La mise en garde est venue du fondateur de Telegram lui-même : si la France ne cesse pas de s’en prendre au chiffrement de l’application, alors il n’y aura pas d’autre choix que de quitter le pays. Voilà la perspective qu’a tracée Pavel Durov, le directeur général du service, dans un message sur son compte Telegram, et dupliqué sur X (ex-Twitter), le 21 avril.
« Je l’ai déjà dit : Telegram préfèrera quitter un marché plutôt que de saper le chiffrement avec des portes dérobées et d’enfreindre les droits humains fondamentaux », a lancé Pavel Durov. « Nous ne troquons pas la vie privée contre des parts de marché, Contrairement à certains de nos concurrents », a-t-il ajouté, sans toutefois les nommer.

Une réaction quelques semaines après les débats sur la loi contre le narcotrafic
Cette prise de parole ne vient pas de nulle part : très récemment, le Parlement français a débattu d’une proposition de loi visant à mieux lutter contre le narcotrafic.
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est fortement impliqué pour tenter de convaincre les parlementaires à l’idée d’instaurer un dispositif d’accès aux messageries sécurisées — sans succès.
Comme le rappelle Pavel Durov, Bruno Retailleau n’a pas obtenu gain de cause, puisque la loi sur le narcotrafic a été finalisée sans cette mesure controversée — une version commune du texte entre l’Assemblée nationale et le Sénat a été trouvée, il reste désormais à l’adopter définitivement.
La position affichée par Pavel Durov sur les réseaux sociaux n’est pas un cas isolé dans le milieu des messageries utilisant le chiffrement de bout en bout — technologie qui se trouvait justement dans le collimateur de Bruno Retailleau. Meredith Whittaker, présidente de la fondation Signal, avait, elle aussi, dressé une même perspective de départ.
L’accès aux messageries chiffrées reste un objectif des autorités
Si Pavel Durov a salué la position des parlementaires français, après leur rejet de cette disposition, il a affiché un certain agacement à voir le sujet revenir sur la table — en l’espèce, via le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui a glissé le 18 avril son souhait de relancer le chantier visant à accéder à certaines « communications cryptées. »

Telegram « n’a jamais divulgué un seul octet de messages privés » en douze ans d’existence, a souligné à ce titre Pavel Durov. Sa coopération avec les autorités, administratives ou judiciaires, limitée jusqu’à présent, s’est accrue ces derniers mois. Mais elle reste cantonnée aux métadonnées (adresses IP, numéros de téléphone…) et conditionnée à un mandat valable.
Contrairement à d’autres messageries, Telegram ne fournit pas par défaut du chiffrement de bout en bout — ce qui ne l’empêche pas d’être quand même l’application favorite des petits criminels du quotidien. L’application a toutefois changé de ton sur la modération pour davantage lutter contre les abus. Mais la fragilisation du chiffrement reste une ligne rouge.
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