Depuis l’iPhone 12, le design du smartphone le plus connu de la planète n’a que très peu évolué. Les années se suivent et les iPhone se ressemblent, au point de faire dire aux mauvaises langues qu’Apple ne sait plus innover.
En réalité, sous les entrailles de l’iPhone, il y a tous les ans des différences. La gamme iPhone 16, malgré la timidité de ses nouveautés, est peut-être celle qui a changé le plus de choses à l’intérieur. Un des gros chantiers du millésime 2024 concerne spécifiquement la chauffe, un problème qui était devenu important avec les iPhone 14 et iPhone 15. La marque a changé l’emplacement de plusieurs composants pour que la chaleur se dissipe mieux, ce qui avait été grandement apprécié dans notre test de l’iPhone 16 Pro Max. Cette nouvelle génération teste également une batterie de métal, ainsi que plusieurs innovations pour faciliter la réparation du smartphone.
Ces changements semblent anodins, mais nécessitent en réalité de nombreuses modifications internes. Numerama a eu l’opportunité de rencontrer Richard Dinh, le vice-président en charge du design de l’iPhone et Francesca Sweet, la directrice en charge du marketing de l’iPhone. Fait rare pour Apple : la marque a accepté de nous montrer des iPhone ouverts pour détailler les changements. Les images publiées dans cet article n’ont jamais été publiées auparavant.
« Maximiser les performances thermiques » : Apple explique comment il a baissé la température
Les iPhone 16 et iPhone 16 Pro ont un point commun : ils chauffent beaucoup moins que leurs prédécesseurs. Un changement qui permet d’obtenir « des performances constantes 30 % plus élevées » selon la marque, ce qui veut dire que ces appareils sont beaucoup moins sujets à des pertes de luminosité ou de vitesse quand ils sont trop sollicités. Le changement se ressent particulièrement en main : les iPhone 16 sont moins bouillants que les iPhone 15.
Comment Apple a-t-il fait ? Étrangement, ses designers ont recouru à deux procédés différents entre les iPhone 16 et 16 Pro. Sur les smartphones standards, la marque a réaménagé certains composants internes comme le processeur du téléphone : « Avec la nouvelle position centrale de la puce A18 et de l’unité de gestion de l’alimentation, c’est un meilleur point de départ pour la dissipation de la chaleur. Elle est plus uniforme à travers le produit », explique Richard Dinh.
Sur les iPhone 16 Pro, c’est l’extérieur qui change : « Nous maximisons les performances thermiques avec un nouveau châssis extrudé et usiné avec précision, fabriqué en aluminium 100 % recyclé, soudé au laser au cadre en titane », ajoute le vice-président du design, en manipulant un iPhone dénudé pour nous montrer le graphite présent sur l’appareil. L’écart est plus faible entre le 15 Pro et le 16 Pro (20 %) qu’entre le 15 et le 16 (30 %).
Les iPhone 16 sont-ils moins chauds ? Ce n’est qu’une impression, explique Richard Dinh : « Notre objectif est que la distribution de la chaleur soit uniforme, et donc vous ne ressentiez pas un point qui sera plus chaud ». Ce qui a changé en 2024 n’est pas la température de la puce, mais la répartition de la chaleur tout autour du téléphone. Autrefois, le dos de l’appareil était particulièrement brûlant. Aujourd’hui, tout l’appareil chauffe de la même manière, ce qui atténue l’impression de tenir une bouillotte.
Pourquoi effectuer ces changements maintenant ? Officiellement, et sans surprise, Apple ne reconnaît pas de problèmes avec la gamme précédente. Francesca Sweet lie cette nouveauté à l’arrivée de l’intelligence artificielle, qui a besoin de beaucoup de puissance : « Nous exécutons des tâches à forte intensité de calcul pour faire tourner ces grands modèles génératifs » explique la directrice marketing de l’iPhone. Richard Dinh ajoute « qu’une grande partie de cela est due au nouveau design thermique ». « C’est la beauté d’Apple. Le fait que nous ayons l’équipe matérielle assise à côté de l’équipe logicielle, avec à côté les équipes en charge des processeurs. Nous concevons vraiment ce système collectivement », précise la directrice marketing.
