Reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles aux États-Unis, sans que l’on sache exactement quelles seront les conséquences sur son activité, Google fait face à une pression inédite. En cas de réélection, Donald Trump menace même de le démanteler.

Il n’y a pas que l’Europe qui embête les géants de la tech. Lundi 5 août, après plusieurs mois d’enquête, un juge américain a reconnu coupable Google de pratiques anticoncurrentielles. Une première dans l’histoire du géant du web, qui faisait face à la pression du département de la Justice des États-Unis depuis 2020. Le juge Amit Mehta considère que Google a créé une situation de monopole sur plusieurs marchés, dont la recherche et la publicité.

Ce jugement va-t-il forcer Google à revoir radicalement son fonctionnement ? L’issue est encore floue pour Google, même s’il est clair que sa défaite dans ce dossier aura des conséquences.

Google va-t-il devoir renoncer à certaines activités ?

« Après avoir soigneusement examiné et pesé les témoignages et les preuves, le tribunal parvient à la conclusion suivante : Google est en situation de monopole, et il a agi comme tel pour maintenir son monopole » écrit le juge dans son compte rendu, que le média The Verge a publié dans son intégralité.

Le verdict d’Amit Mehta n’aura pas d’effets immédiats sur les activités de Google, car il se contente d’observer l’existence d’un monopole. La justice américaine va maintenant pouvoir élargir son enquête afin de mieux comprendre les pratiques de Google, avant d’éventuellement lui forcer à effectuer des changements.

Navigateur, moteur de recherche, publicités sur les sites… Google abuserait de sa position dominante selon les États-Unis. // Source : Numerama
Navigateur, moteur de recherche, publicités sur les sites, le tout par défaut… Google abuserait de sa position dominante selon les États-Unis. // Source : Numerama

En fonction de l’avancée de la procédure, et de l’incapacité de Google à rassurer sur ses pratiques, le géant du web pourrait être forcé à se transformer drastiquement.

Parmi les hypothèses sur la table, la fin de certaines intégrations par défaut (Chrome, partenariats avec Apple, Samsung et Mozilla), l’obligation aux États-Unis de laisser l’utilisateur choisir lui-même un navigateur et un moteur de recherche sur son appareil (comme en Europe), le démantèlement de certaines activités, l’arrêt total de certains services…

Google pourrait devoir choisir entre son activité de moteur de recherche et son activité d’annonceur, pour ne pas avoir un trop grand impact sur l’économie du web. Il pourrait être aussi contraint à céder certains business, pour ne plus être dans une situation où il contrôle tout. Tout ceci est encore très incertain, puisque de futurs jugements pourraient aller dans le sens du géant du web.

Les États-Unis de plus en plus coriaces contre leurs propres pépites

Google compte faire appel, ce qui aura vraisemblablement pour effet de décaler les éventuelles évolutions. D’ici là, l’entreprise pourrait se mettre elle-même en conformité avec d’éventuelles demandes du département de la Justice des États-Unis, pour rendre ses critiques moins pertinentes.

« Cette décision reconnaît que Google offre le meilleur moteur de recherche, mais conclut que nous ne devrions pas être autorisés à le rendre facilement accessible » indique un responsable du moteur de recherche, ce qui laisse supposer que Google compte adopter aux États-Unis la même défense qu’en Europe, en misant sur sa bonne réputation chez les utilisateurs pour ne pas être tenu responsable.

La part de marché de Google sur le marché des moteurs de recherche.
La part de marché de Google sur le marché des moteurs de recherche. // Source : Statcounter

Avec ce jugement, les États-Unis montrent que l’Union européenne, avec le RGPD, le DSA et le DMA, n’est pas en total décalage avec la réalité du marché, comme les grands groupes américains aiment le dire. Le ministère américain de la Justice s’est aussi attaqué à Apple, Amazon et Meta, avec pour possible résultat de changer leurs manières de faire du business aux États-Unis, en les forçant à l’ouverture.

Dans le cas de Google, sa suspicion est que le géant du web est devenu si grand qu’il est impossible de le concurrencer. N’importe quelle tentative serait bloquée par un chèque, puisque Google est en capacité d’acheter sa domination. Bing et Yahoo, malgré tous les efforts, seraient condamnés à une petite part de marché à cause de Google.

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