En imposant 104 % de tarifs douaniers à la Chine et en exigeant d’Apple la fabrication des iPhone aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump ne réalise pas à quel point il empoisonne la plus grande capitalisation boursière du pays. En quatre jours, Apple a perdu 23 % de sa valeur et la chute risque de continuer.

Avec ses surtaxes douanières, Donald Trump a déclaré une guerre économique au monde entier. Tous les produits importés aux États-Unis vont voir leurs prix s’envoler, ce qui pourrait bien perturber l’intégralité du commerce mondial. Une des premières conséquences de cette décision controversée, que le clan républicain ne soutient pas toujours (Elon Musk est fâché avec Donald Trump), est un effondrement des bourses du monde entier. À moyen terme, les prix des produits fabriqués à l’étranger pourraient s’envoler aux États-Unis, puis dans les autres pays. Il est probable que les marques répercutent ces hausses gigantesques partout, pour lisser les dégâts.

Donald Trump a provoqué un chaos mondial, mais semble convaincu que sa décision est la bonne. La preuve : il continue d’en faire plus, notamment en ciblant tous les pays qui osent lui répondre. Le dernier exemple en date est la Chine, qui a répliqué aux États-Unis avec sa propre surtaxe (84 % !). Le président américain a décidé de rajouter 50 % de frais de douane au pays, en hissant sa surtaxe douanière à 104 %. Un choix économiquement contestable, qui pourrait doubler les prix de tout ce qui est fabriqué en Chine.

Apple est le plus grand perdant des surtaxes douanières pour l’instant

Depuis le 2 avril, date de présentation des surtaxes douanières, Apple a perdu 23 % de sa valeur boursière. Une chute d’autant plus vertigineuse que l’entreprise souffrait déjà des précédentes mesures économiques de Trump : Apple a perdu 30 % de sa valeur depuis le début d’année. Au total, la marque californienne a vu sa capitalisation boursière perdre plus de 1 000 milliards de dollars en à peine quelques mois, sans que l’administration Trump ne s’en inquiète. Apple est pourtant l’entreprise la plus puissante des États-Unis, celle que les précédents gouvernements ont toujours choyée.

La chute de l'action Apple en seulement 5 jours est vertigineuse. Jamais la marque n'avait perdu autant en si peu de temps.
La chute de l’action Apple en seulement 5 jours est vertigineuse. Jamais la marque n’avait perdu autant en si peu de temps. // Source : Capture Numermaa

Comment expliquer cette chute ? Si la quasi-totalité des entreprises s’effondre à cause de Donald Trump (notamment dans le secteur automobile), Apple est l’exemple parfait du business condamné à la catastrophe à court-terme si les tarifs douaniers sont appliqués. En cause : ses produits sont assemblés dans le monde entier, avec une partie majeure de la production en Chine.

Tous les produits fabriqués par Apple vont soudainement coûter une fortune à importer aux États-Unis, ce qui pourrait provoquer des hausses de prix inédites, de trois ou quatre chiffres. Il est difficile d’imaginer la marque absorber ces différences avec sa marge : les consommateurs vont payer, ce qui diminuera sans doute ses ventes. Autre problème : l’Europe menace de taxer les GAFAM en représailles, tandis que la Chine met en place ses propres surtaxes douanières, qui pourrait affecter l’activité locale de la marque.

Aujourd’hui, Apple fabrique dans les pays suivants :

  • Chine : 104 % de taxes douanières (10 % de tarif de base + 34 % de tarif supplémentaire + 10 % de tarif préexistant + 50 % de surtaxe en réaction à la décision chinoise).
  • Vietnam : 46 % de taxes douanières (10 % de tarif de base + 36 % de tarif supplémentaire).
  • Inde : 26 % de taxes douanières (10 % de tarif de base + 16 % de tarif supplémentaire).
  • Brésil : 10 % de taxes douanières (uniquement le tarif de base)
  • Irlande : 20 % de taxes douanières

Ironiquement, Apple avait anticipé les risques d’une administration hostile à la Chine en délocalisant une partie de sa production au Vietnam et en Inde. Ce qu’elle n’avait pas anticipé est que l’administration Trump ciblerait le monde entier dans le but de ramener toute la production mondiale aux États-Unis, ce qui est évidemment impossible. Donald Trump est en train de tuer la mondialisation, alors que l’iPhone est une de ses meilleures réussites.

TIm Cook  // Source : Maison-Blanche
Durant le premier mandat de Trump, Tim Cook s’était illustré comme un des rares patrons de la tech à savoir manier la Maison-Blanche. // Source : Maison-Blanche

Donald Trump demande à Apple de fabriquer les iPhone aux États-Unis

En réaction aux surtaxes douanières, et face à son incapacité à négocier avec Donald Trump, Apple aurait dépêché cinq avions vides en Inde et en Chine pour importer un maximum d’iPhone avant que les nouveaux tarifs entrent en vigueur, selon The Times of India. Un moyen de s’offrir du répit en espérant que Donald Trump, face à la perspective d’une crise mondiale, renonce à taxer le monde. C’est aussi un moyen de décaler au plus tard possible une inévitable augmentation des prix grand public. On peut imaginer que la marque attendra septembre et les iPhone 17 pour jouer cette carte empoisonnée.

La Maison-Blanche peut-elle épargner Apple en lui offrant une exonération de taxes, comme elle l’avait fait lors du précédent mandat de Donald Trump ? Le discours officiel n’est plus le même en 2025. Le 8 avril, Karoline Leavitt, la responsable de la communication de Donald Trump, a donné un ultimatum étrange à Apple : fabriquez aux États-Unis ou payez. Les États-Unis semblent convaincus qu’Apple, avec tout son argent, pourra facilement ramener la production des iPhone en Amérique. C’est évidemment faux, comme Steve Jobs et Tim Cook n’ont cessé de le répéter ces quinze dernières années. La fabrication d’un iPhone n’est pas qu’une question d’argent, mais aussi une question de savoir-faire. Un tel changement nécessiterait dans tous les cas plusieurs années, avec des produits vendus au double de leurs prix d’ici là.

Autre problème : les composants sont fabriqués dans plusieurs dizaines de pays. Un assemblage aux États-Unis, avec des surtaxes douanières sur les puces ou les écrans, ne ferait qu’augmenter encore plus les prix. On peut aussi imaginer des conséquences géopolitiques pour Apple qui perdrait le marché chinois s’il venait à faire le jeu de Donald Trump.

Étape 1 de Daisy. Son bras attrape ici un iPhone, avant de retirer ses vis et son écran. // Source : Numerama
Apple a déjà des usines automatisées aux États-Unis, mais elles ne fabriquent pas des iPhone à la chaîne. // Source : Numerama

En l’état, pour remporter son bras de fer politique, Donald Trump semble complètement sacrifier la plus grande entreprise des États-Unis. Apple ne risque pas seulement l’écrasement dans son pays domestique, mais aussi des punitions des pays étrangers pour heurter la Maison-Blanche. Les taxes de la Chine et des États-Unis vont l’écraser des deux côtés, sans perspective d’apaisement pour l’instant. Apple a les ressources pour résister pendant de longs mois, mais à quel prix ?

Source : Numerama

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