Le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle aura officiellement lieu la semaine prochaine. En attendant, le gouvernement multiplie les annonces. Après un partenariat à 50 milliards avec les Émirats arabes unis pour construire un data center, il nous informe de l’arrivée de l’IA dans les programmes scolaires. Une décision qu’explique la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne dans un entretien accordé à Ouest-France.
Des annonces qui ne sont pas sans rappeler la polémique de Lucie, l’IA française qui veut s’immiscer dans l’Éducation nationale. Jugée mauvaise, elle est accusée d’être sortie trop tôt, sans explications et avec pas suffisamment de protections.
À quoi ressembleront les cours sur l’intelligence artificielle au collège et au lycée ?
Dès la rentrée prochaine, les élèves auront des cours sur l’intelligence artificielle. Il s’agira d’un parcours Pix (la plateforme de certification numérique de l’État, qui remplace le B2i). Les sessions Pix seront obligatoires pour les élèves de quatrième et de seconde, mais sera ouverte à tous les élèves du secondaire et aux enseignants.

L’idée est donc d’éduquer les élèves sur les biais des IA, notamment le fait que leur conception les rend généralistes. Ils seront informés des limites de l’IA : qu’est-ce qu’elle ne permet pas de faire. Le parcours consistera d’abord en un diagnostic des connaissances et des compétences des élèves. Ensuite, ils suivront d’une dizaine de courts modules d’apprentissage.

Ces cours dureront entre 30 minutes et une heure et demi, en fonction du niveau de l’élève. Comme les cours seront à suivre sur Pix, les professeurs seront surtout là pour superviser leurs élèves : cela dépendra des établissements.
Certaines sections de ces cours seront dédiées au « prompting », c’est-à-dire à la manière dont on formule une requête à un outil d’IA générative. Plus la requête est précise et bien formulée, plus la réponse donnée sera bonne. Au-delà de la puissance des IA, c’est la compétence du « prompt » qui est importante.
Pourquoi former les élèves à l’IA générative ?
Pour l’ancienne Première Ministre, l’IA générative est « une révolution déjà en marche qui bouleverse tout, y compris nos façons d’apprendre et d’enseigner. » Le but de cet ajout dans le programme scolaire, c’est de proposer un usage « éthique » de l’intelligence artificielle aux élèves.
Que ce soit du côté des enseignants (qui peuvent préparer leurs cours avec ChatGPT) ou des élèves (qui peuvent répondre aux exercices avec l’IA et même tricher), cette technologie change les façons d’enseigner et d’apprendre. Élisabeth Borne a indiqué que « la quasi-totalité des lycéens et étudiants utilisent régulièrement l’IA contre environ 20% des professeurs. »

La ministre explique qu’une charte d’utilisation de l’IA à l’école serait publiée au printemps, « à la fois en termes de pédagogies, mais aussi en termes administratifs. » Pas question d’interdire les IA à l’école, au contraire. Pour le moment, une consultation avec les enseignants, parents, élèves et syndicats est en cours. Des formations seront dispensées aux professeurs pour qu’ils apprennent à utiliser l’IA pour préparer leurs cours et répondre aux questions des élèves. Élisabeth Borne l’assure : « l’utilisation de l’IA ne sera imposée à personne », simplement encouragée. La ministre espère que cela permettra de libérer du temps aux enseignants.

Elle contiendra des lignes directrices pour les professeurs : ils seront autorisés à utiliser l’IA pour planifier leurs cours, mais seront responsables du contenu. Ils ne pourront pas demander aux élèves de réaliser une tâche sur un outil qui nécessite un compte privé sur une IA grand public (ChatGPT, Gemini, etc.). Le personnel enseignant et les administrations n’auront pas le droit d’utiliser des données personnelles sur des IA grand public.
Deux IA pour l’Éducation nationale en développement
Dans le même temps, la ministre de l’Éducation nationale a annoncé le développement de deux outils d’intelligence artificielle. La première : une IA « souveraine » dédiée aux enseignants. Elle permettra de « faciliter la préparation des cours, l’évaluation ou la correction des devoirs par exemple. » 100% française, elle est financée par 20 millions d’euros du plan d’investissement France 2030.
L’appel à projet sera lancé cet été. Arrivée prévue à la rentrée 2026. On peut augurer que pour limiter les coûts et avoir une solution efficace, l’outil se basera sur un modèle open source, comme ceux de Mistral AI, qui sont open source. D’autant plus que Mistral AI est une « licorne » française, qui rencontre un certain succès avec sa nouvelle application, Le Chat.

Le gouvernement avait déjà développé MIA, une application spécialisée dans les mathématiques et le français, avec 20 000 exercices adaptatifs dans ces deux matières. Déployée dans les lycées volontaires à la dernière rentrée, elle semble toujours en phase de test. Sauf que le syndicat SNES-FSU a récemment dénoncé des retards, un manque de satisfaction sur le plan technique et un manque de questionnement plus général.

L’autre IA servirait aux gestionnaires du personnel de l’Éducation nationale, qui compte 1,2 million de travailleurs. Elle devrait aider les gestionnaires de ressources humaines à « répondre aux questions administratives ou réglementaires ». Le but de la ministre, c’est de gagner en productivité « et avoir ainsi plus de temps pour prendre en compte les situations humaines et individuelles. » Elle précise que cette IA est déjà en cours de conception : baptisée Cassandre, elle a été testée dans l’académie de Lyon.
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