Nintendo a enfin trouvé un moyen de bloquer le piratage et le partage de jeux Switch

Après des années d’inaction contre le piratage, Nintendo frappe fort. La mise à jour 20.0.0 de la Switch, disponible depuis le 30 avril 2025, introduit le fameux système de cartes de jeu virtuelles présenté en mars. Il s’agit d’une nouvelle mécanique pour les jeux dématérialisés : elle met en place un système de licence pour démarrer un jeu virtuel, comme s’il s’agissait d’un jeu physique (la licence remplace la cartouche). Nintendo le présente comme un meilleur moyen de prêter ses jeux à un ami, mais il s’agit aussi et surtout d’un moyen d’encadrer strictement le partage de jeux.

Avec ce nouveau système, Nintendo enterre le concept de console principale et de console secondaire, que PlayStation et Xbox utilisent encore. Tous les jeux dématérialisés sont logés à la même enseigne, au risque de créer de grandes frustrations après l’installation de la mise à jour. Les cartes de jeu virtuelles ont aussi une conséquence sur le piratage : tout le fonctionnement actuel est remis en cause, puisqu’un jeu dématérialisé ne s’ouvre plus que si une cartouche virtuelle est reliée à un compte Nintendo.

Nintendo encadre le partage d’un jeu dématérialisé avec des règles inédites

Avant la mise à jour 20.0.0, les jeux dématérialisés fonctionnaient chez Nintendo comme chez les autres constructeurs. Il était possible de connecter plusieurs comptes Nintendo à sa console et de télécharger l’intégralité de leurs catalogues respectifs. La marque utilisait un système de console principal et de consoles secondaires pour limiter les abus :

• Console principale : une seule console par compte pouvait accéder aux jeux dématérialisés sans connexion Internet. Tous les utilisateurs de la console avaient accès aux jeux du compte.
• Console secondaire : toutes les consoles connectées à un compte pouvaient installer ses jeux, mais il fallait systématiquement une connexion Internet pour les lancer. Il était aussi impossible de lancer un jeu sur un autre profil que celui de l’acheteur.

Avec la mise à jour 20.0.0, Nintendo débranche le système de console principale/secondaire, qui est totalement retiré de la console. Il devient obligatoire de configurer des cartes de jeu virtuelles pour lancer des jeux achetés sur le Nintendo eShop, peu importe le compte utilisé.

Avec le nouveau système, une seule personne dispose d’une « autorisation » pour lancer un jeu dématérialisé. Ces autorisations peuvent être consultées depuis le nouveau menu Cartes de jeu virtuelles de l’écran d’accueil. Il n’y a plus de console principale et de console secondaire, tout le monde est logé à la même enseigne. Un seul compte peut désormais installer des jeux sur des consoles différentes, mais chaque jeu est limité à une seule console. Un fonctionnement difficile à comprendre, mais qui ressemble globalement à celui des cartes physiques. Sans la cartouche : pas de jeu.

Dans certains cas, ce nouveau fonctionnement simplifiera la vie des personnes qui partagent leurs jeux. Dans d’autres, les cartes de jeu virtuelles pourraient devenir un cauchemar. Prenons un exemple précis : deux amis qui jouent au même jeu (console principale et console secondaire) avec un seul achat. Avec le nouveau système, un des deux doit y renoncer pour que l’autre y joue (ou doit attendre que le premier le termine). Il doit éjecter sa carte virtuelle et l’autre doit l’insérer, grâce à Internet.

Autre complication : la transition entre la version 19.0 et la version 20.0 pourrait être délicate. En voulant lancer un jeu acheté sur un compte autrefois secondaire sur notre Nintendo Switch, nous avons eu droit à un message d’erreur embêtant « Une autre console Nintendo Switch est actuellement désignée comme console principale pour votre compte Nintendo. Mettez cette autre console à jour ».

Avec l’ancien fonctionnement, le jeu se serait lancé sans broncher, après une vérification Internet. Avec le nouveau, il faut d’abord mettre à jour l’autre console, éjecter la carte, puis l’insérer dans l’autre Switch. Un petit enfer qui peut heureusement se résoudre en déclarant la perte de l’autre console, ce qui permet de bypasser le système actuel et de forcer l’installation de la carte virtuelle. Une fois la carte « insérée », le jeu peut même démarrer sans Internet, ce qui n’était pas le cas avant.

Le piratage menacé par la mise à jour 20.0.0 ? Probablement pas, mais il faut tout changer

Pourquoi avoir mis en place un système en apparence si compliqué ? Nintendo a peut-être une autre idée en tête : embêter les hackers, qui ont mis en place de très nombreux moyens de pirater les jeux Switch et leurs extensions depuis 2017.

Aujourd’hui, une Switch piratée peut installer des jeux dématérialisés sans aucune vérification et sans compte Nintendo. Il suffit d’installer un fichier extrait d’une cartouche ou de l’eShop et de lancer le jeu.

Avec la mise à jour 20.0.0, l’ancien fonctionnement est retiré de la console. Le lancement d’un jeu dématérialisé vérifie systématiquement la présence d’une carte de jeu virtuelle, ce qui est impossible sans compte Nintendo authentique. Tous les jeux piratés sont alors bloqués, avec l’impossibilité d’en installer d’autres. Sans le logo en forme de cartouche, un jeu n’est plus valable.

Nintendo a-t-il définitivement résolu le problème du piratage de la Switch ? C’est peu probable, au vu des très nombreuses vulnérabilités de la console.

Dans un live Twitch diffusé dans la matinée du 30 avril, les hackers derrière les logiciels de débridage de la console ont déjà commencé à partager leurs avancées sur le firmware 20.0.0. Ils trouveront probablement un moyen de mimer des cartes de jeu virtuelles, ce qui restaurera le piratage. En attendant, Nintendo prépare sans doute le terrain pour sa future console, en ajoutant une sécurité importante contre les pirates.

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