Malgré un ralentissement de sa croissance en fin d’année 2024, Free se porte très bien. Le 25 mars 2025, Iliad, sa maison mère, accueillait quelques journalistes dans ses locaux parisiens pour présenter ses derniers résultats annuels. Numerama était présent. Au programme : « une année record », avec une croissance sur de nombreux marchés (Iliad est présente dans 17 pays, avec 112 millions d’abonnés en total). En France, Free a vu son chiffre d’affaires passer de 6,04 à 6,534 milliards d’euros (+ 8,2 %). L’opérateur revendique désormais 23 millions d’abonnés en France, soit un tiers de la population.
Des chiffres en croissance : Free porté par la 5G et la Freebox Ultra
Au total, Free a gagné 668 000 d’abonnés en 2024. Une jolie performance expliquée par ses deux activités :
- Free Mobile est le grand gagnant, avec 513 000 nouveaux clients.
- Free, en tant qu’opérateur fibre, a gagné 155 000 abonnés.
Dans les deux cas, Free revendique la croissance la plus forte du secteur. L’opérateur s’admet boosté par la Freebox Ultra, sa nouvelle box haut de gamme avec Netflix, Disney+ et Canal+ inclus et du Wi-Fi 7 : « La Freebox Ultra est un carton commercial, probablement parce qu’on a coché toutes les cases », explique fièrement Nicolas Thomas, le directeur général de Free. L’entreprise met aussi en avant la clarté de ses offres, qui ne cessent de gagner en services. Free rappelle qu’il a augmenté deux fois le volume de 5G dans son forfait mobile, sans toucher au prix. L’arrivée de la 5G SA, sept mois avant Orange et sans supplément tarifaire, a aussi joué.
Selon des chiffres partagés par Nicolas Thomas, le directeur général de Free France, le nombre de sites 5G s’est agrandi en 2025, passant de 26 100 à 28 400. L’opérateur revendique une couverture 5G entre 94 et 95 % du territoire, sans préciser le pourcentage de sites avec des antennes 3,5 GHz (les plus performantes) et celles en 700 MHz (de la 4G recyclée). L’opérateur aurait moins de 9 000 antennes haute performance selon RNC Mobile, soit moins de la moitié de ce qu’il revendique en 5G.
« La Freebox Ultra est un carton commercial, probablement parce qu’on a coché toutes les cases »
Nicolas Thomas, DG de Free France
Iliad : « une entreprise tech » qui ne fait pas que des télécoms
Dans le secteur des télécoms, Free dispose d’une notoriété rare. Ses abonnés ne sont pas là que pour avoir Internet, mais ont aussi un vrai attachement à la marque. L’entreprise cultive depuis des années cette image d’enfant rebelle, qui lui permet de bénéficier d’une popularité sans équivalent en France.
« Nous sommes une entreprise tech », explique Aude Durand, la numéro 2 du groupe Iliad, lorsqu’elle décortique le succès de Free. Contrairement aux autres opérateurs, qui ont surtout une expertise télécom, Free développe son propre matériel, conçoit ses propres interfaces (Oqee sur la télé), a mis en place sa propre plateforme de paiement et internalise beaucoup de choses. L’opérateur revendique, par exemple, être « un peu allergique aux consultants » : il préfère faire confiance à ses équipes.
Autre raison du succès de Free : l’opérateur sait créer l’événement. Aude Durand mentionne notamment la stratégie des lancements, qui prennent la forme de keynotes façon Apple. Son agressivité sur le marketing est aussi étonnante : Free se veut politiquement incorrect, avec un budget deux fois inférieur à celui d’Orange. Les publicités pour Reef, le faux opérateur qui se moque des pratiques des autres, s’inscrivent parfaitement dans cette ligne. Enfin, Free n’a qu’une seule marque. Il ne cache pas ses produits abordables derrière une « identité low-cost », comme ses rivaux (Sosh, Red, B&You…).
Après avoir intégré Le Chat Pro de Mistral gratuitement à ses forfaits mobiles (une opération « sans plan machiavélique » s’amuse Free, qui parle d’une opportunité commerciale), le groupe Iliad compte poursuivre sa stratégie IA en 2025. D’abord, avec Scaleway, son acteur cloud qui ne cesse de monter en puissance, mais aussi avec Kyutai, son laboratoire d’innovation, et Opcore, qui fabrique des centres de données. L’entreprise compte investir 2,5 milliards d’euros dans cette activité, alors que la demande pour la puissance de calcul, notamment en Europe, risque d’exploser.
Sur les télécoms, Free n’a rien à annoncer pour l’instant. Interrogé par Numerama sur une éventuelle remplaçante de la Freebox Révolution en 2025, alors que la box s’apprête à fêter ses 15 ans, l’opérateur laisse la porte ouverte : « On l’aime beaucoup, mais on aime continuer à innover. Voyons ce que l’avenir nous réserve. »
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