Avant d’être l’outil de piratage que les majors se fatiguent à dénoncer, le Peer-to-Peer est avant tout un outil de déconcentration des média. Le Syndicat National de L’Edition Phonographique dénonçait lui-même le phénomène dans son Actualité du Disque – Edition 2004 :
Près de 3 titres sur 4 programmés par Skyrock en 2003 font partie des 40 titres les plus diffusés sur cette station. De même, le record de diffusion hebdomadaire, à 120 en 2002, a été battu en 2003 (125). Ceci correspond à près de 18 rotations par
jour ! Ainsi, alors qu’elle semble s’ouvrir dans le bas de sa play list, la programmation musicale des radios FM semble se concentrer encore un peu plus dans le haut.
Que ça soit à la radio ou à la télévision, la diversité musicale s’efface devant le matraquage des mêmes morceaux qui, maintenant, doivent même passer avec succès le test d’une machine pour avoir une chance d’être diffusés (voir : Hit Song Science). Ce sont bien sûr ces mêmes morceaux qui seront le plus vendus dans les bacs, les média étant devenus avant tout de formidables supports de promotion.
Le Peer-to-Peer tend à réaliser l’inverse. Certes, les morceaux les plus téléchargés sur eDonkey ou Limewire restent ceux qui figurent dans le TOP 50 et ceux qui sont les plus diffusés en radio. Mais Internet en tant que média de découverte et de partage culturel est encore très récent et demande à mûrir, à se développer. Mercora est sans doute celui qui montre le mieux cette voie.
Or Macworld rapporte que « Napster UK a obtenu un accord avec Channel 4 pour diffuser ‘Napster Live’, une série d’émissions de musique de 11 minutes mettant en avant des groupes nouveaux et établis« .
« Chaque épisode consistera en un concert de deux chansons par un artiste sélectionné, avec interview, biographie et compétition« , explique Napster. Le premier de ces shows sera diffusé le 16 avril, avec Garbage comme invité.
Evidemment, le but sera de promouvoir le téléchargement de ces morceaux sur la plateforme légale de Napster. Se retrouve ainsi reproduit le shéma classique et concentré du média télévision qui détermine pour une grande part ce qui se retrouve dans les étals du Virgin Megastore.
Les chance de voir Internet prendre son indépendance et devenir un média réellement démocratique s’envolent un peu plus par ce type de partenariats qui s’appuient sur les média non interactifs.
Grâce à ces accords, les maisons de disques peuvent parfaitement contrôler l’offre et la demande. Et c’est avant tout pour sauvegarder cette emprise qu’elles veulent la mort du P2P.
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