAA. Certaines mécaniques qui me paraissent ici rafraîchissantes sont peut-être un gameplay classique pour d’autres, qui plus est pour des aficionados de la série Uncharted. Toutefois, je n’ai pas non plus vécu dans une grotte indé et, au prisme de mes expériences de jeux blockbusters, Naughty Dog semble proposer ici des mécaniques rendant le jeu d’une fluidité qui m’a rarement été donné d’expérimenter jusqu’ici.

Uncharted propose de multiples phases de jeu, passant de l’infiltration à la course-poursuite, la fusillade ou encore des scènes de puzzle. Chacune est savamment dosée et même si on peut reprocher une dimension cyclique dans leur enchaînement, l’effort de Naughty Dog pour faire en sorte que ces phases ne hachent pas la narrativité du jeu est tout de même notable. Les phases d’énigmes sont par exemple globalement bien amenées dans l’ensemble, même si quelques-unes ont encore du mal à émerger de manière naturelle, la majorité des puzzles épouse aussi bien l’intrigue que les décors dans lesquels ils sont construits.

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On ne peut pas en dire autant pour les sessions d’infiltrations qui ont, à mon goût, la fâcheuse tendance à couper l’élan de la progression, donnant très souvent l’impression d’une phase de remplissage pour étirer le temps du jeu et faire languir le joueur sur la suite des aventures. Les séquences d’infiltration deviennent d’autant plus désagréables dans la mesure où il s’est avéré difficile de terminer une session entière sans jamais se faire repérer.

Un manque de patience de ma part dû à la frustration d’être coupée dans ma progression a probablement fait en sorte que la quasi-totalité de ces phases de discrétion se soient terminées en bain de sang. Les phases de fusillades ont en effet l’avantage d’être rapides, faciles et plus dynamiques, donnant l’occasion de retourner au plus vite crapahuter au dessus du vide.

Fallait appuyer ?

Si on peut reprocher à une IA ennemie d’être un peu molle du genou et de ne pas franchement constituer un énorme challenge dans ces scènes d’infiltration/fusillades, celle des alliés de Nathan est vraiment remarquable. Aucun de vos amis ne sera ce fameux boulet qui vous poussera par accident sous le nez des gros malabars, ou qu’il faudra sortir de la mouise toutes les 5 minutes. Vos amis sont des alliés capables de vous aider dans le repérage des ennemis, le tout sans se faire eux-mêmes repérer (bon, c’est tout simplement parce qu’ils ont été invisibilisés par les développeurs, mais quand même).

Le plus bluffant reste sans doute les interactions avec ces alliés, le héros et le décor. Les personnages sauront vous guider si vous séchez sur une énigme ou un chemin à prendre, sans pour autant vous tenir par la main outre mesure. Un dosage précis de la part de Naughty Dog qui permet de rester dans une certaine fluidité durant les sessions de jeu, qui nous fait cette fois moins remarquer les ficelles du gameplay.

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Aussi étonnant que cela puisse paraître, et étant consciente qu’il s’agit là de la mécanique principale d’un Uncharted, ces phases d’escalade n’ont à aucun moment eu d’effet redondant dans la progression du jeu. L’effet de « nouveauté » y est peut-être pour beaucoup, mais la fluidité des mouvements de Drake a tout de même un avantage certain sur un jeu comme Assassin’s Creed, où il est difficile de garder son calme quand son personnage décide de grimper n’importe où pour peu que l’on soit un peu zélé sur le bouton action de la manette.

Ici, la grimpette nécessité une validation du bouton X pour avancer, ce qui réduit largement la fenêtre d’erreur de vitesse.

Mieux vaut tard que jamais

Il n’a finalement pas fallu beaucoup de temps pour être désormais convaincue d’être passée à côté d’une sacrée série pendant toutes ces années sans console Sony. Pour ne pas faire une énième comparaison avec le cinéma, la narrativité d’Uncharted a pourtant tout d’un scénario à la Indiana Jones ou Sydney Fox l’aventurière (référence pourrie : check) qui a l’avantage sur le format filmique de placer le joueur au cœur de l’action.

Ce seront en tout plus de 20 heures de jeu qui maintiendront en suspens l’histoire rocambolesque de Henry Avery et de son trésor. Moi qui avais peur de tomber sur un jeu d’une durée de vie de 10 heures maximum avec des facilités scénaristiques décevantes, il s’avère qu’Uncharted 4, sans révolutionner pour autant les codes de la narrativité, offre un contenu à la fois agréable, accessible et possède la faculté de plonger le joueur au cœur de son univers et de le faire rêver sur les plus grands mythes pirates du 17e siècle.

Naughty Dog a eu également la présence d’esprit de ne pas truffer son histoire de références aux épisodes passés, si bien qu’il m’est tout à fait possible de faire les trois premiers volets et d’en savourer leur découverte.

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Uncharted 4 est disponible sur PS4 à partir de 59 euros.

Le verdict

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8/10

Uncharted 4 : A Thief's End - PS4

Pas facile d’assumer le fait de n’avoir jamais touché à une série vieille de bientôt 10 ans, mais la chose est désormais réparée et, mieux, Uncharted 4 m’a vraiment convaincue qu’il s’agissait là d’une série qui mérite sa renommée.

Ce dernier épisode se révèle être une excellente introduction avec un gameplay très agréable, accessible et fluide ; le tout enrobé dans un très beau paquet cadeau de graphismes léchés. Une chose est sûre : il donne définitivement envie de découvrir les volets précédents et Sony, en proposant ses remakes HD, semble l’avoir très bien compris.

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