Dans la course à l’intelligence artificielle, l’Europe a décidé de presser le pas. C’est en tout cas le message qu’a tenu à faire passer Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, ce mardi 11 février. Et pour cela, l’Union européenne entend mettre des moyens à la hauteur de ses ambitions : 200 milliards d’euros.
Dans le détail, toutefois, l’effort de l’Union européenne ne couvrira qu’un quart de ce montant (50 milliards d’euros). Le reste des 150 milliards sera apporté par le secteur privé — « des fournisseurs, des investisseurs et des acteurs du secteur », a indiqué Ursula von der Leyen dans son discours, réunis dans l’initiative « EU AI Champions ».
Alliance européenne autour de l’IA
Cette alliance réunit des poids lourds du Vieux Continent, aussi bien du secteur de la technologie (ASML, Dassault Systèmes, Mistral AI, Philips, Spotify…) que de la banque et de la finance (Axa, BNP Paribas, Deutsche Bank…), et d’autres horizons : Airbus, Carrefour, EDF, Helsing, L’Oréal, Renault, SAP, Saab, Siemens, Total, Volkswagen…
« J’entends trop souvent dire que l’Europe est à la traîne, que les États-Unis et la Chine auraient pris les devants », a relevé Mme von der Leyen. « Je ne suis pas d’accord. La course à l’IA est loin d’être terminée. En réalité, nous n’en sommes qu’aux prémices. Les frontières ne cessent d’être repoussées. Et la première place à l’échelle mondiale est toujours en jeu. »
![Les membres de l'alliance. // Source : Capture d'écran Les membres de l'alliance. // Source : Capture d'écran](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/02/eu-ai-champions-initiative-1024x724.jpg?resize=1024,724&key=165a5a76)
La mise en place de ce partenariat public-privé, le plus grand au monde en matière d’IA selon la présidente de la Commission, s’inscrit dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA. Celui-ci a donné lieu à de grandes annonces, y compris pour la France, avec des investissements dans ce secteur annoncés à 109 milliards d’euros.
À date, plus de 70 organisations ont rejoint l’initiative EU AI Champions et, selon l’UE, cette liste est amenée à grossir encore. En parallèle, Ursula von der Leyen a laissé entendre qu’une simplification des règles du jeu et qu’un allègement des charges administratives arriveraient prochainement. « Nous devons rendre cela plus facile », a-t-elle lancé.
Vers une simplification du cadre de l’IA
L’UE s’est distinguée en 2024 en devenant la première région du monde à fixer un cadre particulier sur l’IA : le règlement sur l’intelligence artificielle, ou AI Act. Ce texte entend proposer une régulation selon le degré de dangerosité des systèmes, mais a concentré sur lui de nombreuses critiques, y compris d’Emmanuel Macron lui-même.
Dans les grandes lignes, l’AI Act est perçu comme un frein à l’innovation et d’arriver bien trop tôt, ce qui handicaperait l’UE face aux autres grandes puissances de la tech — États-Unis et Chine en tête. Une opinion que ne partage pas Bruxelles, qui y voit un cadre homogène et adapté pour 27 pays — bien que des aménagements semblent désormais en chemin.
![Europe drapeau melting Europe drapeau melting](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2024/09/europe-drapeau-melting-1024x576.jpg?resize=1024,576&key=9bac1f12)
Il reste désormais à voir, au-delà des milliards alignés sur la table, de quelle façon cet allègement et cette simplification seront appliqués. Reste que ces annonces traduisent aussi un réveil européen dans la bataille de l’IA. Un réveil qu’avait réclamé ardemment l’ex-président de la BCE, Mario Draghi, dans un rapport sévère remis en septembre 2024.
Celui-ci avait pointé la perte importante de compétitivité de l’UE face aux USA, causée notamment par une régulation du numérique jugée excessive et qui bride la capacité du Vieux Continent à innover. L’intéressé avait invité l’Europe à emprunter massivement — 750 à 800 milliards d’euros, en plus — et à décorseter l’empilement législatif.
À l’heure où les États-Unis aussi lancent de vastes chantiers dans l’IA — à l’image du projet Stargate et de ses 500 milliards de dollars –, l’Europe n’a guère le choix si elle veut s’aligner et si elle veut être « l’un des continents les plus avancés en matière d’IA », comme l’a fait savoir Ursula von der Leyen. Les mots seuls ne suffiront pas.
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