Un artiste Sony-BMG a signé avec la plateforme Weed ! La nouvelle a de quoi faire l’effet d’une bombe dans le petit monde de la musique en ligne, puisqu’il s’agit de la première fois qu’une major de l’industrie du disque fait ainsi confiance aux systèmes « sauvages » de superdistribution des oeuvres. Mais l’on pourrait vite se désenchanter si les conditions restaient celles sur lesquelles se sont basées les tests…

John Beezer, le créateur de Weed, a donc finalement réussi à convaincre la maison de disques de s’en remettre à son système de superdistribution équitable. Equitable, puisque le système tente de concilier les intérêts des ayants droit avec ceux des internautes, à travers des règles originales de DRM et de répartition des revenus.

Rappelons en effet que lorsqu’un internaute télécharge un fichier Weed (qui se présente sous la forme d’un fichier WMA), il peut le lire jusqu’à 3 fois intégralement et que s’il l’achète ensuite, 50% des sommes sont versées directement à l’artiste (voir notre actualité du 10 juin 2005).

Lorsque l’on voit le peu d’ouverture d’esprit dont les majors ont fait preuve jusqu’à présent dans leur approche de la musique sur Internet, l’annonce d’un accord entre Weed et Sony a de quoi surprendre. « Ca a pris presque un an pour accomplir ceci et toutes les parties ont fini par faire quelques concessions« , a expliqué John Beezer dans un message adressé aux promoteurs de fichiers Weed.

Mais justement, ça ne sont pas juste « quelques concessions ».

Les fondements de Weed mis en danger

En guise de test, c’est le titre Since U Be Gone de Kelly Clarkson qui a été diffusé par WeedShare. Mais avec deux accroches majeures aux principes de Weed. Plutôt que d’offrir 3 écoutes intégrales par poste, le fichier .wma de Sony permet d’écouter autant de fois que l’on veut… 20 secondes de chanson. Ridiculement grotesque tant il suffit d’aller sur eDonkey ou Kazaa pour trouver le morceau dans son intégralité.

Deuxième accroche, le P2P est un phénomène par nature international, mais le titre de Clarkson ne peut être lu que depuis des ordinateurs connectés aux Etats-Unis. Là aussi, c’est la complexité des droits d’auteur qui sont mis en jeu. Sony-BMG et RCA Records n’ont pas nécessairement les droits de Kelly Clarkson dans le monde entier…

Dans ces conditions, quel est intérêt de la technologie Weed ? Certes, elle permet de s’échanger les fichiers WMA sur les réseaux P2P, mais si l’écoute est limitée à 20 secondes, l’intérêt est non pas faible, mais totalement nul.

« Tous ceux qui ont regardé de près notre entreprise ont dit que nous n’arriverions jamais à traiter avec les majors et que nous ne pourrions pas y arriver sans les majors« , raconte Beeder. « Malgré cette incroyable pression, nous sommes restés accrochés aux principes et nous avons tenu bon sur plusieurs points et nous avons vaincu sur beaucoup d’entre eux« .

Beaucoup d’entre eux peut-être, mais pas les points essentiels.

Une probable division au sein de la communauté Weed

Ignazio Lo Faro, qui est en France le principal promoteur de la technologie Weed, s’inquiète de cette annonce autant qu’il s’en réjouit. « Un grand coup de projecteur va être donné sur la plateforme, et un nombre croissant d’artistes signeront avec des promoteurs, mais il y aura maintenant plusieurs Weed« , nous indique le créateur de WeedFrance.

De son côté, Lo Faro ne compte pas travailler avec les majors. « Weed est avant tout un système pour les musiciens indépendants« , affirme t-il.

Où iront les 50% que doivent recevoir les artistes à chaque achat ? « A partir de maintenant, il ne faut plus dire que 50% va à l’artiste, mais que 50% va à l’ayant droit« , explique Ignazio Lo Faro. L’ayant droit pouvant être aussi bien Macko, le premier artiste Weed en France, que la multinationale Sony… Pour l’artiste indépendant cela ne change rien. Il continuera à toucher 50%. Par contre pour un artiste signé par Sony, c’est la major qui déterminera combien elle lui reversera. Sur la base des contrats actuels, il s’agit rarement de plus de 10%… des 50% reçus.

A l’intérieur de Weed, de nouvelles communautés vont probablement émerger.

Il y aura celles qui supporteront Beezer dans le flirt aux majors (même si celui-ci s’en défend et affirme qu’il s’agit seulement d’une étape intermédiaire pour ensuite totalement convaincre les maisons de disques).

Et il y aura celles qui, comme WeedFrance, affirmeront vouloir continuer dans l’esprit Weed des premiers jours, avec un véritable soucis éthique de la musique, aussi bien envers les artistes que les internautes…

Mais comment le public pourra t-il distinguer entre Weed-Majors et Weed-Ethique ?

Un « label de qualité » est peut-être à créer…

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