Apple et la Commission européenne, c’est une grande histoire d’amour…
Avec le Digital Markets Act, son règlement sur les pratiques concurentielles des géants du web, l’Europe a pris Apple pour cible. Il faut dire que la marque californienne, avec son approche fermée et propriétaire, représente tout ce que les commissaires européens n’aiment pas (et ne comprennent pas). Apple est sans le moindre doute la marque qui a dû faire le plus de changements : les iPhone européens peuvent installer des applications en dehors de l’App Store (dont des logiciels pornographiques), contourner Apple Pay pour les paiements, supprimer toutes les applications système, supprimer Safari et Google et remplacer des logiciels comme Apple Plans par Waze ou Google Maps. En représailles, Apple bloque plusieurs fonctions en Europe.
Le 19 mars 2025, Apple a informé plusieurs médias européens, dont Numerama, de ce qu’il se considère comme une nouvelle attaque ciblée de la Commission europenne. Apple a désormais l’obligation d’ouvrir iOS et iPadOS à ses concurrents, qui vont pouvoir accéder à certaines données jusque-là chiffrées. Dans un communiqué publié le même jour, l’Europe a confirmé sa volonté de forcer Apple à rendre ses appareils intéropérables.
L’Europe veut que les concurrents d’Apple ait accès à toutes les technologies de l’iPhone
En décembre 2024, la Commission européenne avait annoncé l’ouverture d’enquêtes sur les pratiques d’Apple vis-à-vis de ses concurrents. L’Europe s’interrogeait sur les raisons qui forcaient Apple à offrir des avantages exclusifs à son Apple Watch, mais à empêcher les montres concurrentes d’accéder à certaines données, comme les notifications.
Apple répondait par l’argument de la vie privée : si un géant comme Meta ou Google accède aux autorisations système de l’iPhone, il pourrait dérober les données personnelles d’un utilisateur pour son business publicitaire. La marque, qui a fait de la confidentalité de ses données un de ses principaux arguments marketing, ne peut pas tolérer ces changements.

Dans son rapport du 19 mars, la Commission européenne a décidé de suivre les demandes des concurrents d’Apple, afin de favoriser la création de solutions rivales. Si certaines demandes ont été abandonnées (comme l’ouverture des protocoles AirDrop et AirPlay aux autres marques), d’autres devront être exécutées par Apple, s’il souhaite respecter le DMA :
- Apple va devoir ouvrir son système de notifications, aujourd’hui chiffré, aux autres marques. Pour que les notifications de votre iPhone soient lues par un casque Meta Quest ou une montre Samsung, la marque devra créer un système pour qu’un développeur tiers accède à ces données.
- L’iPhone doit s’ouvrir aux montres connectées, écouteurs et téléviseurs concurrents. En plus des notifications, l’UE réclame des meilleurs transferts avec du Wi-Fi direct, l’accès au NFC et une configuration automatisée.
- Les réglages du Wi-Fi, aujourd’hui exclusifs à Apple, vont pouvoir être contrôlés par d’autres applications. Apple prévient que cela pourrait permettre à certains développeurs malintentionnés de surveiller leurs utilisateurs.
- Apple, qui a l’habitude de faire peur à ses utilisateurs avec des messages très stricts sur les autorisations, ne devra pas se mettre entre le développeur et l’utilisateur. L’application pourra présenter une demande à sa guise.
- Apple devra donner de la documentation technique à ses concurrents, pour lui expliquer comment fonctionnent ses propres technologies.
- Toutes les nouveautés d’Apple devront être accompagnées d’une API pour les développeurs tiers dès leur sortie. Apple aura l’obligation de proposer toutes ses nouveautés à ses concurrents.
Apple indique qu’il devra se conformer à ces changements rapidement, a priori dès iOS 19.0 cet automne. La marque indique que changements pourraient être intégrés dans un second temps, dans iOS 19.2 et dans de futures versions prévues pour 2026 notamment.
Décaler des fonctions d’iOS 19 en Europe : Apple prévient des conséquences
Apple est particulièrement remonté par les décisions de la Commission européenne qui, malgré la formation d’une nouvelle équipe, semble poursuivre son agenda anti-GAFAM. La marque affirme une nouvelle fois que cette vision risque de freiner complètement l’innovation en Europe en incitant les grandes marques à se retirer et les petites à se contenter de piquer les fonctions des grandes. L’argument de la vie privée est essentielle dans sa communication : Apple, comme elle l’a fait au Royaume-Uni sur la question du chiffrement, veut convaincre les Européens que ces changements ne peuvent que leur apporter des mauvaises choses. Il faut évidemment nuancer certains propos : la marque disait pareil sur les précédents changements du DMA, qui ont eu un impact plus limité que prévu, puisqu’Apple a mis de nombreuses barrières.
Comme elle l’a fait ces derniers mois, notamment avec Apple Intelligence, Apple prévient qu’une des conséquences des demandes européennes sera un retard entre ses lancements internationaux et l’arrivée de nouvelles fonctions en Europe. Si Apple doit tester chaque fonctionnalité sur des appareils concurrents, alors elle perdra en souplesse. La marque dénonce des « lourdeurs administratives » qui la conduiront sans doute à retirer des fonctions de ses futures mises à jour, comme iOS 19, dans l’Union européenne.

« Les décisions d’aujourd’hui nous encombrent de lourdeurs administratives, freinant la capacité d’Apple à innover pour les utilisateurs européens et nous obligeant à offrir gratuitement nos nouvelles fonctionnalités à des entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes règles. Cela est néfaste pour nos produits et pour nos utilisateurs européens. Nous continuerons à travailler avec la Commission européenne pour l’aider à comprendre nos préoccupations au nom de nos utilisateurs », indique Apple dans un communiqué partagé à Numerama.
Il est probable que les tensions entre Cupertino et l’Europe grimpent encore plus dans les prochains mois, alors que la Commission européenne enquête sur les autres pratiques de la marque.
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