Le 11 octobre 1999 sortait la Nvidia GeForce 256, considérée comme la première carte graphique (GPU) grand public du monde. Aujourd’hui marque donc l’anniversaire de sa sortie, il y a vingt-cinq ans. Une carte qui a déjà un quart de siècle et qui est désormais à des années-lumière de ce qui se fait de mieux maintenant. Dans quelques mois, ce devrait être au tour des Nvidia GeForce 50XX de faire leur apparition.
PC et gaming, ça rime pour Nvidia
En 1993, Jensen Huang, Chris Malachowsky et Curtis Priem fondaient Nvidia avec une vision : l’ordinateur, le Personal Computer (PC), sera une pièce incontournable pour jouer aux jeux vidéo. Il n’y a pas que les consoles de salon (ou portables) dans la vie. Par ailleurs, les jeux vidéo vont connaître une accélération dans la qualité des graphismes. C’est sûr : il faut que le matériel puisse « suive » afin de jouer correctement et profiter des avancées techniques. Le 31 août 1999, ils présentent leur première gamme de cartes graphiques qui ouvrira la gamme GeForce.
Déjà à l’époque, des archives médiatiques montrent l’intérêt des médias pour cette GeForce 256 : HardWare.fr (depuis inactif) consacrait plusieurs papiers dessus. « Le GeForce 256 est comme son nom l’indique totalement 256 bits, et c’est une première dans le domaine des chips grand public », pouvait-on lire. Et pour le nom GeForce, il vient de l’expression Geometry Force, puisque c’était la première carte graphique à calculer la géométrie de la transformation et de l’éclairage. Avant elle, c’était au processeur de s’occuper de cela.
Cette transition était précisément la philosophie de Nvidia avec ses GPU (Graphics Processing Unit, pour processeur graphique) : décharger les processeurs en gérant l’affichage vidéo et la 3D, pour avoir de meilleures performances. C’est pour cela que l’on considère généralement la GeForce 256 comme la « première carte graphique du monde », car elle a été le point de départ du GPU pour le grand public.
La Nvidia GeForce 256 n’est pas réellement la première carte graphique du monde
L’histoire a fait qu’on ne retient presque que Nvidia. Pour autant, la GeForce 256 n’est pas la première véritable carte graphique à proprement parler. Il existait avant la marque des cartes graphiques, au sens de composants qui se connectent à un PC fixe dès le milieu des 1980. Mais, à ce moment-là, elles ne pouvaient afficher que des caractères sur 8 bits, en monochrome et, évidemment, en 2D.
Progressivement, les tâches graphiques sont délaissées par les processeurs au profit de ces cartes. Puis, dans les 1990, les GPU se mettent à gérer la 3D, comme les cartes 3DX, ou les Voodoo de 3dfx. Les premières à pouvoir traiter à la fois la 2D et la 3D dans un même circuit intégré sont les cartes ATI et les Verite de Rendition apparues en 1996.
On peut aussi parler des Nvidia RIVA 128 et RIVA TNT2, qui sont les prédécesseuses de la GeForce 256. Cette dernière a apporté des améliorations matérielles pour augmenter les performances sur les jeux 3D sur PC : elle était aussi la première à disposer d’un accélérateur 3D entièrement compatible avec Direct3D. Ainsi, si l’on retient souvent la GeForce 256 comme la « première carte graphique du monde », c’est aussi parce que Nvidia la vendait comme telle, comme l’écrivait CNN en 1999 à la sortie de la carte. En 25 ans, Nvidia est devenu leader du marché, et s’est aussi imposé dans l’histoire.
Une fiche technique ridicule par rapport aux GPU actuels
Sa fiche technique est évidemment risible comparée aux fiches techniques des GPU les moins chers aujourd’hui : une gravure d’une finesse de 220 nanomètres et une fréquence d’horloge de 120 MHz.
Aujourd’hui, on ne parle plus en centaines (on parlait même de micromètres !), ni en dizaines de nanomètres, et plus en MHz. On parle de gravures qui approchent 2 et 3 nanomètres, et de fréquences qui s’expriment en GHz.
Nvidia affirmait il y a un quart de siècle pouvoir traiter jusqu’à 10 millions de polygones par seconde : on compte désormais en milliards. 32 Mo de VRAM à l’époque, contre 24 Go sur les modèles actuels les plus poussés. Le jour et la nuit.
La GeForce 256 était vendue à 1890 francs à la fin des années 1990, soit environ 300 euros, comme l’a calculé le Comptoir du Hardware. En raison de l’inflation, cela représenterait environ 423 euros en 2023. Aujourd’hui, les prix se sont envolés : il faut parfois débourser 1000 euros ou plus pour une grosse carte graphique, ou alors avoir de la chance. Les cartes graphiques, c’était donc mieux avant sur le prix.
GeForce 256 : le synonyme d’une révolution hardware
Déjà en août 1999, Marc Prieur de HardWare.fr le disait : « une chose est sûre, une révolution se prépare dans le petit monde de la 3D sur PC. » Depuis, la concurrence, principalement d’AMD, est arrivée : « toujours plus, toujours mieux, c’est ce que semblent nous promettre les constructeurs de chips graphiques avec cette nouvelle technologie. »
Alors qu’à la fin des années 1990, un Pentium III 600 coûtait 6 000 francs, la carte graphique de Nvidia apparaissait comme une solution moins chère et plus performante (elle pouvait calculer quatre fois plus de polygones par seconde). Pour Marc Prieur, c’était sûr : Nvidia avait « clairement une longueur d’avance sur la concurrence », écrivait-il il y a vingt-cinq ans. Ce que cela a apporté aux joueurs et aux joueuses du monde entier (avec les cartes du constructeur dans un premier temps, puis avec AMD), ce sont des textures plus précises, un éclairage dynamique plus fluide et des images par seconde plus nombreuses.
Sans cette révolution, pas non plus d’e-sport ou de jeu vidéo sur Twitch/YouTube (ou presque pas). Pas de bitcoins ou alors pas de minage aussi rapide (mais cela aurait aussi évité peut-être les ruptures de stock que l’on a connu il y a quelques années). Il n’y aurait peut-être pas eu d’usages aussi poussés de l’intelligence artificielle, notamment l’IA générative.
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