Google a cru qu’une publicité faisant la promotion d’une lettre d’enfant écrite par l’IA Gemini serait une bonne idée. Quelques semaines après sa diffusion télé, elle est retirée à la suite d’une polémique.

Difficile de faire pire que la publicité Google pour Gemini, diffusée à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. Dans les discours, toutes les entreprises à la pointe de l’IA promettent des lendemains qui chantent, grâce à l’abolition des tâches avilissantes, difficiles et pénibles qui incombent à l’humanité. En pratique, elles mettent parfois en avant des solutions pour les tâches qui font que les humains sont des humains : créer, penser, s’émouvoir, réfléchir.

Et la publicité Google pour les JO a fait polémique pour cette raison.

Dans cette courte vidéo, on entend en voix off le père d’une jeune fille fan de l’athlète américaine Sydney McLaughlin-Levrone, spécialiste du 400 m et du 400 m haies qui détient le record mondial et le record olympique dans cette dernière discipline. Il commence par raconter la passion de sa progéniture pour Sydney, entrecoupé de séquences montrant Gemini capable de résumer des pans de la carrière de l’athlète, en pillant le contenu des sites internet référencés sur Google, sans véritable contrepartie.

D’où vient la polémique suscitée par la publicité de Google ?

Mais c’est aux trois quarts de la vidéo que le discours bascule et où la polémique naît : le père raconte que sa petite fille veut écrire une lettre à Sydney pour lui dire qu’elle veut devenir comme elle et battre ses records. Que fait-il pour cela ? Eh bien, il demande à Gemini de faire le travail à la place de l’enfant pardi. L’IA générative s’exécute alors, en respectant les consignes du père, écrivant avec ses compétences une lettre à la star.

Le moment où Gemini écrit la lettre à la place de la gamine // Source : Google
Le moment où Gemini écrit la lettre à la place de la gamine // Source : Google

L’incompréhension des spectateurs est née à ce moment-là : comment Google peut-il penser que faire écrire une lettre d’enfant à son héroïne par une IA est une bonne idée ? C’est tout à la fois priver l’enfant d’une tentative de mettre sur le papier ce qu’elle ressent, avec ses mots naïfs et maladroits, et manquer une occasion de la faire progresser en écriture.

Sans même parler du fait que l’écriture de cette lettre peut être un plaisir, tout simplement parce que les enfants ont le droit de faire des choses inutiles et plaisantes sur leur temps libre. Aucune lettre de fan n’a pour objectif d’être une œuvre littéraire complète et on imagine mal une star olympique juger le style et l’orthographe d’une lettre de fan de moins de 10 ans. Les IA génératives, que nous utilisons sur Numerama à des fins de synthèse où elles excellent, ont en plus une tendance à être particulièrement fades.

Résultat ? Après avoir défendu sa publicité, Google l’a retirée des chaînes de TV américaines et a supprimé les commentaires de sa version sur YouTube — que vous pouvez toujours voir pour vous faire votre propre avis.

Reste à espérer que ces manifestations spontanées d’indignation populaire donnent un cap clair aux entreprises derrière les IA génératives, qu’elles se nomment OpenAI, Apple, Microsoft ou Google : personne ne veut se débarrasser, dans son quotidien, de ce qui donne un peu de sens à l’existence. Les très nombreuses tâches pénibles et usantes qui méritent en revanche d’être automatisées devraient rester une priorité.

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