Il arrive que le faible arrive à vaincre le fort en justice. Aux États-Unis, une femme de Californie a pu obtenir de Microsoft un dédommagement de 10 000 dollars ordonné par l’équivalent américain de notre juge de proximité, qui a là bas la particularité de ne pas autoriser l’intervention d’avocats. Elle se plaignait de ce qu’en août 2015, son ordinateur sous Windows 7 Édition Familiale aurait été mis à jour sans son consentement vers Windows 10, et que plus rien ne fonctionnait ensuite, malgré l’intervention des techniciens de la firme de Redmond.
Interrogée par The Register, la plaignante raconte qu’il s’agissait de son ordinateur de travail, et qu’après la mise à jour qu’elle n’aurait pas sollicité, l’ordinateur était devenu « pratiquement inutilisable ». C’est certainement dû au fait que certains pilotes des différents composants du PC n’étaient pas encore compatibles avec Windows 10. Elle assure avoir passé des heures et des heures au téléphone avec le service technique de Microsoft, qui aurait néanmoins fini par l’envoyer bouler et lui proposer généreusement 150 dollars de dédommagement, alors qu’elle avait perdu son outil de travail.
J’invite toute personne qui a un problème de consommateur à se renseigner sur ses droits et à contre-attaquer
Il paraît assez peu vraisemblable que la victime Teri Goldstein (ou au moins quelqu’un ayant eu accès à son PC) n’ait pas validé à un moment quelconque la mise à jour vers Windows 10. À l’époque, Microsoft n’avait pas encore fait de l’update une mise à jour recommandée, ni encore moins programmé la mise à jour automatiquement, comme il le fait depuis plusieurs mois — mais depuis peu, de façon plus acceptable.
En revanche, Teri Goldstein avait un autre argument à faire valoir, sans doute plus fort. Elle a en effet rappelé qu’à l’été 2015, Microsoft n’a pas déployé du jour au lendemain la mise à jour pour tout le monde, mais a d’abord proposé de « réserver une mise à niveau », et a déployé la mise à jour progressivement, pour voir si tout se passait bien chez les utilisateurs cobayes. Or elle fut parmi les premières à « bénéficier » de Windows 10, et donc à servir de bêta-testeuse. Pour elle, et même si le contrat de licence exclut la responsabilité de Microsoft, l’éditeur n’a jamais présenté la mise à jour comme étant potentiellement instable et s’est donc servi d’une partie des utilisateurs et de leurs problèmes pour économiser des frais de tests en laboratoire.
L’argument a visiblement convaincu le juge californien, qui a ordonné les 10 000 dollars de dédommagement en mars dernier. Microsoft avait d’abord choisi de faire appel, mais il y a finalement renoncé, officiellement pour éviter des frais judiciaires.
Aujourd’hui, Teri Goldstein conseille à tout le monde d’imiter sa démarche, contre Microsoft ou d’autres géants attaquables devant des tribunaux de proximité, qui ne jugent que les affaires portant sur des préjudices faibles. « J’invite toute personne qui a un problème de consommateur à se renseigner sur ses droits et à contre-attaquer. C’est seulement comme cela que les grandes corporations comprendront qu’elles ne peuvent pas faire ce qu’elles veulent », déclare-t-elle.
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