La proximité, évidemment, est troublante. Deux semaines après l’affaire des deux câbles sous-marins esquintés en mer Baltique, un nouvel incident vient d’être signalé par la presse scandinave. Helsingin Sanomat, le plus grand quotidien finlandais, a fait état dans son édition du 3 décembre 2024 d’une avarie sur un réseau de fibre optique.
Selon les informations qui remontent des médias locaux, deux brèches ont été détectées dans les infrastructures de l’entreprise Global Connect. Son réseau traverse une bonne partie de l’Europe du Nord — notamment la Finlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne et les Pays-Bas. Une partie du réseau passe sous les océans.
Les deux soucis ont été repérés sur des liaisons connectant la Suède et la Finlande, manifestement sur deux câbles différents — en tout, trois fibres optiques connectent les deux pays par la mer. Cependant, à la différence des incidents survenus à la mi-novembre, les dégradations ont été faites sur des segments se trouvant sur la terre ferme.
La piste d’un acte criminel apparaît toutefois improbable, en tout cas dans un des deux cas. En effet, celui-ci a été causé lors de travaux de construction normaux et la personne qui a causé le dommage l’a signalé de sa propre initiative, indiquent nos confrères. En outre, les réparations ont été faites dans la matinée du 3 décembre.
Ces accidents de chantier ne sont pas si rares, y compris en France. Le « coup de la pelleteuse » est d’ailleurs une affaire qui apparaît régulièrement dans les faits divers de la presse quotidienne régionale, comme L’Écho de la Presqu’île guérandaise et de Saint-Nazaire, Sud-Ouest ou bien Ouest-France, sans que cela soit un sabotage.
Ces dégradations peuvent entraîner une rupture locale dans l’accès à Internet. Dans le cas finlandais, on parle de 6 000 foyers et une centaine de clients professionnels affectés, avec des pertes de connectivité plus ou moins longues et à divers moments de la journée. D’autres prestataires ont signalé l’absence d’impact sur leurs services.
L’hypothèse incertaine d’un sabotage
Des enquêtes sont toutefois en cours en Finlande pour éclaircir l’origine de ces deux problèmes. Si la police finlandaise ne soupçonne pas aujourd’hui un acte délibéré, le ministre suédois de la protection civile, Carl-Oskar Bohlin, a souligné que les circonstances récentes avec l’affaire de la Baltique nourrissent les suspicions d’une action intentionnelle.
« L’information sur le sabotage présumé communiquée ce matin provient des autorités policières suédoises et les soupçons sont fondés sur les circonstances connues à ce moment-là. Plusieurs autorités finlandaises, y compris la police finlandaise, enquêtent sur les ruptures de câbles. La police finlandaise a annoncé qu’il n’y avait pas d’enquête criminelle », a-t-il déclaré.
De son côté, Lulu Ranne, ministre finlandaise des communications, s’est montrée plus prudente. « Nous prenons toujours les défauts de câblage au sérieux, mais avec calme. Les autorités enquêteront et informeront conformément à leurs responsabilités », a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter).
La Russie est accusée de mener une guerre hybride contre l’Occident, en raison de son soutien à l’Ukraine. La Finlande et la Suède aident Kiev aussi bien financièrement que militairement, avec des livraisons d’armes. En outre, Helsinki et Stockholm ont rejoint l’OTAN, déclenchant l’ire de Moscou. Un ralliement dont le Kremlin est le seul responsable, puisqu’il est la conséquence directe de la guerre initiée par la Russie.
La prudence avec laquelle les autorités évoquent les soucis de connexion sur les câbles reliant la Suède et la Finlande illustre la sensibilité d’un sujet dans lequel la paranoïa n’est jamais loin. Des incidents peuvent avoir des causes tout à fait banales, sans impliquer de puissances étrangères. Mais cela ne veut pas dire que cela n’arrive jamais.
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