L’union fait la force. Dorénavant, Tails et Tor travailleront de concert sur les projets en lien avec la vie privée sur Internet et la lutte contre la surveillance en ligne. Dans un communiqué publié le 26 septembre, les deux partenaires officialisent leur alliance. Précisément, Tor et Tails « ont uni leurs forces et fusionné leurs opérations ».
Ce rapprochement, dévoilé cet automne, finalise en fait un mouvement qui avait démarré fin 2023, lorsque les équipes de Tails ont approché celles de Tor pour regrouper leurs activités. Il est même possible de retracer cette proximité à 2015, puisque les développeurs des deux structures coopèrent régulièrement depuis cette date.
Cette association a été actée notamment en raison de la taille croissante de Tails. En clair, le projet « était devenu trop grand pour la structure existante ». De son côté, Tor évoluait déjà à une échelle supérieure. Autant permettre à Tails de profiter du cadre opérationnel et des capacités de son partenaire, plutôt que de s’épuiser à monter en gamme tout seul.
« Gérer Tails en tant que projet indépendant pendant 15 ans a représenté un effort considérable, mais pas pour les raisons auxquelles on pourrait s’attendre. La partie la plus difficile n’était pas la technologie, mais la gestion des tâches critiques comme la collecte de fonds, les finances et les ressources humaines », admet ainsi Tails.
C’est quoi, Tor (The Onion Router) ?
Des deux programmes, c’est Tor le plus connu. C’est un réseau informatique qui se superpose à Internet. Y accéder nécessite de se servir d’un navigateur particulier (Tor Browser) et de suivre des liens à la structure inhabituelle, en « .onion ». La finalité est de permettre à l’internaute d’échapper, du moins, de limiter le pistage, la censure et la surveillance.
De façon schématique, la connexion de l’internaute circule par une série de relais du réseau Tor, appelés les nœuds, ce qui a pour effet de camoufler sa véritable provenance géographique, et de la rendre difficilement traçable. Le tout avec diverses couches de chiffrement : d’où le parallèle avec un oignon, dont les écailles recouvrent et cachent le cœur du légume.
En somme, Tor s’efforce de proposer de « l’anonymat » aux internautes en cachant leur vraie adresse IP (qui est en somme la plaque d’immatriculation de votre terminal sur le réseau) et en cachant votre activité en ligne. C’est sur Tor que l’on peut trouver une partie du dark web. On peut y trouver des activités délictueuses, mais pas que.
C’est quoi, Tails (The Amnesic Incognito Live System ?)
Tails, lui, est un système d’exploitation établi sur GNU/Linux lui aussi dédié à la protection de la confidentialité via une anonymisation aussi poussée que possible. Ce programme, plus jeune que Tor, a bénéficié d’une visibilité accrue après 2013, lorsque le lanceur d’alerte Edward Snowden a indiqué s’en servir pour échanger notamment avec la presse.
Tails a beaucoup évolué depuis 2009. Après une v1 en 2014, l’O.S. a passé plusieurs jalons, jusqu’à la mouture la plus récente, estampillée 6.7 et sortie en septembre 2024. Tails reste régulièrement recommandé dans les guides axés sur les problématiques de vie privée et de lutte contre la surveillance — à l’image du guide d’autodéfense numérique.
Tails, qui s’emploie à ne laisser aucune trace sur l’ordinateur sur lequel il tourne, et se veut également ultra-léger et très facile à lancer sur un PC, partage bien des points communs avec Tor. D’ailleurs, l’O.S. se base sur Tor pour les connexions au réseau. Dès lors, il était naturel que les deux structures finissent par se rapprocher.
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