Quid des solutions utilisées par les concurrents comme Samsung, comme le refroidissement liquide ? Richard Dinh indique qu’Apple s’y intéresse, mais qu’il a préféré faire un choix différent pour ce produit. « Quand nous trouvons une bonne solution qui s’intègre et résout les objectifs que nous avons pour un produit, nous l’adoptons ».
Une pile pour retirer la batterie : l’innovation cachée de l’iPhone 16
Lors des premiers « démontages » des nouveaux iPhone, plusieurs sites spécialisés ont fait remarquer un changement étonnant qui ne concerne qu’un seul appareil : l’iPhone 16 Pro. La batterie, habituellement noire et en plastique, est désormais recouverte de métal. Une caractéristique que ne partagent pas l’iPhone 16 Pro Max, l’iPhone 16 et l’iPhone 16 Plus, qui conservent des batteries à l’ancienne.
« La batterie de l’iPhone 16 Pro introduit un nouveau design avec des cellules enfermées dans du métal. Cette conception nous offre plus de précision, ce qui signifie que nous pouvons emballer encore plus de matériel actif dans la batterie. Elle augmente la densité énergétique » explique Richard Dinh. Le designer met notamment en avant un « nouveau système de gestion de l’alimentation » qui permet, quand l’appareil est sur secteur, « de prédire intelligemment si vous avez besoin de prioriser la charge » ou les performances locales.
Pourquoi la réserver à l’iPhone 16 Pro ? Il y a deux hypothèses :
- Il s’agit d’une question de possibilités à l’instant T, avec sans doute un iPhone 17 Pro Max qui en héritera en 2025.
- L’arrivée du zoom x5 sur le petit iPhone 16 Pro a contraint Apple à réaménager l’espace : « L’iPhone 16 Pro avec le nouveau zoom 5x plus grand, nous avons dû pousser la batterie pour y arriver », reconnaît le designer.
Autre nouveauté de cette nouvelle génération : la batterie n’est plus collée.
Quand on retire le dos l’appareil, il reste impossible d’enlever la batterie avec ses doigts. Mais la grande nouveauté de 2024 est la possibilité de la détacher avec une simple pile : « L’iPhone 16 dispose d’un tout nouveau processus pour retirer la batterie du boîtier en appliquant simplement une tension d’une pile domestique de 9 volts sur notre nouvel adhésif » nous explique Richard Dihn.
Comment ça marche ? « Il y a un liquide ionique spécial qui agit pour libérer la batterie du boîtier ». Un réparateur, avec une pile et deux fils, peut donc retirer une batterie en quelques secondes. Il suffit de « court-circuiter » la batterie avec une pile domestique pour qu’elle arrête de coller. Une opération techniquement possible à la maison, même si l’iPhone reste conçu pour des réparations par des professionnels.
L’art de changer des petites choses
Contrairement aux idées reçues, il y a donc bien des changements d’une année à l’autre, puisqu’il nécessite de revoir intégralement le processus de fabrication d’un iPhone. « Nous pouvons avoir une opinion différente sur ce que nous pensons être le plus important pour un client, et c’est généralement ce sur quoi nous débattons » analyse Francesca Sweet, lorsqu’on l’interroge sur ce qui amène Apple à faire un changement ou à ne pas en faire.
Avec les iPhone 16, il y a les changements que les gens voient et ceux qu’ils ne voient pas. Richard Dinh donne l’exemple du repositionnement vertical du module caméra, qui est officiellement dû à la prise de photos spatiales.
« En repositionnant la caméra ultra grand-angle dans un agencement qui imite la vision binoculaire humaine, nous améliorons l’efficacité énergétique pour toute expérience de caméra qui utilise des données de profondeur ou des champs spatiaux », explique le designer. L’iPhone capte plus facilement des informations de profondeur et consomme donc moins d’énergie pour mesurer une distance. La réduction des bordures de l’écran s’explique aussi par une nouvelle technologie, avec des circuits électriques cachés, directement intégrés à l’écran. L’écart n’est que de quelques millimètres, mais le procédé industriel est très différents.
« Ces petits détails », comme Francesca Sweet les appelle, expliquent pourquoi Apple peut donner l’impression d’avancer lentement, quand il fait en réalité de grands progrès d’une année à l’autre. Aucune marque n’accorde autant d’importance au design interne, même si la quasi-totalité des utilisateurs ne le verront jamais.
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