Sur Numerama comme sur le reste de la presse tech, on parle toujours des Apple Watch, des Galaxy Watch de Samsung, voire des montres connectées faites pour les sportifs, comme les modèles de Garmin. Mais on ne parle jamais des montres connectées « pas chères » à moins de 80 euros, celles qui sont très vendues sur Amazon. C’est comme les smartphones : il se vend beaucoup de téléphones sur Amazon à 100 euros.
Pour une fois, essayons d’en mettre une au poignet, pour voir ce que ça donne, des modèles aussi peu abordables. L’heureuse élue : la Jugeman P99. Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal, elle n’est vendue que sur Amazon et le constructeur est inconnu. Pourtant, ces montres, on peut les trouver siglées d’une autre marque : il s’agit de produits en « marque blanche ». Fabriquées dans une usine, plusieurs marques peuvent apposer leur logo dessus pour les vendre ensuite. Autant dire qu’on aurait pu prendre n’importe quel autre modèle.
Un design façon Apple Watch, mais dix fois moins cher
Ce qui se remarque d’office, ce sont les bordures de l’écran. Elles sont assez épaisses, surtout lorsqu’on connaît les Apple Watch, dont s’inspire cette Jugeman P99. Elles se voient, bien que les menus soient sur fond noir pour se confondre avec ces bordures. Reconnaissons qu’en quelques années, le marché des montres connectées pas chères s’est amélioré sur ce point. Finies les bordures presque aussi épaisses que l’écran en lui-même.
Néanmoins, il y a quand même un effet « menton », comme on peut avoir sur des smartphones : la bordure inférieure est plus épaisse que les autres. Ce qui offre toutefois une dalle de 1,96 pouce, dont la résolution est logiquement toute petite. Toutes les informations sont lisibles : le seul problème, c’est que parfois tout ne s’affiche pas complètement, ou alors il faut faire défiler le texte.
Le plus gros souci dans le design, c’est la matière plastique du bracelet. Le silicone est vraiment mauvais, je peine toujours à mettre et à enlever la montre. Tout glisse mal et les deux attaches ne sont pas là pour aider. C’est terrible quand on sait que n’importe quelle montre Décathlon de base fait bien mieux. On galère à la régler et au final, la porter et loin d’être confortable.
Sur le côté droit, on a droit à une couronne, qui fait office de bouton de retour en arrière. On peut la tourner, mais ça ne déclenche rien du tout : c’est juste un bouton et pas une couronne rotative. Encore aujourd’hui, très peu de montres connectées « abordables » en proposent. Au moins, l’appareil est certifié IP68, ce qui signifie qu’on peut aller dans l’eau et le sable sans trop craindre de l’abîmer (nous ne l’avons toutefois mis à l’épreuve dans ces domaines).
Il y a toutes les fonctionnalités (ou presque) des montres connectées haut de gamme
À y regarder de près, on se demande bien ce qu’il manque comme fonctionnalités à cette montre connectée. Tout y est : suivi de l’activité sportive, de la fréquence cardiaque, notifications du téléphone, suivi du sommeil, tout plein de petites applications et même suivi de l’oxygénation du sang (SpO2). Ce qui change par rapport à des modèles, c’est surtout leur intégration, la façon dont les menus sont disposés.
Il y a quand même plein de choses étranges à noter, qui démontrent un faible niveau de finition dans ces fonctionnalités. Par exemple, le contrôle de la musique : si tout fonctionne (lecture/pause, changement de piste, modification du volume), il y a une latence un peu trop longue, presque frustrante. Une fonctionnalité qu’on ne trouve pas sur toutes les montres connectées pas chères : la possibilité de passer des appels. Elle fonctionne bien et le microphone propose même une bonne qualité.
Du côté des notifications, si la plupart des applications peuvent en envoyer vers la montre, ce n’est pas le cas de toutes. Ce qui est pour le coup un réel inconvénient : si on utilise une application particulière, ça peut gêner.
Une application horrible, une interface un peu nulle
Petit mot sur la notice d’utilisation : si elle est traduite en français, la syntaxe laisse à désirer. Certains termes sont traduits de manière assez maladroite : au moins, tout est compréhensible.
