Une opération de police délicate, qui est allée jusqu’à mobiliser le GIGN, sur fond d’enlèvement et de demande de rançon en cryptomonnaie. Voilà le sombre scénario qui s’est joué depuis le début de la semaine en France, dans le Cher (centre). Une affaire sensible et risquée, mais dont l’issue s’est cependant avérée heureuse pour la principale victime.
Car David Balland, 45 ans, a finalement été libéré dans la journée du 22 janvier 2025. Un nom peu connu du grand public, mais qui l’est davantage dans le milieu de la tech. L’homme est en effet le cofondateur de Ledger, une société française spécialisée dans les portefeuilles physiques de crypto-monnaie, pour sécuriser ses actifs.
Cette libération, confirmée à Numerama par la vice-procureure du parquet de Paris, met fin à un enlèvement et une séquestration qui avait débuté dans la matinée du 21 janvier. David Balland, qui se trouvait alors chez lui dans le Cher, a été emmené de force par ses ravisseurs, précise le parquet, puis conduit en voiture à une autre adresse, où il est resté captif pendant plusieurs heures.
Tentative de demande de rançon en crypto
Ce sont des motivations financières qui ont conduit cette bande à s’attaquer au cofondateur de cette startup, dans l’espoir d’obtenir le paiement d’une « importante » rançon en cryptomonnaie — le montant n’est pas renseigné, ni les devises virtuelles (bitcoin, ethereum, etc.) qui auraient pu servir à faire la transaction électronique.
Signe de la criticité de la situation, les autorités judiciaires avaient demandé à la presse de retenir provisoirement les informations en leur possession, le temps de libérer l’otage — les opérations de recherche étant alors toujours en cours et la victime toujours en danger. D’importants moyens de police avaient été relevés dès le 21 janvier par la presse locale.
Comme le pointait alors France Bleu, une disparition de personne avait été signalée ce jour, conduisant au déploiement de forces de l’ordre à Méreau, une petite commune près de Vierzon. Déjà à ce moment-là, des « consignes de discrétion » avaient été transmises aux habitants, avaient remarqué nos confrères.
Le dossier est également remonté à Paris, alors qu’il était initialement entre les mains du Parquet de Bourges. Contacté par ailleurs dans la matinée du 23 janvier par Numerama, celui-ci a confirmé s’en être dessaisi. L’enquête, toujours en cours, a mobilisé et continue de mobiliser des moyens policiers et judiciaires notables.
Ainsi, outre la participation du GIGN, unité d’élite de la gendarmerie, qui est spécialisée dans la libération d’otages et la lutte contre le grand banditisme, la division de lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris (JIRS) a été impliquée, comme l’unité nationale cyber de la gendarmerie ainsi que sa section de recherches à Bourges.
Des actes pouvant conduire à la perpétuité
Si le principal péril a été depuis écarté avec la libération de David Balland, qui a « été pris en charge par les secours » et a nécessité des « soins », les investigations et la recherche des ravisseurs se poursuivaient encore ce 23 janvier — selon Le Parisien, plusieurs suspects étaient d’ores et déjà placés en garde à vue.
Juridiquement, les malfaiteurs risquent des peines particulièrement lourdes, a signalé à Numerama le parquet. En matière d’infraction d’enlèvement et séquestration en bande organisée pour obtenir l’exécution d’une condition, en l’espèce de paiement d’une rançon en crypto, « il s’agit d’un crime faisant encourir la réclusion criminelle perpétuité. »
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