« Mes nus dans mon profil », on voit souvent passer cette phrase quand on traîne sur X (ex-Twitter). Un phénomène qui risque de s’amplifier dans les semaines qui viennent, avec l’autorisation officielle de la pornographie sur la plateforme. Le 3 juin, le réseau social a confirmé un changement dans ses règles d’utilisation, avec une mention explicite de la pornographie et des contenus NSFW. L’évolution date du mois de mai.
« Vous pouvez partager des contenus comportant de la nudité destinée aux adultes et des actes sexuels, produits et diffusés avec le consentement des personnes représentées, si toutefois ils sont marqués correctement et s’ils ne sont pas placés dans des zones très visibles », peut-on lire dans les conditions générations générales d’utilisation de X, qui se distingue ainsi drastiquement de toutes les autres plateformes. Il reste interdit de montrer des images pornographiques sur sa photo de profil ou dans sa bannière. X justifie de changement en rapprochant « l’expression sexuelle » d’une « forme légitime d’expression artistique », un argument populaire chez les créateurs de contenus pornographiques. La plateforme appelle bien évidemment à la responsabilisation de tout un chacun.
Twitter, bientôt le nouvel OnlyFans ?
Selon les règles énoncées par X, un contenu adulte peut montrer de la nudité frontale (y compris des parties intimes) ou des rapports sexuels (simulés ou non). Ces règles s’appliquent aussi aux contenus produits par une intelligence artificielle ou tirés de l’animation (les hentai, par exemple). Sont interdits l’exploitation, les actes non consentis, la chosification, la pédopornographie, la violence sexuelle ou encore les comportements obscènes.
Celles et ceux qui voudront en partager devront ajuster leurs paramètres pour stipuler que les followers s’apprêtent à visionner une image ou un clip susceptible de choquer (un filtre de protection, sous la forme d’un message d’avertissement). Côté consommateur, il ne sera pas possible de regarder ces contenus pornographiques si on ne fournit pas de date de naissance.
Pourquoi faire ce changement maintenant ? En réalité, X n’a jamais interdit les contenus pornographiques (ils représentaient même 13 % des partages, selon des chiffres fournis par Reuters en 2022). Mais il y a un monde entre tolérer et autoriser. Contrairement à ses dires, X a toujours été embarrassé par la présence de la pornographie sur sa plateforme, qui nuise à sa réputation chez les annonceurs. Mais l’entreprise n’a jamais fait le nécessaire pour les modérer, puisque la régulation n’a jamais été son fort. Autoriser officiellement la pornographie est un moyen de se débarrasser d’un problème devenu trop grand, en le faisant passer pour une politique officielle. Certains annonceurs pourraient ne pas aimer, mais X ne semble répondre à plus aucune logique depuis l’arrivée d’Elon Musk. Aucun autre réseau social majeur ne tolère les contenus X.
Financièrement, X pourrait aussi y voir un moyen de faire rentrer beaucoup d’argent. Le réseau social pourrait se muer en un concurrent d’OnlyFans, en incitant les créateurs et les créatrices de contenus pornographiques à monétiser leurs films sur Twitter plutôt que sur OnlyFans. Ils pourront, par exemple, mettre en place des abonnements « Super Follows », en monétisant l’accès à leurs comptes. Cette ambition de transformer X en OnlyFans bis ne date pas d’hier, mais le réseau social n’avait jamais osé aller jusqu’au bout. Maintenant que le porno est autorisé, il peut faire ce qu’il veut.
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