Saviez-vous que 68 % des entreprises du Fortune 500 sont immatriculées au Delaware ? Cet État de la côte est des États-Unis, qu’une très grande majorité de Français ne sait probablement pas situer, est la résidence juridique de grandes entreprises comme Google, Amazon, Apple, Meta ou encore Tesla. Ne creusez pas loin pour comprendre pourquoi : le Delaware est un paradis fiscal pour les entreprises, avec plusieurs mesures fortes comme une exonération totale d’impôts et de taxes. Il est d’ailleurs possible d’avoir son siège social ailleurs, en Californie par exemple, tout en étant immatriculé au Delaware.
Ces dernières semaines, la presse américaine relate de nombreux départs du Delaware. Après Tesla, SpaceX et Neuralink, trois entreprises d’Elon Musk, c’est au tour de Meta, en pleine révolution MAGA, de quitter le petit État démocrate.
Elon Musk à l’origine d’un boycott du Delaware
Dans la nouvelle ère Donald Trump, les grandes entreprises américaines vont-elles toutes abandonner le Delaware pour d’autres États avantageux fiscalement, comme le Texas ou le Nevada ? Cette vague de départ n’est probablement qu’à ses débuts, alors que la politique du Delaware a réussi à fâcher les grands patrons ces derniers mois.
Le point de départ de cette rébellion anti-Delaware remonte à janvier 2024, quand la Cour de Chancellerie du Delaware a décidé d’invalider la rémunération exceptionnelle de 56 milliards d’Elon Musk chez Tesla. La justice du Delaware estimait que cette rémunération était « excessive » et issue de « négociations truquées » avec un conseil d’administration contrôlé par le milliardaire. Elon Musk, qui n’a pas accepté que cette somme lui passe sous le nez, a décidé d’attaquer publiquement l’État. Il l’a d’abord menacé sur les réseaux sociaux, avant de demander une réincorporation de Tesla, de SpaceX et de Neuralink au Texas.
Puisqu’Elon Musk a du poids sur l’économie américaine, plus de 60 entreprises l’ont imité dans les 72 heures. Dans les semaines qui ont suivi, des centaines d’entreprises ont annoncé quitter le Delaware, souvent juste pour soutenir Elon Musk. Dans le libéralisme américain, une Cour de Justice qui s’oppose à la rémunération d’un grand patron est mal vue. Elon Musk compte sur la Cour suprême du Delaware pour récupérer sa rémunération, après avoir été condamné à des amendes par la Cour de Chancellerie. Pour l’instant, le Delaware bloque son départ.
La victoire de Donald Trump accélère la désertion du Delaware
Après avoir déplacé le siège social de Tesla de la Californie au Texas, notamment parce qu’il jugeait l’État de la Silicon Valley trop « woke », Elon Musk attend désormais que la Cour suprême du Delaware se prononce pour transférer les statuts de ses entreprises au Texas. L’immatriculation d’une entreprise devient progressivement un geste politique, avec des États jugés compatibles avec les valeurs d’Elon Musk et des libertariens, et d’autres adeptes de « censure » et du « wokisme ».
En 2025, après la prise de fonction de Donald Trump, plusieurs grandes entreprises ont aussi décidé de quitter le Delaware, sans doute pour s’attirer la sympathie de la nouvelle administration. Meta est celle qui fait le plus parler d’elle, au vu de son changement soudain d’idéologie. L’entreprise compte aussi retirer plusieurs de ses équipes de Californie, au nom de la lutte contre le « wokisme ».
Le « DExit », comme certains observateurs l’appellent, inquiète logiquement le Delaware. L’État a voté plusieurs réformes allant dans le sens des grandes entreprises et de leurs actionnaires, pour éviter qu’un scénario semblable à celui vécu par Elon Musk se reproduise. L’État risque la perte d’un gros pourcentage de son budget si toutes les entreprises mettent leurs menaces à exécution.
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