Des robots spécialisés dans le déminage, dans le génie et dans la logistique, mais aussi des robots terrestres capables d’ouvrir le feu. L’armée de terre française s’intéresse de près à la robotisation du champ de bataille. Son chef d’état-major aimerait bien obtenir de premières unités vers 2030.

La robotisation du champ de bataille se poursuit, et la France n’entend pas se laisser distancer. Alors que la guerre entre l’Ukraine et la Russie produit chaque jour de nouveaux enseignements pour l’armée française, à l’image de ces batailles de drones aériens contre les drones terrestres, des travaux sont en cours pour déployer des robots dans les forces.

C’est ce que démontre l’annonce de la direction générale de l’Armement (DGA) le 7 février 2025 avec le projet DROIDE. Objectif ? « Explorer les technologies nécessaires pour répondre aux besoins capacitaires de la robotique terrestre à l’horizon 2030-2035 », indique la DGA, dont le rôle est de préparer les futurs systèmes de défense du pays.

En particulier, il s’agit de « développer un démonstrateur de robot terrestre multi-missions, en appui au combat débarqué, pour augmenter les capacités du groupe de combat tout en limitant l’exposition des forces humaines ». Il pourra délivrer de l’armement, comme le suggère une image promotionnelle montrant un engin sans pilote surmonté d’une tourelle de tir.

Droide KNDS Safran
Représentation d’un robot terrestre équipé d’une tourelle. // Source : KNDS

Vers des robots terrestres armés

L’ajout d’une faculté offensive létale apparaît inévitable si l’on regarde ce qui s’est produit du côté des drones. L’arsenal des drones de combat de l’armée française s’est finalement ouvert aux drones armés, avec le modèle MQ9 Reaper qui peut tirer des missiles (c’est actuellement le seul dans ce cas). L’ouverture du feu se fait seulement sur décision humaine.

Les futurs robots terrestres de l’armée française pourraient ainsi prendre un même chemin. La DGA, dans son communiqué, évoque des réflexions de capacités qui « prévoient l’accélération de l’usage des vecteurs téléopérés et un élargissement du spectre de leurs missions, y compris dans le domaine terrestre qui présente une complexité particulière ».

Cette réflexion a été mentionnée par le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, lors d’une audition le 6 novembre 2024 au Sénat, devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Ce n’est pas une première : il s’était déjà questionné sur le futur des hélicoptères d’attaque face à l’avènement des drones.

Il avait ainsi jugé que « l’idée de robots armés est plus lointaine parce qu’elle demeure complexe techniquement ». En particulier, « des difficultés restent à résoudre s’agissant du déplacement et du contrôle du tir », avait-il reconnu. Cependant, la porte n’apparaît pas fermée — d’autant plus que des travaux sont déjà en cours.

De premières unités souhaitées en 2030

D’autres usages émergeront d’ailleurs avant. Le général avait mentionné le génie et les opérations de déminage. « Nous avons déjà des robots dans ce domaine, c’est une fonction permettant de ne pas exposer inutilement des hommes », avait-il fait remarquer. Autre développement : la logistique et faire la jonction entre le front et l’arrière.

Le général avait notamment évoqué un « projet de fabriquer des robots porteurs capables de suivre un véhicule blindé qui ouvrira la route ». À ce titre, on peut rappeler un exercice en 2021 qui a impliqué des soldats et des robots, dont le fameux chien-robot de Boston Dynamics. La manœuvre se déroulait dans un environnement urbain.

Dans le cadre du projet DROIDE, le développement de la machine revient à KNDS France, qui développe et construit les blindés de l’armée française, et à Safran, qui est un spécialiste de l’électronique et l’optronique. Le contrat est d’une durée de sept ans et laisse la place à d’autres partenaires si ceux-ci ont des innovations remarquables.

Il faudra cependant certainement encore attendre avant de voir vraiment des robots terrestres être déployés dans des conditions opérationnelles. « C’est un domaine d’innovation qui n’a pas encore la maturité de celui des drones aériens », avait jugé Pierre Schill. Les premières unités robotisées pourraient cependant voir le jour dès 2030.

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