C’est peut-être un nouveau revers pour Donald Trump : les entreprises chinoises semblent parvenir à se dégager graduellement de l’influence de Nvidia et de ses puces spécialisées dans l’intelligence artificielle (IA) pour entraîner leurs grands modèles de langages (LLM). C’est en tout cas ce que revendique iFlytek, une société de reconnaissance vocale, en ne comptant que sur des puces de Huawei.
Entraîner des IA avec des puces Huawei : c’est possible
Depuis l’envolée de l’IA générative, Nvidia a gagné énormément d’argent, jusqu’à devenir l’une des entreprises les plus valorisées du monde. Elle a su se positionner sur le terrain de l’intelligence artificielle en fournissant des puces dédiées très performantes. Mais d’autres fabricants tentent de gagner des parts dans un marché qui explose, dont Huawei.

Comme l’a rapporté le South China Morning Post, l’entreprise iFlytek a réussi à entraîner son modèle Xinghuo X1 avec la puissance de calcul des puces de Huawei. Selon elle, son LLM égale les performances de GPT-o1 d’OpenAI et de DeepSeek-R1. iFlytek dit avoir collaboré avec Huawei afin de pallier des faiblesses spécifiques des puces chinoises. Lors d’une conférence téléphonique avec des investisseurs, le fondateur et président d la société, Liu Quingfeng, a estimé que la puce Ascend 910B de Huawei atteint 80 % des performances d’une puce Nvidia équivalente. En 2018, c’était seulement 20 %.
Toujours selon l’intéressé, développer des LLM avec une infrastructure made in China est un filet de sécurité pour son entreprise, et aussi une garantie de ne pas avoir de ruptures d’approvisionnement avec l’étranger. Cela, avec le concours des autorités. D’ailleurs, l’actionnariat de cette entreprise est composé en partie d’investisseurs publics.
De façon plus générale, les entreprises chinoises tentent de s’émanciper davantage de leurs homologues américains, d’autant plus à l’heure d’un découplage des économies américaine et chinoise.

Donald Trump pousse indirectement la Chine à s’émanciper
Mi-avril, Donald Trump a annoncé que Nvidia devrait désormais avoir une licence pour exporter l’une de ses puces les plus populaires, la H20. Une puce d’IA dédiée au marché chinois, qui était déjà moins puissante que celles que le groupe commercialise aux États-Unis. Une restriction à l’export qui coûterait 5,5 milliards de dollars à Nvidia. Un coup dur, alors que l’entreprise a présenté un plan d’investissement de 500 milliards de dollars aux USA, signe de sa volonté de produire localement, comme le réclame Donald Trump.
Cette licence aura pour effet de fortement limiter les importations de puces d’IA en Chine d’entreprises américaines comme Nvidia ou AMD, également concernée par cette obligation. En voulant mener une guerre commerciale à la Chine, Donald Trump pourrait provoquer un effet indésirable en poussant un peu plus le pays à s’émanciper et à compter sur ses propres forces. Pour un groupe comme Huawei, il a tout intérêt aujourd’hui à se positionner sur le marché chinois grandissant des puces d’IA, vu le boulevard qui s’ouvre.

Huawei tente de saisir l’opportunité par la rivalité entre les deux pays
Alors que la puce H20 de Nvidia est désormais bloquée en Chine, Huawei en profite pour lancer sa puce 910C. Celle-ci combine deux puces 910B dans un seul boîtier. Huawei argue même que son modèle 910C propose des performances « comparables » à la puce H100 de Nvidia, l’une des plus puissantes sur le marché. Dans la pratique en revanche, elle offrirait 60 % des performances d’inférence de la puce H100.
C’est donc moins une révolution technologique qu’une réponse à la demande chinoise en puces. Les premières livraisons sont prévues pour le mois de mai. Huawei a déjà prévu la suite avec la 920B, dont la production à grande échelle devrait débuter en fin d’année.
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