En réaction au séisme qui s’est produit à Haïti en 2010, qui a fait plus de 300 000 morts, autant de blessés et 1,2 millions sans-abris, Google avait imaginé en urgence la création de son service Google Person Finder, pour faciliter la communication de nouvelles aux proches de victimes potentielles. Utilisé par la suite après de multiples catastrophes naturelles, notamment au Japon en 2011, le service avait inspiré Facebook pour créer en 2014 son Safety Check, redoutablement plus efficace — au point que plus personne aujourd’hui ne parle de Google Person Finder.
Hélas, le service de Facebook est aujourd’hui bien plus connu pour son utilité lors d’attentats faisant de nombreuses victimes, que pour les catastrophes naturelles pour lesquelles il avait été pensé en premier lieu. Or son utilité est devenue d’une telle banalité que la firme de Mark Zuckerberg a décidé de ne plus le gérer uniquement à la main. Facebook ne veut plus avoir à choisir lui-même, et souvent avec quelques heures de retard, les événements qui justifient le déploiement du Safety Check, et ceux qui permettent de s’en dispenser.
Discrètement, Facebook teste depuis deux mois une fonctionnalité qui fait automatiquement apparaître un Safety Check plus limité, lorsque ses algorithmes détectent une situation qui l’imposent.
Le système fonctionne en détectant par une IA le caractère particulier de messages que postent les internautes dans une zone donnée, et à consulter automatiquement une base de données mise à jour en temps réel par un partenaire tiers, qui référence et géolocalise les événements touchant à la sécurité, au moins aux États-Unis. S’il y a corrélation entre les deux, un Safety Check est alors « généré par la communauté », en utilisant un descriptif générique comme « crime violent » pour justifier son déclenchement.
L’algorithme d’abord, le contrôle manuel ensuite
Mais avant que Facebook ne vérifie manuellement que l’incident justifie d’alerter l’ensemble des internautes qui se situent dans la zone géographique, le système se contente de demander à ceux qui parlent du sujet de confirmer qu’ils sont bien en sécurité. Il leur propose alors demander à leurs propres contacts s’ils le sont aussi. C’est uniquement après confirmation manuelle par Facebook que l’ensemble des internautes situés près du danger sont invités à rassurer leurs proches.
Selon les informations données par Facebook au Chicago Magazine, ce Safety Check « généré par la communauté » est apparu trois fois depuis deux semaines. Une fois en Alberta au Canada, une fois à Bastrop, dans le Texas, et une fois à Dallas. Il est aussi apparu une quatrième fois, à Chicago, après une fusillade qui a fait trois morts (deux blessés par balle et une jeune fille de 16 mois morte d’une crise d’asthme provoquée par la panique).
Il est possible aussi que ce Safety Check communautaire existe également en Europe, ce qui expliquerait pourquoi l’outil semble apparaître plus rapidement lors des derniers attentats, en France et en Allemagne.
« Nous continuons de travailler pour trouver la meilleure manière de faire que Safety Check soit utile pour la plupart des gens. Nous continuerons à tester et améliorer la possibilité pour les gens au sein de la communauté d’activer Safety Check », explique une porte-parole de Facebook.
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