Alors que se déroule la conférence annuelle de la sécurité à Munich, qui évoquera notamment la guerre entre l’Ukraine et la Russie, l’arche de la centrale nucléaire de Tchernobyl a été heurtée par un drone. Il était même équipé d’une ogive hautement explosive, selon Kiev. Un acte délibéré de Moscou, a accusé Volodymyr Zelensky.

L’accusation est venue de Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, sur X (ex-Twitter). Dans la matinée du 14 février 2025, il a reproché à la Russie d’avoir manœuvré un drone aérien près de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Elle est située dans le nord du pays, tout près de la frontière avec la Biélorussie, à moins de 100 de kilomètres de Kiev.

« La nuit dernière, un drone d’attaque russe […] a frappé l’abri protégeant […] le site de la quatrième unité de production de la centrale nucléaire de Tchernobyl, détruite [en avril 1986] », a dénoncé M. Zelensky. L’abri « a été endommagé par ce drone », a-t-il ajouté, tout en partageant des photos montrant l’étendue des dégâts.

tchernobyl zelensky
Quelques photos après la collision. // Source : Capture d’écran

Mais surtout, le chef de l’État a accusé Moscou d’avoir équipé ce drone d’une « ogive hautement explosive », qui a fini par heurter l’arche de Tchernobyl. Cette structure est essentielle, et hautement sensible : achevée en 2018, après une décennie de travaux, elle enveloppe les restes de la centrale et le précédent sarcophage construit par les Soviétiques.

Le type de drone utilisé n’a pas été précisé par la présidence ukrainienne, ni la nature de l’ogive hautement explosive. La guerre déclenchée par la Russie contre son voisin est un théâtre quasi-quotidien d’attaques de drones. La production annuelle des deux pays se compte en millions, pour des usages militaires variés (attaque, renseignement…).

Dans la vidéo partagée par Volodymyr Zelensky, on peut voir le moment où le toit de l’arche est touché. Une forte explosion est visible à l’image, ainsi qu’un important dégagement de fumée. Est également visible un début d’incendie, qui sera finalement maîtrisé. D’autres plans montrent les dégâts sur le toit et à l’intérieur du sarcophage.

Pas de victimes, pas d’évolution inquiétante des niveaux de radiation

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui surveille la situation dans la zone pour des raisons de santé publique, a aussi confirmé dans la matinée un incident entre un drone et le toit de l’arche, dans la nuit du 13 au 14 février, vers 1h50 du matin, mais sans attribuer la responsabilité à la Russie. Sa communication s’abstient de mentionner Moscou.

L’instance souligne surtout que secours « sont intervenus dans les minutes qui ont suivi » et « qu’aucune victime n’a été signalée » sur place. Autre nouvelle rassurante de l’AIEA : « rien n’indique qu’il y a eu une brèche dans l’enceinte de confinement interne. Les niveaux de radiation à l’intérieur et à l’extérieur restent normaux et stables. »

Ces observations rassurantes ont été signalées également par Kiev. Mais si les niveaux de radiation, surveillés de près, n’ont pas augmenté, le pays ne peut déplorer que « d’après les premières évaluations, les dommages subis par l’abri sont importants ». Des réparations apparaissent d’ores et déjà nécessaires pour colmater la brèche.

L’intégrité de l’arche qui recouvre Tchernobyl est cruciale en raison du péril que constituent les rejets de radioactivité dans l’environnement. Dans la foulée de la catastrophe en 1986, et après l’intervention initiale des liquidateurs, parfois au péril de leur vie, un premier cercueil d’acier a été bâti en quelques mois pour contenir ces dégagements.

L'arche de Tchernobyl. // Source : Tim Porter / Wikimédia
L’arche de Tchernobyl. // Source : Tim Porter / Wikimédia

Une décision sage au regard des effets néfastes de la radiation sur la santé humaine et sur la faune locale. Mais avec le temps, cette tombe ne s’est avérée plus suffisamment étanche pour faire correctement son office. D’où ce nouveau bouclier antiradiation, financé par de nombreux pays, dont ceux de l’Union européenne.

Pour Rafael Grossi, patron de l’AIEA, cette affaire « souligne les risques persistants en matière de sûreté nucléaire » et son agence « reste en état d’alerte maximale », car la centrale demeure dans une zone de guerre et a déjà connu des incidents. Idem, d’ailleurs, pour la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui est proche de la ligne de front.

La Russie, pour sa part, a affirmé ne pas viser les centrales nucléaires, par la voix de Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. « Je ne dispose pas d’informations précises. Ce que je sais, c’est qu’il ne peut être question de frappe contre telle ou telle infrastructure nucléaire (..) les militaires russes ne font pas ça », a-t-il lancé.

L’incident survient à un moment particulier, car se tient la conférence sur la sécurité à Munich, à laquelle participent diverses délégations — dont les USA et l’Ukraine. La Russie, elle, n’est pas présente. Mais, selon Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine a adressé un « salut » à tout le monde avec cette collision et montré son dédain à toute perspective de paix.

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