C’est une ouverture du feu qui rappelle à quel point la mer Rouge demeure une zone maritime dangereuse, dans laquelle il n’est pas rare de constater des tirs de roquettes et de missiles, de croiser des embarcations pirates ou de devoir faire face à des drones navals et aériens. Des menaces variées, qui nécessitent parfois une réponse militaire.
C’est exactement ce qu’il s’est joué ces jours-ci, comme l’a révélé dans la soirée du 17 avril 2025 le ministre des Armées français Sébastien Lecornu. Sur X (ex-Twitter), il a révélé l’engagement d’une frégate de la Marine nationale qui se trouvait dans les parages. Sa cible : « un drone tiré depuis le Yémen », un pays situé à l’extrémité de la mer Rouge.
Une vidéo montre l’engagement de la cible et sa destruction. Plusieurs tirs d’un canon situé à l’avant du navire et, à quelques kilomètres de là, un point qui s’illumine dans le ciel. Le drone, touché, qui explose, avant de chuter dans la mer. « Cible détruite ! Cible détruite ! », entend-on sur la passerelle de commandement.
La mer Rouge, zone de danger pour le trafic maritime
Les circonstances de ce contact sont floues à ce stade. De façon générale, les drones navals et aériens sont devenus une menace sérieuse pour tout le trafic maritime à certains endroits du monde. Le golfe d’Aden, en particulier, est une région périlleuse, en raison des activités de piraterie et de l’activité militaire du Yémen, qui a une longue façade maritime.
Le message du ministre survient alors que l’armée américaine a confirmé une série de bombardements au Yémen, le 17 avril. Les attaques ont notamment ciblé un port pétrolier contrôlé par les houthistes. Les frappes commandées par Washington sont désormais presque quotidiennes contre leurs bases, pointe Le Monde.
Axe crucial pour le commerce mondial, la mer Rouge est devenu aussi un terrain d’affrontement entre puissances régionales — l’Iran et l’Arabie saoudite en tête — et le théâtre d’influence de puissances mondiales, comme les USA. Quant aux houthis, alliés de l’Iran, ils sont perçus comme un levier par Téhéran pour conduire des actions par procuration.

Pour les pays européens, la zone est également stratégique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la frégate française se trouvait sur place. Elle permet ainsi d’escorter des navires civils, à travers l’opération européenne Aspides, qui consiste à faire patrouiller des bateaux de guerre en mer Rouge, dans l’océan Indien et autour de la péninsule arabique.
Le type de frégate qui a fait feu contre le drone aérien n’est pas précisé, mais la vidéo partagée par le ministère des Armées sur X suggère qie c’est une frégate multimissions, compte tenu de l’apparence de la proue et de la tourelle de 76 mm à l’avant. On voit d’ailleurs une frégate de ce type sur la photo révélée par l’opération Aspides.
Plutôt le canon que le missile pour abattre un drone
Ce modèle de frégate embarque un armement varié. Pour les menaces venues du ciel, le bateau peut engager son canon de 76 mm, qui est l’option la plus économique. Si la menace est beaucoup plus proche, il est possible aussi de mobiliser des canons téléopérés de 20 mm, et même des tireurs sur les coursives extérieures, si le péril est tout près.
En cas de besoin, une frégate de type FREMM peut aussi mobiliser des feux plus puissants, comme des missiles Aster 15 ou Aster 30. Ceux-ci visent les menaces plus lointaines (la portée du canon de 76 mm n’excède pas les 8 km, là où les missiles peuvent couvrir plusieurs dizaines de km, selon ce qui est visé). Ils sont toutefois réservés plutôt pour les menaces très graves.
La Marine nationale préfère éviter de consommer ce type d’arme, qui coûte entre 1 à 1,4 million d’euros l’unité, pour abattre des drones dont le prix n’est que de quelques milliers d’euros. Cependant, il sera toujours préférable de tirer un missile Aster cher s’il s’agit de protéger un navire encore plus cher — comme une FREMM.
Pour éviter toutefois de consommer des missiles qui visent plutôt à abattre des avions ou des missiles, la Marine nationale réfléchit à durcir l’armement de sa flotte. Il pourrait s’agir d’une artillerie renforcée, pour épauler le canon de 76 mm. À plus long terme, on parle aussi de tirs de laser ou bien de canons électromagnétiques.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez la communauté Numerama sur WhatsApp !