Samsung est en crise, c’est son patron qui le dit. À l’occasion d’un séminaire interne réunissant 2 000 cadres de l’entreprise, Lee Jae-yong, le président de Samsung Electronics, a adressé un message d’alerte à ses équipes. « Samsung fait face à une question de vie ou de mort. Nous devons mener une réflexion approfondie au plus haut niveau », aurait déclaré Lee Jae-yong dans un message vidéo selon le média coréen Yonhap News. « Nous devons investir pour l’avenir, même si cela implique de sacrifier les profits immédiats », poursuit-il.
Samsung : la crise que personne n’a vu venir
Numéro 1 mondial dans de très nombreuses catégories, Samsung est la plupart du temps présenté comme un géant intouchable de la tech. Le constructeur coréen est présent sur tous les secteurs et fournit en composants un grand nombre de ses rivaux. Même si ses ventes sont en baisse sur certains secteurs, il est difficile de voir Samsung comme une entreprise menacée (même si l’entreprise familiale fait régulièrement parler d’elle dans la presse coréenne pour des problèmes de corruption).
Pourtant, les dirigeants du groupe coréen semblent s’inquiéter pour l’avenir de l’entreprise. Le séminaire, qui avait pour thème de « restaurer l’identité de Samsung », portait sur l’urgence de revenir aux fondamentaux de l’entreprise. Sur une carte de visite offerte aux collaborateurs haut placés, Samsung écrivait : « Les employés Samsung sont forts en temps de crise, habiles dans les retournements et féroces dans la compétition », en guise de consigne à suivre pour relancer la marque.

Pourquoi la direction de Samsung est-elle si inquiète ? Parce que les ventes de la division grand public ralentissent dans un contexte de plus en plus compliqué. Les marques chinoises gagnent en parts de marché et deviennent toujours plus fortes technologiquement, et le public change progressivement ses habitudes. Les parts de marché de Samsung sur des secteurs stratégiques comme les téléviseurs (de 30,1 % à 23,3 %), les smartphones (de 19,7 % à 18,3 %) et les puces mémoire (de 42,2 % à 41,5 %) diminuent, ce qui inquiète sa direction. Plus généralement, Samsung a pris du retard sur certains marchés, comme la conception de puces pour l’IA, alors qu’il a toujours su être en avance sur la demande jusque-là. La place de leader est-elle montée à la tête de Samsung ?
D’une année sur l’autre, Samsung s’attend à voir son bénéfice opérationnel reculer de plus de 20 %. L’entreprise semble vouloir préparer un rebond en alertant sur cette mauvaise santé, même si ses chiffres restent évidemment très convenables. C’est plus sur le long terme que Samsung s’inquiète : l’entreprise a-t-elle les moyens de résister au rouleau compresseur chinois, tout en se préparant à d’éventuelles tensions géopolitiques, qui verraient les États-Unis se fermer à la technologie coréenne ? Samsung est encore loin de « la mort », mais ne veut pas la laisser s’approcher sans réaction.
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