François Bayrou l’avait dit en arrivant à Mayotte ce lundi 30 décembre 2024 : sa visite sur place, plus de deux semaines après le passage du cyclone Chido, vient avec la promesse « d’apporter des solutions réelles, concrètes ». Du côté des télécommunications, cela se traduit par le recours au réseau américain de satellites Starlink, qui est opéré par Elon Musk.
Le Premier ministre l’a annoncé lors d’un point d’étape à Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte. Reconnaissant des « difficultés » dans le rétablissement des télécommunications, avec des infrastructures au sol lourdement dégradées, François Bayrou a annoncé le déploiement de « 200 [terminaux] Starlink ».
Ces équipements d’origine américaine, conçus par SpaceX, seront dispatchés sur l’île « pour assurer les communications en urgence », a précisé François Bayrou. Une décision qui permettra à Mayotte de retrouver un certain niveau de connectivité, mais qui survient tardivement : voilà plus de quinze jours que la tempête est passée. Généralement, Starlink est utilisé dans les premières heures suivant une catastrophe naturelle.
Une connectivité à Mayotte par encore tout à fait rétablie
Ce recours à une solution étrangère pour reconnecter Mayotte témoigne de la difficulté de la métropole et des opérateurs à répondre pleinement au défi du relèvement de l’île. Même l’opérateur historique, Orange, présent sur place, n’a pour l’instant pu rétablir la connectivité « que » pour 75 % de la population mahoraise, en date du 30 décembre.
Les autres opérateurs sur place, notamment SRR (Société réunionnaise du radiotéléphone), une filiale d’Altice France, également maison mère de SFR, et Telco OI, détenu par Xavier Niel, sont également à pied d’œuvre pour établir les réseaux. Des opérateurs ont aussi annoncé la gratuité des télécommunications pour les prochaines semaines.
Des efforts nécessaires, mais qui sont manifestement insuffisants et trop lents. Paris a donc dû se résoudre à recourir des solutions « sur étagère », mais étrangères. Ce faisant, le gouvernement montre au passage les faiblesses de la souveraineté hexagonale et européenne pour fournir un appui aux régions ultrapériphériques de l’UE.
L’affaire montre également tout l’intérêt d’une flotte de satellites dédiés à la connexion Internet pour apporter une redondance et une connectivité de remplacement lorsque toutes les infrastructures au sol sont endommagées. La bonne nouvelle, c’est que l’Europe aura bientôt son propre Starlink. Ce réseau comptera 300 satellites et sera prêt en 2030.
Starlink a été mobilisé à plusieurs reprises pour fournir une solution d’accès à Internet dans des zones dévastées par des catastrophes naturelles. Le service a, par exemple, été mobilisé après le passage des ouragans Helene et Milton en 2024. Dans un autre registre, Starlink a aussi servi à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie… ainsi qu’aux Russes.
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