L’armée française pourra dorénavant compter sur l’expertise de Mistral AI dans l’intelligence artificielle. Le ministre Sébastien Lecornu a annoncé un rapprochement entre l’agence de défense dédiée à l’IA et la startup. Un mouvement qui reflète une tendance de fond.

Rapprocher l’une des startups en intelligence artificielle les plus en vues dans l’Hexagone avec la défense française. Voilà l’ambition évoquée par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, à l’occasion de son passage le 19 janvier 2025 dans l’émission Soft Power, sur France Culture, en mentionnant le partenariat noué avec Mistral AI.

En l’espèce, « Mistral va travailler avec l’Agence ministérielle de l’IA de défense », ou AMIAD, a dévoilé Sébastien Lecornu. Selon lui, il serait « stupide » de « doublonner les éléments de recherche ». Il faut pouvoir compter sur son savoir-faire et par ailleurs renforcer les efforts de l’AMIAD et ses 115 spécialistes.

Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu à l’École Polytechnique, en 2022. // Source : Ecole polytechnique

En somme, il faut s’appuyer sur les entreprises en pointe dans ces domaines de la même manière que le ministère le fait dans l’aviation (avec Dassault), la marine (Naval Group) ou l’électronique et l’aérospatial (Thales), car, a fait savoir le ministre, la souveraineté technologique ne se trouve pas qu’au sein des administrations de l’État.

Face à ces fleurons de la défense, Mistral AI est une entreprise bien jeune — elle a été fondée au printemps 2023 — et surtout beaucoup plus modeste. Elle compte 1 600 personnes, bien loin des milliers, voire des dizaines de milliers de collaborateurs chez les géants de la défense. Même chose pour KNDS, Safran, Airbus ou bien MBDA.

La montée en puissance de l’IA dans la défense

Mais ce rapprochement entre Mistral AI et le ministère traduit l’importance croissante de l’intelligence artificielle dans les activités de défense. Les usages ne manquent pas : accélérer l’étude d’une carte prise par un satellite, délester un militaire de certaines tâches, automatiser des processus, traiter des données en grand nombre, etc.

L’enjeu de l’IA a d’ailleurs été souligné par Sébastien Lecornu en mars 2024. Lors d’un discours sur le site de l’École polytechnique, le ministre plaidait pour que les armées prennent « le virage » de l’IA et prévenait que la France se devait de la « maîtriser souverainement ces technologies pour ne pas dépendre des autres puissances ».

« Le saut technologique que représente l’intelligence artificielle est sans doute celui qui révolutionnera la manière de faire la guerre. Ou même, plus important encore, de l’éviter comme l’atome en son temps », avait-il ajouté. Deux mois plus tard, l’AMIAD était lancé, tandis que la commande d’un supercalculateur top secret pour de l’IA militaire était passée.

Rafale
Aujourd’hui, le développement des prochaines évolutions du Rafale se pense aussi à travers l’IA. // Source : Bernardo Fernandez copado

Ce supercalculateur, attendu pour septembre 2025, est construit par le tandem Orange / Hewlett-Packard, et bardé de processeurs graphiques fournis par Nvidia — « pratiquement mille GPU de dernière génération », a fait valoir le ministre sur France Culture. Le tout, sur des installations qui seront classifiées.

Selon Sébastien Lecornu, ces infrastructures vont aussi offrir aux sociétés un espace plus sécurisé, ce qui éviterait les serveurs mal ou pas protégés, et, par ailleurs, limiterait les risques d’espionnage industriel. Et pour l’armée, il y a aussi un petit gain financier, le ministre évoquant des recettes obtenues grâce à un accès payant à cette solution.

Les détails du rapprochement entre Mistral et le ministère restent toutefois très vagues. Jusqu’à présent, la startup s’est surtout illustrée en matière d’IA générative, en fabriquant ses propres grands modèles de langage ainsi qu’un chatbot — Le Chat — pour répondre par écrit à des questions qu’on lui pose.

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