Ca sera peut-être un flop comme le WAP ou, dans une moindre mesure, l’UMTS, mais le DVB-H est clairement la nouvelle bulle que sont en train de gonfler ensemble industrie des télécommunications et industrie des média. Et bien sûr, cette nouvelle technologie augmentera une fois encore la valeur économique des contenus culturels et multimédia.

Le DVB-H (Digital Video Broadcasting: Handhelds ; ou Diffusion de Vidéo Numérique : portatifs) est l’équivalent mobile de la fameuse TNT, dont le petit nom est d’ailleurs DVB-T. Pourquoi les opérateurs mobiles n’ont pas choisi de l’appeler TNM (Télévision Numérique Mobile) ? L’histoire ne le dit pas, mais peu importe le vocabulaire, les enjeux sont plus importants.

Alors que la TNT sera disponible à la fin du mois pour 35% de la population française, il faudra attendre 2006 voire 2007 avant de pouvoir regarder Jean-Pierre Pernaud pendant sa pause déjeuner, au jardin des tuileries.

A moins de faire partie d’une poignée de chanceux.

Orange et Bouygues Telecom, associés au bouquet satellite TPS et au constructeur Sagem, ont demandé au CSA l’autorisation d’exploiter une fréquence pour réaliser de premiers tests du DVB-H au deuxième semestre 2005. SFR avait déjà fait une demande similaire au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel en janvier dernier, après s’être allié à Canal+, Nokia et Towercast.

SFR table sur environ 500 beta-testeurs, tandis qu’Orange et Bouygues restent plus modestes avec seulement 200 cobayes.

Vers le paiement d’un droit de mobilité ?

Dans la communication marketing pour son service Napster To Go, qui s’appuie sur la technologie DRM Janus de Microsoft, Napster joue sur le fait que « pour seulement 14,95$, vous pouvez remplir et reremplir votre lecteur MP3 sans avoir à payer 99 par piste. « Ayez tout ce que Napster peut vous offrir, PLUS de la musique illimitée pour votre lecteur MP3 compatible Napster To Go« , insiste la plateforme, dans une formule très révélatrice du déplacement de la valeur des contenus culturels vers leur mobilité. Ca n’a jamais été un plus que de pouvoir enregistrer sa musique sur une cassette audio et l’emporter avec soi sur son Walkman, ou de graver des CD pour les insérer dans son lecteur portable. Mais l’iPod et toute la génération de baladeurs numériques à disque dur ont changé la donne.

Aujourd’hui ce qui compte, ce qui a de la valeur pour les consommateurs de la génération Internet, ça n’est plus de posséder un contenu, mais plutôt l’aisance avec laquelle on peut y accéder, de n’importe où.

Et c’est exactement ce à quoi répond le DVB-H.

Le piratage de séries télévisées est en plein boom. Les sites tels que tvtorrents.com deviennent de véritables Canal Jimmy en ligne, à la demande. Les chaînes de télévision, qu’elles soient hertziennes ou câblées, cryptées ou diffusées sur le sattelite, commencent toutes à s’inquiéter de cette situation. Un démarcheur de Canal+, qui frappait à notre porte la semaine dernière pour vendre un abonnement, est reparti bredouille après nous avoir demandé si l’on avait internet. A l’affirmative, il souriait en abandonnant : « ok donc ça doit y aller les téléchargements ».

L’avenir du modèle économique des diffuseurs de contenus passe, aujourd’hui, par la mobilité. L’industrie du disque l’a compris mais l’exploite encore très mal, en créant de nouveaux emplois de massacreurs-de-chansons-faiseurs-de-MIDI plutôt qu’en proposant aux clients d’écouter des chansons en haute-fidélité et de les commander immédiatement par le simple envoi d’un SMS, pour les recevoir le soir par e-mail (ceci n’étant, bien sûr, qu’un simple exemple illustratif).

Le DVB-H peut apporter des atouts que le P2P n’a pas. Télécharger le dernier épisode des Gilmore Girls et le transférer sur son lecteur Archos avant de partir au travail reste une tâche compliquée pour la plupart des ménagères de moins de cinquante ans. Le DVB-H a encore le temps de se montrer plus simple d’utilisation et accessible que le P2P. Les abonnements aux chaînes payantes, souhaités par Patrick Le Lay, vont fleurir, tout comme la vidéo mobile à la demande.

Progressivement, la possession de contenus sur les plateformes fixes telles que les ordinateurs pourrait devenir gratuite de fait, contre un modèle payant pour les modes d’accès mobiles.

C’est le pari du DVB-H, qui devra effacer la déception de l’UMTS.

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