Ian Clarke et son collègue Oskar Sandberg sont en train d’appliquer et de programmer la « théorie des 6 degrés de Stanley Milgram » qui date de 1967, développée dans son étude « the small world experiment« . Ne partez pas, c’est rigolo ! :-)
Dans cette expérience psychologique parue en 1967 dans le journal « Psychology Today » (« The Small World Problem »), Stanley Milgram a demandé à 60 individus d’envoyer une lettre à quelqu’un de strictement inconnu (pas de nom ni de prénom), avec seulement quelques indices écrits sur la lettre… Par exemple : « à remettre à la femme d’un excellent étudiant vers Cambridge ».
60 lettres furent transmises de la main à la main (jamais par la poste) de personnes qui ne se connaissaient que par relations. Et… 3 ont trouvé leur destinataire !
En étudiant finement le trajet de ces lettres, Stanley Milgram s’aperçu qu’elles avaient juste changé 6 fois de mains…
6 fois !
Pour établir un contact entre nous et une personne inconnue, il ne suffirait donc que de 6 personnes se connaissant juste entre elles. Par exemple, moi et mon épicière, l’épicière et son banquier, le banquier et son patron américain, le patron américain avec son fils étudiant à Harvard, l’étudiant de Harvard avec un étudiant de cambridge, l’étudiant de Cambridge connaissant la femme de l’excellent étudiant de cette université…
Si chaque individu connaît 50 personnes, et discutent entre elles d’un même sujet (exemple : une bonne blague), ce sujet peut théoriquement être connu par 50*50*50*50*50*50 personnes, soit 15.625.000.000 individus.
Comme la Terre n’en connaît actuellement que 6,477 milliards, cela doit être largement suffisant pour acheminer une lettre de ce type à bon port (et par la même occasion entendre au moins deux fois la même blague par deux personnes différentes).
D’où la théorie des 6 degrés, (entre moi et un inconnu, il n’y a que 6 relations de personne à personne). D’où la théorie du « petit monde ».
Cette théorie fut affinée et transposée dans le monde de l’informatique par
D. Watts et S. Strogatz (« Collective dynamics of small-world networks », Nature 393, 1998). C’est la solution qu’emploieront Ian Clarke et Oskar Sandberg pour que Freenet amène à bon port des données entre ordinateurs qui ne se connaissent pas entre eux.
Le routage des données des réseaux P2P pourrait être plus performant, rapide et sécurisé grâce à cette notion.
Tout ceci grâce à une expérience de 1967 sur les relations humaines.
Le P2P est toujours étonnant…
Comme Léonard de Vinci examinait les oiseaux puis leurs ailes pour tenter d’imaginer puis d’inventer une « aile volante », d’autres examinent nos relations sociales et tentent de l’appliquer au monde de l’informatique.
Le P2P deviendrait-il de plus en plus social de par sa conception comme de par son utilisation ?
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