« En raison des incertitudes réglementaires engendrées par le Digital Markets Act (DMA), nous ne pensons pas être en mesure de déployer trois fonctionnalités — iPhone Mirroring, les améliorations de SharePlay Screen Sharing et Apple Intelligence — pour nos utilisateurs de l’UE cette année ».
Dans une déclaration partagée à Numerama, Apple annonce avoir pris la décision de limiter les fonctionnalités d’iOS 18 et macOS Sequoia, ses deux futurs systèmes d’exploitation, dans l’Union européenne. Apple Intelligence, une des plus grandes nouveautés de l’histoire de l’iPhone, sera bloquée en Europe lors de son lancement en septembre. C’est la première fois qu’Apple prend ce type de décision règlementaire, seulement trois mois après l’entrée en vigueur du Digital Markets Act.
Pourquoi Apple Intelligence et iPhone Mirroring sont bloqués en Europe ?
Apple Intelligence, la suite de fonctions dopées à l’IA générative d’Apple, n’arrivera pas dans l’Union européenne avec iOS 18 et macOS Sequoia.
Initialement prévue juste en « anglais américain » (le temps de déployer des serveurs dans le monde entier), Apple Intelligence devait être accessible en France en changeant la région de son iPhone, avec l’option « Anglais (États-Unis ». A priori, cette combine ne sera pas possible. Apple bloquera plus durement la fonction dans l’Union européenne, une première dans son histoire. La marque utilisera sûrement son système de géoblocage mis en place avec les magasins alternatifs, qui sont seulement accessibles en Europe.
Dans l’Union européenne, les iPhone, iPad et Mac ne seront donc pas capables d’accéder au nouveau Siri, de trier leurs notifications automatiquement, de modifier des photos avec l’IA ou de modifier du texte à votre place. Les autres fonctions IA d’Apple, que la marque qualifie de « ML features » (machine learning), restent disponibles.
« Nous sommes préoccupés par le fait que les exigences d’interopérabilité du DMA pourraient nous obliger à compromettre l’intégrité de nos produits de manière à mettre en danger la confidentialité et la sécurité des données des utilisateurs. Nous nous engageons à collaborer avec la Commission européenne pour tenter de trouver une solution qui nous permettrait de fournir ces fonctionnalités à nos clients de l’UE sans compromettre leur sécurité » précise Apple à Numerama, alors qu’Apple Intelligence utilise une analyse locale, avec la puce des iPhone et des Mac, pour ne jamais centraliser de données sur un serveur.
Pourquoi bloquer iPhone Mirroring, qui permet d’afficher l’écran de son iPhone sur son Mac ? Apple pointe le fait que le DMA ne concerne pas macOS aujourd’hui, qui n’est pas considéré comme un gatekeeper. Avec un iPhone émulé sur Mac, la marque semble craindre que son ordinateur doive se soumettre aux mêmes règles qu’iOS et iPadOS. Elle préfère donc être prudente. (La fonction sera disponible dans la bêta 2 de macOS Sequoia, prévue lundi).
Autre fonction retirée en Europe : SharePlay Screen Sharing, qui permet de contrôler l’écran d’un ami à distance. On imagine que la logique est la même qu’avec iPhone Mirroring.
Un bluff pour mettre la pression à l’Union européenne ?
Avec cette décision, Apple crée un précédent inédit. Après avoir suggéré plusieurs fois ces derniers mois que le DMA bloquerait le lancement de plusieurs fonctions en Europe, la marque met sa menace à exécution. D’autres fonctions pourraient être bloquées de la même manière à l’avenir, dans le but de mettre la pression à l’UE.
Quelques jours avant l’annonce d’Apple, l’Union européenne avait prévenu que l’application du DMA par la marque californienne ne lui convenait pas. La décision d’Apple sur Apple Intelligence a tout d’une réponse politique, dans le but de créer une opposition entre ses utilisateurs européens et la Commission européenne. Apple veut faire du DMA une loi anti-consommateurs, en faisant oublier ses bienfaits.
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