Le Chat, le chatbot dopé à l’IA du champion français Mistral AI, est au centre d’une controverse sur les réseaux sociaux, en ce qui concerne l’utilisation des données de localisation par la jeune pousse française. Plusieurs spécialistes de la tech ont remarqué que ce modèle de langage peut localiser votre position, sans vous révéler explicitement la manière dont il procède pour récupérer cette information. Le service de messagerie sécurisé Proton en a profité pour rajouter son grain de sel avec une publication sur le réseau social X (ex Twitter).
Nous avons à notre interrogé le programme d’intelligence artificielle pour savoir s’il détecte votre emplacement. Et c’est assez simple à vérifier : en activant un VPN pour changer la localisation de votre adresse IP – un identifiant propre à chaque appareil qui fonctionne comme une adresse postale numérique – le Chat de Mistral AI va ajuster sa réponse en fonction du pays choisi. Demandez au VPN de camoufler votre localisation pour la déplacer aux États-Unis, et le chatbot vous répondra que vous êtes au pays de l’Oncle Sam.
En revanche, le Chat ne vous expliquera pas concrètement qu’il utilise votre adresse IP.
ChatGPT et Gemini se servent aussi dans vos données
Si ce traitement de données vous scandalise, autant vous indigner contre le web au 21e siècle dans son ensemble. En reproduisant la même expérience sur ChatGPT d’OpenAI (Microsoft) et Gemini de Google, les deux outils d’intelligence artificielle commenceront par nier en vous répondant ouvertement qu’ils n’ont pas accès à ces informations, puis finiront par se trahir en vous donnant des conseils en fonction de votre localisation.
L’immense majorité des sites web que vous visitez ont accès à votre adresse IP, car celle-ci est essentielle pour établir la connexion entre votre appareil et le serveur du site. Lorsqu’un utilisateur entre l’adresse d’un site, son navigateur envoie une requête contenant l’adresse IP afin de recevoir les données nécessaires pour afficher la page.
Cette info est ensuite réutilisée par les sociétés pour plusieurs raisons. D’une part, elle leur permet d’adapter le contenu en fonction de votre région, par exemple en affichant des prix dans la bonne devise. D’autre part, elle est souvent utilisée à des fins publicitaires, afin de vous montrer des annonces ciblées en fonction de votre emplacement. Enfin, certains sites s’en servent pour des raisons de sécurité, comme détecter des connexions inhabituelles et prévenir les fraudes.
Que reproche-t-on au Chat, alors ? De cacher la vérité
La polémique vient plutôt de la manière dont Le Chat présente les résultats. Interrogé sur cette information, il va systématiquement répondre qu’il devine la localisation « à partir des conversations précédentes ». Même quand il n’y a eu aucune conversation précédente. S’il répondait avec honnêteté à la question, il devrait expliquer qu’il se base sur l’adresse IP. Rien de plus.
Cela dit, le sujet de la vie privée côté Mistral IA va un poil plus loin. Le Chat de Mistral AI n’apporterait pas suffisamment de choix dans le traitement des données, selon un juriste. D’après le média l’Informé, un avocat spécialisé en protection des données a déposé une plainte auprès de la CNIL contre Mistral AI, demandant un meilleur respect des données personnelles des utilisateurs de son chatbot Le Chat, notamment pour ceux utilisant la version gratuite.
Contrairement à d’autres services comme Perplexity ou ChatGPT, Le Chat n’offre pas la possibilité de refuser le traitement des données personnelles pour les utilisateurs gratuits, limitant cette option aux abonnés payants, ce qui contrevient aux exigences du RGPD, selon l’avocat. Bien que Mistral soit transparent sur ses pratiques, la CNIL pourrait demander à la société de remettre à jour ses conditions d’utilisation.
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