Google a déployé une fonctionnalité sur son application iOS : elle permet d’inclure de force des liens dans les articles de sites web, à l’insu des éditeurs. Des liens qui pointent vers les résultats de Google. À l’heure où Google fait face à une offensive antitrust, cette idée ne va certainement l’aider.

C’est une fonctionnalité qui pourrait bien se transformer en nid à problèmes pour Google. Il y a quelques jours, l’entreprise américaine a déployé dans son application dédiée sur iOS un service qui est susceptible d’ajouter des liens dans le texte apparaissant à l’écran. Des liens qui pointent vers des résultats de recherche… made in Google.

Le site Search Engine Roundtable a été l’un des premiers à repérer cette option appelée « Page Annotation », le 21 novembre dernier. Depuis, elle a gagné en visibilité, à l’image de la reprise par The Verge le 25 novembre. De son côté, Google en a parlé le 19 à l’occasion d’une annonce passée dans ses pages d’aide dédiées à la recherche.

Source : Google

En l’espèce, « nous extrayons désormais des informations intéressantes des entités du Knowledge Graph de Google et les mettons en surbrillance », fait savoir la firme de Mountain View. Fonction ancienne, le Knowledge Graph transforme Google en un moteur de réponse, en affichant directement des informations à côté des résultats.

Ici, « lorsque l’usager clique sur le passage mis en évidence, la barre d’état de l’application s’ouvre, ce qui lui permet d’obtenir facilement plus d’informations », précise Google. En l’espèce, cela prend la forme d’un encart qui recouvre la page actuellement affichée. Il peut ensuite être chassé à tout moment et poursuivre la lecture sur le site.

Une fonctionnalité imposée de base

Autre particularité, et non des moindres : Google précise que cet affichage est activé par défaut. Autrement dit, le système s’impose, sauf si l’éditeur du site web fait la démarche pour désactiver via un formulaire dédié. Dans les faits, on peut anticiper qu’une majorité des sites passera complètement à côté de cette possibilité de sortie.

Selon The Verge, le paramètre s’applique qu’importe la manière dont le site se propage sur le web : en HTTP (non sécurisé) ou HTTPS (sécurisé), que la mention www apparaisse ou pas, que le site embarque des sous-domaines ou non. En revanche, il n’est pas fait actuellement mention de la déclinaison pour Android de l’application.

De fait, cette option se veut commode pour l’internaute, en lui donnant très vite des informations additionnelles sans avoir besoin à changer de page ou de naviguer de site en site pour en savoir plus. Mais c’est aussi un souci pour les sites web, qui peuvent se voir privés d’un trafic qui serait sinon venu à eux — à commencer par Wikipédia.

Google va changer sa façon de faire de recherches // Source : Oneshoot / Nounproject
Google affiche parfois les informations directement sur ses pages. // Source : Oneshoot / Nounproject

Une chose est sûre : Google joue avec le feu et prend le risque de se voir encore trainé devant les tribunaux. L’entreprise américaine est numéro un sur le la recherche, la publicité, les OS mobiles, les navigateurs, les services et dans bien d’autres domaines. À tel point que le groupe se retrouve sur la sellette aujourd’hui, en particulier aux USA.

Au mois d’août, un juge américain a reconnu Google coupable de pratiques anticoncurrentielles qui visent à favoriser son propre écosystème. La firme est considérée en position de monopole, à tel point qu’il y a un risque que la justice américaine procède à un démantèlement partiel, en lui retirant un ou deux produits clés : par exemple Android ou Chrome.

Il n’y a pas qu’outre-Atlantique que Google a des problèmes. De ce côté-ci de l’océan, la Commission européenne est très à l’offensive contre le géant californien, avec quelques succès devant les tribunaux. Même chose ailleurs dans le monde Il n’est pas du tout certain, à l’heure où Google est heurté par une vague antitrust, que cette initiative l’aide à plaider sa cause.

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