Face à Google, Microsoft, Meta, Amazon ou Apple, est-il possible de survivre en tant qu’entreprise à but non lucratif ? OpenAI, le laboratoire qui a lancé le produit tech le plus excitant de ces dernières années (ChatGPT), a décidé de changer de structure. Il s’agira bientôt d’une entreprise comme une autre, avec pour principal objectif de générer un chiffre d’affaires.
Ce changement de statut explique pour partie les nombreux et récents départs de l’entreprise, dont des cadres historiques, qui ont démissionné les uns après les autres. Le licenciement éphémère de Sam Altman fin 2023, sur fond de désaccord avec son conseil d’administration, était vraisemblablement lié à cette divergence sur la trajectoire à suivre. Sam Altman, l’emblématique patron d’OpenAI, veut diriger un géant de la tech et ne croit plus en l’avenir du petit laboratoire non lucratif qui transforme gratuitement la planète. Les autres espéraient conserver ce statut plus longtemps, pour pouvoir se concentrer sur la recherche.
OpenAI est moins « open » qu’avant, mais peut devenir le prochain géant
À sa création en 2015, OpenAI était un laboratoire à but non lucratif.
En 2019, l’entreprise a créé OpenAI LP, une filiale à but lucratif, avec pour mission de financer la structure principale grâce à des services payants. Ce changement n’a pas changé le statut principal de OpenAI, qui est resté un laboratoire non lucratif malgré cette arrivée d’argent extérieur.
Pendant longtemps, OpenAI indiquait aux investisseurs qui lui donnaient de l’argent qu’il n’y aurait pas de retour sur investissement. L’entreprise parlait de « dons », puisque son objectif n’était pas de gagner de l’argent pour en redistribuer. Entre temps, OpenAI est devenu une des entreprises préférées des investisseurs, qui la valorisent désormais autour de 150 milliards de dollars. La donne a changé, OpenAI sait qu’il peut devenir le prochain GAFAM.
OpenAI perd ses cerveaux, mais l’essentiel du travail est déjà là
Mira Murati, Bob McGrew, Barret Zoph, Greg Brockman, Ilya Sutskever… Sur les onze cofondateurs d’OpenAI, il n’en reste aujourd’hui plus que trois. Les cadres de l’entreprise, qui ne semblent pas manifester la moindre rancœur contre l’entreprise, considèrent leur mission terminée. OpenAI est lancé, les modèles sont aboutis et se battre pour faire des bénéfices ne les intéresse plus.
Elon Musk, qui a, lui aussi, cofondé OpenAI, fait partie des personnes qui s’opposent publiquement à Sam Altman. Jaloux de la réussite d’OpenAI au point d’avoir lancé son propre concurrent (xAI), Elon Musk essaye de s’opposer légalement au changement de statut de l’entreprise. Légalement, OpenAI a pourtant le droit de devenir une entreprise à but lucratif.
En devenant un géant de la tech comme un autre, OpenAI prend le risque de perdre ses plus grands talents, venus initialement pour faire de la recherche. Y a-t-il un risque pour l’avenir de l’entreprise, qui assure être sur le point de créer l’AGI (l’intelligence artificielle générale) ? Peut-être, mais OpenAI pourra au moins devenir encore plus riche qu’avant, alors qu’il envisage de doubler le prix de son abonnement ChatGPT Plus au-dessus des 40 dollars par mois d’ici à quatre ans.
Pour séduire les déçus d’OpenAI, d’autres entreprises misent sur des modèles plus ouverts. C’est notamment le cas des français Kyutai (un laboratoire) ou Mistral (qui a des modèles open source), mais aussi de Meta, qui publie gratuitement les codes sources de ses modèles. OpenAI, ironiquement, ne publie rien en open source.
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