L’ordinateur quantique demeure encore souvent au stade de la recherche. Cependant des entreprises en France proposent déjà son déploiement dans le monde professionnel. À Angers, le groupe Atos travaille sur un appareil quantique, ainsi que sur le logiciel qui permet à cette technologie de débarquer sur un ordinateur classique.

Les ordinateurs quantiques demeurent encore un concept flou pour la grande majorité de la population. On nous le vend régulièrement comme l’ordinateur du futur sans que l’on comprenne ce qu’il va concrètement révolutionner.

Numerama s’est rendu à Angers, où la société Eviden, branche du groupe Atos, a installé un modèle fabriqué par la société finlandaise IQM, actuellement en activité et qui fait office de premier pilier pour des offres « quantique » dans le monde de l’entreprise. Nous n’avons pas vu l’ordinateur nous prédire les vainqueurs des élections pour les dix années à venir, mais on perçoit, et comprend mieux surtout, son déploiement futur dans les bureaux.

Un modèle spécifique d’ordinateur quantique : le supraconducteur

Rappel nécessaire : un ordinateur quantique est une machine exploitant les propriétés surprenantes de particules à l’échelle microscopique pour effectuer des calculs d’une nouvelle manière.

Un bit classique est une unité d’information en informatique, qui peut être soit 0, soit 1, utilisée pour stocker et traiter des données dans les ordinateurs. Un qubit, l’unité de l’ordinateur quantique, peut être à la fois 0 et 1, ce qui permet aux ordinateurs quantiques de traiter plus d’informations simultanément et de résoudre des problèmes plus rapidement que les ordinateurs classiques.

Un ordinateur quantique supraconducteur, comme celui de IQM, utilise des matériaux spéciaux qui, lorsqu’ils sont refroidis à des températures extrêmement basses, permettent de créer des qubits sans perte d’énergie. Ces derniers sont manipulés à l’aide de circuits supraconducteurs, exploitant les propriétés quantiques pour effectuer des calculs bien plus puissants que ceux des ordinateurs classiques. L’ordinateur est donc dans une coque, froide, et profite des propriétés de particules microscopiques pour réaliser des calculs encore inimaginables.

Le « chandelier » à l'intérieur de l'ordinateur quantique d'IQM, en Finlande. // Source : Numerama
Le « chandelier » à l’intérieur de l’ordinateur quantique d’IQM, en Finlande. // Source : Numerama

Notons que le modèle supraconducteur d’IQM aborde différemment le contrôle des qbits. L’entreprise française Pasqal emploie une technique dite de « piège optique » avec un laser.

Des ordinateurs quantiques pour acheter des actions

IQM est pour l’instant leader dans la vente d’ordinateurs quantiques en Europe avec sept appareils livrés. L’entreprise finlandaise ambitionne d’en fournir une vingtaine par an, vendus pour un peu moins d’un million d’euros le produit. Celui installé à Angers est dotée de 5 qubits, ce qui peut paraître bas puisque d’autres appareils, notamment ceux d’IBM, atteignent les 100 qubits, mais il s’agit encore de les faire fonctionner. Le volume de qubit n’est pas encore complètement pertinent tant qu’ils ne sont pas tous fonctionnels, prêts à l’emploi.

L'ordinateur quantique installé à Angers. // Source : Numerama
L’ordinateur quantique installé à Angers. // Source : Numerama

Le « simple » modèle, dans sa coque blanc immaculé, installé sur le site en bord de la Loire, est déjà opérationnel. Plusieurs partenaires, qui l’utilisent pour mener des recherches dans le domaine de l’informatique quantique, ainsi qu’un groupe financier, venu tester les propriétés de l’engin.

Dans quel but ? La sphère des finances espère profiter des supercalculs pour optimiser les achats et la gestion des actions, et donc, gagner en bénéfices. Rappelons que l’ordinateur lance pour l’instant encore un calcul à la fois, avant d’être recalibré — cela reste pour l’instant assez peu pratique.

« Un ordinateur quantique, équipé de 5 qubits, suffit pour l’instant à former des équipes de partenaires, des étudiants, ainsi que des travaux à distance sur des cas d’usages concrets » affirme le Dr. Cédric Bourrasset, directeur des activités informatiques quantiques chez Eviden.

Des serveurs pour profiter à distance de l’algorithme quantique

Est-ce que cela veut dire que chaque grand groupe industriel devra demain installer un ordinateur quantique ? Pas nécessairement, il suffit de s’équiper en serveur doté d’un émulateur, un programme, pour profiter de la technologie quantique. L’émulateur peut être utilisé via une plateforme en ligne, ce qui permet aux chercheurs et développeurs de tester des algorithmes quantiques, même sans matériel quantique physique. La connexion avec le poste se fait, simplement, à travers le réseau classique.

« L’industriel va donc lancer l’algorithme quantique à distance, avec une plateforme locale, sur un ordinateur classique. Des serveurs de la sorte, équipés d’émulateur, sont déjà fournis par Eviden » explique le Dr. Cédric Bourrasset, en nous montrant une série de caissons, semblables à n’importe quel serveur.

Un serveur doté du logiciel Qaptiva 800 d'Eviden. // Source : Eviden
Un serveur doté du logiciel Qaptiva 800 d’Eviden. // Source : Eviden

Ces produits sortent déjà de l’usine d’Angers et d’autres devraient suivre, car Atos envisage de faire de son site angevin le principal centre de fabrication de supercalculateurs en Europe. Le complexe final devrait ouvrir ses portes en 2027.

L’essor de la quantique à grande échelle ne se produira pas avant au moins deux décennies, compte tenu des nombreux progrès à réaliser. Il s’agit donc avant tout d’un pari sur l’avenir, pour obtenir sa place sur l’Olympe lorsque cette technologie deviendra réellement rentable.

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