C’était la toute première annonce de ChatGPT à l’occasion de son « calendrier de l’Avent de l’IA », et elle avait frappé les esprits. Le patron de l’entreprise américaine, Sam Altman, dévoilait un nouvel abonnement pour les internautes les plus exigeants : ChatGPT Pro, avec un modèle de langage dédié. Prix de l’offre ? 200 dollars par mois.
La sortie d’une formule à un prix très éloigné de la grille tarifaire courante de la société (ChatGPT Plus est dix fois moins coûteux, à 20 dollars par mois) avait immédiatement suscité bien des commentaires : trop cher, tarification hors sol, dépense injustifiée au regard de l’écart entre les modèles o1 (à 20 dollars) et o1 Pro Mode (à 200 dollars)…
Générations sans limite sur le volume
Un mois plus tard, pourtant, la formule existe toujours. Cependant, elle vient de faire l’objet d’un commentaire inattendu de la part de Sam Altman. Selon lui, OpenAI « perd actuellement de l’argent sur les abonnements » avec cette nouvelle option, ce qui est une « chose insensée ». En cause ? « Les gens l’utilisent bien plus que ce que nous avions prévu », a-t-il ajouté.
Ce message, partagé le 6 janvier, ne précise par les raisons pour lesquelles ChatGPT Pro ne serait pas rentable, d’après le patron de la société. Cela dit, on devine que les contours de la formule sont en cause. En effet, à 200 dollars par mois, l’abonnement octroie une utilisation illimitée des modèles développés par OpenAI.
« Avec un compte Pro, vous obtenez 500 générations rapides (ou moins en haute résolution) [pour le modèle de génération de vidéo Sora] et un nombre illimité dans un mode de génération plus lent », expliquait ainsi Sam Altman le 9 décembre. En comparaison, un compte Plus ne donne droit qu’à 50 générations par mois.
À en croire une réponse à un internaute, Sam Altman semblait persuadé que ces 200 dollars permettraient à l’entreprise de gagner de l’argent. Entre les lignes, on devine que cette absence de limitation sur le volume de générations que l’on peut faire (avec Sora ou n’importe quel autre modèle d’IA générative) est néfaste pour la rentabilité de la société.
Rendre le fonctionnement de l’IA générative plus sobre
En creux, la prise de parole de Sam Altman repose aussi la question du coût technique, énergétique et environnemental que nécessite l’intelligence artificielle générative pour fonctionner. Car les requêtes qui circulent entre l’internaute et les serveurs d’OpenAI nécessitent du matériel de pointe et de l’électricité, et tout cela entraîne des frais.
Il a été estimé qu’une requête à o1-mini coûte près de vingt centimes, et à o1 environ 5 dollars. Le modèle o3, évoqué à la fin des douze jours du calendrier de l’Avent, pourrait coûter de 17 à 20 dollars (en version bridée), et même 1 600 dollars (version débridée). Pour l’heure, cet o3 très futuriste est surtout invendable à ce prix.
Ces montants donnent une bonne idée du challenge qui se pose aux firmes qui développent des technologies d’IA générative. La compétition marketing dans laquelle elles sont coincées les oblige à surenchérir et à dévoiler des modèles prétendument toujours plus rapides, performants et « intelligents ». Mais de soutenabilité de cette course, il n’en est que trop rarement question.
La problématique n’est certes pas nouvelle. Elle prend cependant une ampleur de plus en plus importante à mesure que le secteur engloutit de plus en plus d’électricité et passe commande de centaines de milliers de processeurs graphiques. Cela, avec une empreinte croissante sur le climat, surtout là où l’électricité n’est pas décarbonée.
Sam Altman affirme régulièrement que sa société n’est plus si loin de l’IA générale (AGI), une formule décrivant une machine capable d’imiter les capacités cognitives humaines, y compris en termes d’apprentissage. C’est le Graal du secteur. Mais peut-être qu’avant cela, il faudra en trouver un autre : celui de la frugalité énergétique.
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