C’était le feuilleton numérique du week-end : le bannissement de TikTok aux États-Unis était programmé au 19 janvier 2025. En prévision, nombre de créatrices et de créateurs de contenus avaient fait leurs adieux à la plateforme, en remerciant leurs fans et en les invitant à les suivre sur Instagram. Et comme prévu, l’arrêt fut inévitable : dès le 19 janvier, les Américains étaient accueillis par un message de blocage :
« Désolé, TikTok n’est pas disponible. Une loi interdisait TikTok a été adoptée aux US. Malheureusement, cela signifie que vous ne pouvez pas utiliser TikTok pour le moment. » Le message fait ensuite référence à Donald Trump et sa « promesse » de réinstaurer TikTok, une fois investi.
Compte tenu de la volonté de Trump, et son investiture ayant lieu ce lundi 20 janvier, TikTok est redevenu disponible dans la foulée. Les utilisatrices et utilisateurs américains étaient accueillis par un nouveau message, leur souhaitant un « Bon retour ! ». Au total, la suspension aura duré 14h.
Comment le ban de TikTok a-t-il été repoussé ?
L’app sera légalement en sursis à partir de ce lundi. Pour dé-bannir la plateforme, Donald Trump va passer dès son investiture par un décret présidentiel (executive order). TikTok est redevenue disponible avant qu’il soit adopté, « en accord avec nos fournisseurs de service », précise l’app dans un communiqué. La certitude que le décret soit adopté semble avoir permis cette restauration rapide avant même la décision formelle.
Cette possibilité d’un décret de sursis était prévue dans la loi interdisant TikTok. Si cette loi donnait à l’app un délai de neuf mois pour être vendue à une entité américaine, elle ajoutait une rallonge potentielle de 90 jours, exclusivement par décret. C’est sur cette option qu’a rebondi Donald Trump.
TikTok et les États-Unis : que se passe-t-il depuis 2020 ?
Dans ses deux messages, TikTok déroule le tapis rouge à Donald Trump, en le mentionnant comme sauveur auprès de ses 170 millions d’utilisateurs américains. Une présentation quelque peu trompeuse si l’on rembobine quatre ans en arrière. Il faut en effet se rappeler que c’est Trump qui, en 2020, avait enclenché les soupçons sur les dangers de l’app pour la sécurité américaine, en cherchant alors à forcer la vente de ByteDance — il avait même tenté de propulser un rachat par Microsoft. Il avait adopté un décret présidentiel en ce sens, durant l’été 2020, lequel n’avait toutefois pas abouti.
C’est à partir de 2023, sous l’administration Biden, que le processus a repris. Des États américains comme le Montana ont cherché à interdire l’app, mais la Cour Suprême a bloqué ces décisions. Puis une loi plus globale, à l’échelle fédérale, a été votée au sein de la Chambre des représentants, en mars 2024, avant d’être votée également au Sénat, puis d’être signée par Biden. TikTok est défini par cette loi comme une menace pour la sécurité nationale, ByteDance étant une entreprise chinoise, et TikTok collectant de nombreuses données personnelles.
Mais ByteDance et TikTok ont dès lors enclenché une bataille juridique, en contestant la constitutionnalité de la loi… finalement considérée comme constitutionnelle par la Cour Suprême. Il n’y avait plus que deux possibilités : que TikTok soit vendu à une entreprise américaine ; ou que l’app soit interdite sur le territoire américain. Puisque ByteDance refuse la vente, le ban était devenu incontournable… à ceci près que ce délai de 90 jours laisse encore une porte ouverte.
Quelle est la suite pour TikTok ?
Donald Trump cherche à se positionner en sauveur, alors même qu’il est en grande partie à l’origine de la situation. Ces 90 jours viseront à étudier une alternative qu’il semble vouloir piloter : il souhaite que les États-Unis détiennent une participation à hauteur de 50 % de l’entreprise. Les contours de cette proposition ne sont toutefois pas très clairs dans leur mise en œuvre. Elon Musk, MrBeast et Perplexity AI se sont notamment positionnés pour créer cette entité américaine liée à TikTok. Les deux prochains mois seront cruciaux pour l’avenir de l’app sur le sol américain.
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