L’intelligence artificielle n’est pas toujours synonyme de progrès. Dans un rapport publié le 21 novembre par un département du Pentagone, chargé de tester les systèmes d’armement américains, le développement de programmes d’IA pour le dernier avion de chasse américain, le F-35, est devenu un casse-tête pour les mécaniciens comme les pilotes.
Présenté comme une avancée technologique révolutionnaire, le programme nommé ALIS ((Autonomic Logistics Information System) devait simplifier l’entretien des avions, réduire les coûts et garantir leur disponibilité. Grâce aux nombreux capteurs intégrés aux F-35, ce système était censé transformer les données collectées en instructions claires pour les équipes de maintenance.
Or, il s’est avéré que ce système qui repose sur un serveur « de la taille d’un conteneur maritime » pour fonctionner, a fini par transformer les vols en véritable calvaire. Les pilotes critiquent vivement ALIS pour son manque de fiabilité et ses dysfonctionnements chroniques, qui compliquent les opérations sur le terrain.
Ils reprochent notamment au système de produire des alertes inutiles, signalant des problèmes inexistants, ce qui peut retarder la disponibilité des avions pour des missions critiques. De plus, ces fausses alarmes s’ajoutent à des données souvent mal présentées ou incohérentes, rendant le système plus frustrant qu’utile. Certains pilotes estiment que cette surcharge d’informations erronées détourne leur attention des véritables priorités opérationnelles et entrave leur confiance dans les technologies censées leur faciliter le travail.
Une intelligence artificielle pour en remplacer une autre
Les nombreuses incohérences produites par ALIS, ont poussé les mécaniciens à développer leurs propres méthodes pour contourner le programme, n’ayant plus confiance en cet outil censé simplifier leur mission.
« ALIS avait une mauvaise ergonomie, nécessitait beaucoup de temps pour exécuter des tâches, subissait des interruptions fréquentes, ne fournissait pas toutes les informations et fonctionnalités souhaitées par les équipes de maintenance et ne présentait pas des données cohérentes » peut-on lire dans le rapport.
Pour tenter de corriger le tir, Lockheed Martin s’est lancé dans un vaste plan de remplacement de ce programme par un nouveau système baptisé ODIN (Operational Data Integrated Network). Pour l’instant, cette transition s’annonce laborieuse : ODIN commencera par migrer les infrastructures actuelles vers le cloud sans garantir une amélioration significative à court terme. Par ailleurs, ce nouveau système n’a pas encore été testé en conditions réelles, laissant planer des doutes sur sa capacité à résoudre les problèmes structurels hérités d’ALIS.
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