Pour connecter la montre à son smartphone, il faut utiliser l’application GloryFit, qu’on trouve sur le Play Store et sur l’App Store. Bonne nouvelle : l’application est en français. Mauvaise nouvelle : la traduction est horrible. Fautes d’accord, de syntaxe ou simplement des mots mal choisis : on s’y perd parfois dans les menus, ne sachant pas trop sur quoi on clique.
On a peur de cliquer sur tel ou tel menu, en voulant éviter d’activer un paramètre indésirable. L’application paraît avoir été développée à la va-vite, avec très peu de stylisation et beaucoup d’erreurs (du texte qui dépasse par exemple).
Quant à l’interface de la montre, on peut évidemment changer le cadran (à télécharger depuis l’application). Il y a même un cadran personnalisable pour modifier la couleur de l’horloge et placer une image en arrière-plan. Mis à part ça, une sélection de cadrans (très nombreuses) autour de plusieurs styles et thématiques. Le gros problème ici, c’est qu’il n’y a aucun tri : on perd juste du temps à chercher le cadran qui nous plaît le plus (ou celui qui nous dégoûte le moins, ça dépend du point de vue).
Le principal problème avec cette application, c’est la synchronisation des données de santé. Si la fréquence cardiaque et le nombre de pas sont bien synchronisés, ce n’est pas le cas du sommeil ou de l’historique des entraînements. Pour le sommeil, on peut consulter le bilan de la veille directement sur la montre. Mais pour le dernier entraînement, impossible d’en retrouver la trace sur la montre.
Des mesures de santé et de sport peu fiables
Pour avoir un aperçu de la fiabilité de cette Jugeman P99, nous avons fait du sport avec, en portant à l’autre poignet une Huawei Watch GT 5 Pro, montre connectée dix fois plus chère et qui propose des mesures fiables.
Ce qu’il en ressort, c’est que la fréquence cardiaque est mal mesurée par le modèle pas cher. Au repos, cela peut aller, mais dès qu’on monte dans les battements par minute, la Jugeman P99 ne suit pas, même après quelques minutes. Là où la montre Huawei calculait un BPM à plus de 160, sa « concurrente » ne montait pas au-delà de 110.
Quant au suivi du sommeil, nous avons constaté de fortes différences : la montre détecte bien plus de sommeil profond et de sommeil léger que de sommeil paradoxal et de moments d’éveil. En fait, elle n’a détecté que 4 minutes de sommeil paradoxal et 4 minutes d’éveil sur une nuit entière. Là où le modèle de Huawei a détecté 1h40 de sommeil paradoxal. Reconnaissons néanmoins que l’oxygénation dans le sang est fiable.
Faut-il acheter des montres connectées à 30 euros ?
La question qui reste en suspens avec notre test, c’est la fiabilité de ces appareils pas chers. Quid des mises à jour du système ? Elles sont sûrement inexistantes. Quid de la batterie ? Très probablement qu’elle est de moins bonne facture que celle de montres plus chères. Même chose pour la solidité de l’écran : les montres connectées à plus de 300 euros peuvent avoir des verres de protection solides, qui peuvent encaisser les chocs et éviter les rayures.
Dépenser « seulement » 30 euros dans une montre connectée n’est pas une mauvaise idée en soi. Pour ce prix, on a droit à beaucoup de fonctionnalités, toutes celles d’un modèle haut de gamme quasiment. Ce qui pêche pour le prix, ce sont surtout les finitions : le manque de fiabilité des capteurs tout d’abord. Nos essais montrent qu’il y a une réelle différence avec des modèles fiables. Ce qui pêche aussi, c’est l’application mobile. Pas du tout pratique, mal traduite, et avec des menus qui manquent : on n’a simplement pas envie de l’utiliser.
Notre conseil, c’est qu’il vaut mieux vous orienter vers des modèles de marques en tête de gondole. Huawei, Xiaomi, voire Amazfit. À 30 euros, ce sera compliqué de trouver une montre, mais aux alentours de 50 euros, plusieurs modèles sont disponibles, notamment s’ils sont en promotion et qu’ils ont déjà un ou deux ans. C’est la garantie d’avoir une application soignée (les constructeurs ont généralement une application pour toutes leurs montres, des moins chères aux plus onéreuses).
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