Le premier vol commercial d’Ariane 6 ne viendra donc pas conclure l’année 2024. Prévue pour décembre aux dernières nouvelles, la mission VA-263 a été décalée de quelques mois, ont signalé ArianeGroup et Arianespace ces jours-ci. Déjà reportée de quatre ans, la carrière opérationnelle du nouveau lanceur européen est donc encore retardée.
Le nouveau planning dévoilé le 8 novembre par ArianeGroup (qui construit la fusée) et Arianespace (qui l’exploite) table désormais sur un tir au premier trimestre 2025 — vraisemblablement à partir de la mi-février. Cependant, la date exacte n’est pas encore annoncée : elle sera rendue publique quelques semaines avant le vol.
Malgré ce report, ArianeGroup et Arianespace assurent que cette glissade n’aura pas d’incidence sur le reste du calendrier de l’année. En effet, il est question de procéder à une dizaine de lancements d’Ariane 6 en 2025, dont une bonne moitié au profit de la constellation Galileo — l’alternative de l’UE au GPS américain, déjà en place.
L’armée française attend ce vol avec impatience
Il y aura toutefois un « perdant » : l’armée française. En effet, le vol VA-263 doit servir à déployer en orbite autour de la Terre un satellite militaire dédié à l’observation optique. Il s’agit du troisième exemplaire de la gamme CSO (Composante Spatiale Optique), qui offre à la France des moyens renouvelés en matière d’imagerie spatiale.
Les forces armées, qui auraient apprécié accéder rapidement aux performances de CSO-3, devront, quelques mois encore, composer sans. Ils ont cependant la possibilité de se reposer sur CSO-1, déployé en 2018, à 800 km d’altitude, et CSO-2, opérationnel depuis 2020, qui évolue bien plus près du sol (480 km). Par ailleurs, l’ancienne génération Helios reste en partie active.
Pour l’armée, CSO-3 offre principalement la faculté d’augmenter la revisite du renseignement spatial national sur un théâtre donné, tandis que CSO-2 vise surtout à identifier plus finement la situation au sol, avec « un plus haut niveau de résolution, de qualité d’image et de précision d’analyse », détaille l’agence spatiale française (Cnes).
À l’heure où les conflits se multiplient un peu partout (invasion de l’Ukraine par la Russie, guerre du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, conflit israélo-palestinien, guerre au Liban, affrontement entre Israël et l’Iran…), un troisième engin de reconnaissance n’apparaît pas de trop pour maintenir une appréciation autonome et actualisée.
Hélas, le déploiement de CSO-3 a régulièrement été repoussé. L’engin aurait dû partir initialement en 2021, puis 2022 et enfin décembre 2024 — le site du Centre national d’études spatiales mentionnant encore cette date. Les reports successifs d’Ariane 6, liés à divers facteurs, dont la pandémie de coronavirus, ne sont pas étrangers à cette situation.
Un vol inaugural d’Ariane 6 réussi, avec des écarts
Le communiqué d’ArianeGroup et d’Arianespace est peu loquace sur ce qui a conduit à décaler le premier vol commercial d’Ariane 6 — qui a réussi cet été son vol inaugural. Si le déploiement des satellites a été un succès, il a été noté une anomalie dans la trajectoire de vol, à la fin, ainsi qu’un loupé dans le troisième rallumage du moteur Vinci.
Cette phase visait à de procéder à une rentrée atmosphérique (et, donc, une désorbitation) avec le déploiement de deux capsules dédiées. La faute à l’unité de puissance auxiliaire (APU) de l’étage supérieur, un petit moteur qui aide à corriger la trajectoire. Le communiqué du 8 novembre signale que les mesures ont été prises pour tout régler.
Ainsi, les écarts constatés « sont parfaitement compris et sont en cours de traitement. La correction du logiciel de vol nécessaire pour le ré-allumage de l’APU et la désorbitation de l’étage supérieur a été effectuée ». De façon générale, Ariane 6 a eu malgré tout un « excellent comportement » et « d’un nombre limité d’écarts par rapport aux prévisions ».
La composante spatiale optique ne constitue qu’une dimension parmi la gamme des satellites militaires. D’autres familles existent et poursuivent des objectifs différents. Assurer des télécommunications sécurisées (avec Syracuse IV), capter des signaux électromagnétiques (comme Ceres) ou bien défendre les satellites (projet Yoda).
En raison de la sensibilité stratégique de ces satellites, la France procède à un renforcement militaire autour du centre spatial guyanais quelques jours avant. Durant le vol inaugural d’Ariane 6, des avions de chasse Rafale ont ainsi été déployés, épaulés par un avion ravitailleur, en supplément des moyens terrestres et maritimes systématiquement présents.
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