L’affaire des câbles sous-marins sectionnés en mer Baltique continue d’occuper les enquêteurs des pays limitrophes. Il apparaît improbable que cette dégradation ait une origine accidentelle. La piste d’une ancre jetée volontairement en mer, pour racler les fonds marins et abîmer les deux câbles, est jugée plus plausible. Mais au profit de qui ?

Le mystère de la rupture de deux câbles sous-marins en mer Baltique à la mi-novembre 2024 n’est pas encore résolu, mais les investigations s’orientent sur une piste précise : celle d’une ancre volontairement laissée au fond de l’eau, lors de la circulation du navire suspect, le vraquier chinois Yi Peng 3, pour qu’elle arrache tout sur des dizaines de kilomètres.

C’est le Wall Street Journal qui mentionne cette hypothèse le 27 novembre 2024, selon des éléments obtenus auprès des autorités locales ainsi que des agences de renseignement occidentales. Si la supposition d’une ancre raclant le plancher de la mer Baltique est juste, la question sera de déterminer s’il s’agit d’un acte délibéré ou d’un malheureux accident.

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Un câble au fond des mers (image d’illustration). // Source : Norimoto

Cette deuxième éventualité n’apparait pas la plus crédible, selon l’une des sources du WSJ. « Il est extrêmement improbable que le capitaine n’ait pas remarqué que son navire avait jeté et traîné son ancre, perdant de la vitesse pendant des heures et coupant des câbles en chemin », a-t-il témoigné dans les colonnes du journal.

Dans ce cas, on parle d’une ancre qui aurait trainé sur près de 160 km, entre le 17 et 18 novembre. Une distance qui paraît bien trop importante pour coller avec l’idée d’un oubli. La probabilité d’une erreur demeure possible, mais, de l’avis de spécialistes du transport maritime, elle est minime — il y aurait sinon beaucoup plus d’incidents de ce type.

L’hypothèse d’un acte de guerre hybride

S’il s’agit d’une opération volontaire, il reste à déterminer pour quelle raison elle a été menée. La piste d’une opération commanditée par Beijing n’est pas jugée plausible. En revanche, l’implication des services secrets russes est plus vraisemblable, en raison de la situation géopolitique qui a renvoyé les relations entre l’Occident et la Russie à l’ère glaciaire.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, Moscou mène une guerre hybride contre l’Occident, qui prend de multiples formes : désinformation, attaque informatique, propagande, et ainsi de suite. Il y a par exemple eu, lors des JO de Paris de 2024, l’affaire des cercueils de « soldats français en Ukraine » déposés au pied de la tour Eiffel.

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En Occident, les suspicions sont fortes d’une implication de la Russie dans cette histoire. // Source : Mariano Mantel

Il a aussi été mentionné des actes de sabotage à l’explosif attribués à la Russie, au Royaume-Uni, en Pologne, en Lituanie, ou bien en Allemagne. Il a aussi été signalé un projet d’assassinat sur Armin Papperger, le PDG du géant allemand de l’armement Rheinmetall, qui fournit du matériel militaire à l’Ukraine.

Si Moscou dément systématiquement toute implication de sa part, force est de constater que les affaires relatent désormais des modes opératoires qui se durcissent avec des actions physiques. Dans ce contexte, le sabotage de câbles sous-marins nécessaires à l’acheminement du trafic Internet serait une suite logique pour mener cette guerre hybride.

Actuellement, un navire câblier est sur zone en mer Baltique pour réparer les câbles endommagés. Dans la mesure où la région est bien raccordée à Internet, le double incident n’a pas eu d’effet catastrophique sur le degré de connectivité des pays concernés — Finlande, Allemagne, Lituanie et Suède. Il y a eu plus de latence, mais c’est à peu près tout.

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