L’accusation a été immédiate. Dans les heures qui ont suivi la double avarie qui a affecté deux câbles sous-marins dans la mer Baltique, le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, a parlé d’un sabotage. « Personne ne croit que ces câbles ont été coupés par accident », avait-il déclaré, après les deux coupures survenues coup sur coup.
24 heures plus tard, la piste du sabotage s’est fortement consolidée avec la détection d’un bateau chinois non loin de la zone où les dégradations ont été observées. Un navire battant pavillon chinois, signe indéniable de l’implication de Pékin dans cette affaire ? Ce n’est pas si évident : en effet, il apparaît que le capitaine de l’embarcation est… russe.
Cette particularité a circulé sur les réseaux sociaux dès le 19 novembre. « Donc, selon les registres portuaires fédéraux russes, le navire chinois soupçonné d’avoir coupé les câbles de communication dans la mer Baltique était commandé par un citoyen russe (un certain Stechentsev A.E.) », lisait-on dans ce tweet.
Le message, écrit par Erik Kannike, un responsable de programme de la société estonienne de renseignement de défense SensusQ, et joint de captures d’écran pour étayer ses propos, ajoutait « qu’il est intéressant de noter que le Yi Peng 3 [le nom du navire, NDLR] n’a été transféré à son propriété actuel en Chine qu’au début de ce mois. »
Interception du vraquier chinois par la marine militaire danoise
La même journée, il était également rapporté la mobilisation de la marine militaire danoise pour arraisonner le Yi Peng 3, notait WarMonitor3, un compte spécialisé dans les questions de défense. Trois bateaux étaient engagés dans cette traque. Une capture d’écran de Vessel Finder, suite qui indique la position du trafic maritime, était ajoutée.
Selon le média Defence24, la poursuite du Yi Peng 3 s’est terminée dans les eaux territoriales danoises, dans le détroit danois à la sortie du Grand Belt. Il a été stoppé par le patrouilleur Rota de la classe Diana, dans la soirée du 19 novembre. Ensuite, un autre navire de la marine, le HDMS Søløven (Y311), dédié au soutien à la plongée, est arrivé.
À ce stade, le nombre de personnes à bord de l’embarcation chinoise n’est pas clair, pas plus que leur nationalité — hormis le capitaine, il est rapporté que le Yi Peng 3 est parti du port russe d’Oust-Louga, qui se trouve à un peu plus de 100 km de Saint-Pétersbourg, et à une trentaine de km de la frontière avec l’Estonie.
Au Monde, Elisabeth Braw, spécialiste des menaces hybrides à l’Atlantic Council et experte des questions maritimes, a fait observer qu’un accident est « extrêmement improbable » dans cette affaire. Et le fait qu’il y ait eu une deuxième avarie identique dans la même zone lui a fait dire que « cela ne ressemble plus à une coïncidence. »
Les deux câbles sous-marins qui ont été endommagés relient d’une part la Finlande et l’Allemagne et d’autre par la Suède à la Lituanie. En moyenne, il faut entre cinq et quinze jours pour les réparer. Ces liaisons sont cruciales à l’acheminement des télécommunications. Internet, d’ailleurs, repose avant tout sur un réseau de câbles sous-marins.
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