Si rien ne se passe, TikTok sera interdit le 19 janvier 2025 aux États-Unis, ce qui pourrait entraîner le début de sa chute. ByteDance, son propriétaire, refuse catégoriquement de vendre le réseau social, malgré les demandes américaines.
En attendant cette date fatidique, l’entreprise tente le tout pour le tout pour se sauver. Après un recours devant la Cour suprême et diner avec Donald Trump, TikTok a mis en ligne son algorithme de recommandation de vidéos sur GitHub.
Monolith : l’algorithme de recommandation de TikTok
Monolith, c’est le petit nom de l’algorithme de recommandation de TikTok, qui peut fonctionner en temps réel. Disponible au téléchargement, il permet même d’être modifié et testé par qui le souhaite.
Comme l’a fait remarquer le chercheur en intelligence artificielle François Chollet sur X, Monolith utilise Keras, une bibliothèque open source qui permet d’interagir avec des réseaux neuronaux et d’apprentissage automatique. On apprend aussi que TikTok utilise TensorFlow, qui justement est l’outil d’apprentissage automatique utilisé par l’application. Un outil qui a été développé et publié en open source par… Google.
En dévoilant Monolith, ByteDance révèle donc qu’il utilise des technologies américaines, afin de prouver aux autorités qu’il n’est pas un produit contrôlé par la Chine.
Cependant, Monolith n’est pas qu’un TensorFlow un peu modifié. C’est ce qu’explique un article de recherche publié par ByteDance en 2022 : TensorFlow ne fonctionne qu’avec des paramètres statiques. Mais TikTok a besoin de constamment revoir les paramètres de recommandation, en temps réel. C’est ce que permet de faire Monolith.
Il est difficile de tout comprendre des fichiers publiés sur GitHub, mais ce que l’on comprend assez facilement, c’est que l’algorithme est très agile. Il est capable d’analyser les interactions des utilisateurs avec les vidéos pour adapter ses suggestions afin de comprendre les intérêts des utilisateurs. L’algorithme se repose aussi sur le temps de visionnage d’une vidéo : plus une vidéo est visionnée longtemps, plus elle est mise en avant. Il ne prend que quelques minutes à s’adapter. Surtout, la manière dont il stocke les informations sur les utilisateurs est conçue pour éviter qu’ils soient confondus. L’idée, c’est que l’algorithme soit personnalisé pour chaque utilisateur.
Cette agilité lui permet aussi d’intégrer rapidement les nouvelles tendances et les contenus populaires, afin d’inciter les gens à rester dans l’application.
Ces pratiques sont assez classiques et ressemblent à ce qu’on trouve sur les autres réseaux sociaux. TikTok a juste trouvé la formule magique pour pouvoir s’adapter à n’importe quel utilisateur, en quelques minutes, presque en temps réel.
Bien sûr, avec cet algorithme rendu public, ByteDance est très loin de dévoiler tous ses secrets. Ce n’est pas la seule brique de TikTok en termes de recommandation. Par ailleurs, la dernière modification répertoriée sur GitHub remonte à novembre 2023 : entre temps, le réseau social a eu le temps de faire des changements. Il est logique que le code actuellement utilisé ne soit pas publié.
Pourquoi TikTok se montre transparent ?
En mars 2023, les États-Unis ont mis en place le « RESTRICT Act », qui permet de sanctionner des entreprises étrangères, surtout si elles sont issues de pays ennemis.
En 2024, le Congrès et le Sénat ont voté l’interdiction de TikTok. Joe Biden a signé une loi pour contraindre ByteDance à vendre TikTok à une entreprise américaine, d’ici le 19 janvier 2025. À un mois de l’échéance, ByteDance s’y refuse toujours. Si l’éditeur continue, son application sera supprimée des magasins d’applications et inaccessible depuis les États-Unis.
Le 20 janvier prochain, c’est aussi l’investiture de Donald Trump. TikTok mise sur son amitié naissante avec le milliardaire se sauver.
En effet, lorsqu’il était candidat, il déclarait soutenir TikTok pour éviter que Meta ait un monopole sur les réseaux sociaux. Dans le même temps, ByteDance a déposé ce 16 décembre un recours d’urgence auprès de la Cour suprême au nom du premier amendement portant sur la liberté d’expression. Un recours qui n’a que peu de probabilités d’aboutir. Montrer patte blanche en publiant son algorithme de recommandation, c’est aussi pour ByteDance une manière de prouver aux autorités américaines qu’il ne tente pas juste de gagner du temps.
Des problèmes également dans l’Union européenne
En Europe, TikTok a mauvaise réputation, avec plusieurs enquêtes ouvertes. La plus importante, c’est celle de la Commission européenne dans le cadre du Digital Services Act (DSA). En octobre, l’autorité a demandé à YouTube, Snapchat et TikTok des explications sur le fonctionnement de leur algorithme de recommandation. Même si TikTok avait déjà modifié son algorithme à cause du DSA.
Le 17 décembre, la Commission européenne a ouvert une enquête sur l’affaire de la manipulation des élections en Roumanie. Dans la foulée, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire Jean-Noël Barrot confirmait avoir des éléments montrant que la Russie tente de manipuler des influenceurs dans des pays européens, dont la France.
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