Après des deepfakes mensongers, Taylor Swift prend position dans la campagne présidentielle américaine

La désinformation par intelligence artificielle générative a eu raison de la patience de Taylor Swift. La chanteuse américaine vient en effet de prendre publiquement position pour Kamala Harris, la candidate démocrate dans la campagne présidentielle américaine de 2024. Elle a publié sur son compte Instagram les raisons de sa prise de position.

Dans son message, publié le 11 septembre, juste après le premier débat télévisé entre Trump et Harris sur ABC, la super star de la pop liste des thématiques qui lui tiennent à cœur, et qui ont orienté sa décision : les droits des personnes LGBTQ+, la procréation médicalement assistée et le droit des femmes à disposer de leur propre corps.

Les deepfakes vs Taylor Swift

Mais, plus inhabituel, l’intéressée cite un évènement plus personnel qui l’a amenée à prendre la parole : les attaques dont elle fait l’objet, à travers les trucages informatiques. Cela fait des mois que l’artiste, en raison de son sexe, de sa notoriété, mais aussi de ses précédentes positions politiques, fait l’objet de deepfakes en tout genre.

Ce phénomène ne touche pas que Taylor Swift : bien d’autres célébrités féminines subissent des montages dégradants, facilités par l’IA générative — cela pullule désormais sur le net. La très grande majorité a une finalité pornographique. Mais il y a aussi des deepfakes qui sont construits à des fins de désinformation, pour influencer les opinions.

C’est spécifiquement cette dernière dérive que Taylor Swift cible et dénonce, et qui constitue, selon elle, une motivation de plus à sortir du bois. En effet, un deepfake utilisant l’image de la chanteuse à chercher à faire croire qu’elle soutient la candidature de Donald Trump durant cette élection. Ce qui s’avère complètement faux.

« Cela a vraiment réveillé mes craintes concernant l’IA et les dangers de la diffusion de fausses informations. J’en ai conclu que je devais faire preuve d’une grande transparence quant à mes projets électoraux. La manière la plus simple de combattre la désinformation est de dire la vérité », écrit-elle. Elle va donc voter pour Kamala Harris.

Pour qui connait la chanteuse, cet engagement n’est pas une surprise. En 2018, elle avait déjà pris la parole pour soutenir les démocrates lors des élections de mi-mandat aux États-Unis — à ce moment-là, Donald Trump était déjà au pouvoir après sa victoire contre Hillary Clinton. Un ralliement sans que les deepfakes ne jouent un rôle quelconque.

L’utilisation de deepfakes politiques sur Taylor Swift ou sa communauté remonte déjà à quelques semaines. Déjà en août, Donald Trump avait été épinglé pour avoir relayé des fausses images suggérant un soutien de l’artiste ou des swifties — les fans de la chanteuse. L’intéressé s’était vite désolidarisé quand la polémique a éclaté.

L’ancien président américain a fini par nettoyer ses réseaux sociaux de ces images. D’autres trucages demeurent toutefois, pas sur Taylor Swift, mais sur Kamala Harris. Dans une image générée par IA, la démocrate est mise en scène dans un évènement politique à l’ambiance stalinienne, pour faire croire qu’elle n’agit pas pour le peuple américain.

Compte tenu des anciennes prises de position politiques de Taylor Swift, mais aussi des valeurs qu’elle porte, notamment dans sa publication sur Instagram, son ralliement au camp démocrate était attendu — peut-être aurait-elle pris la parole de toute façon, indépendamment de l’affaire des deepfakes.

Ce rebondissement ouvre toutefois une question dont la réponse n’est pas évident. À l’avenir, les trucages par intelligence artificielle vont-elles forcer les personnalités publiques à prendre position et faire la transparence de leurs positions politiques ? L’affaire Taylor Swift suggère que oui, car sinon c’est prendre le risque de laisser une IA « parler » à sa place.