Bram Cohen a véritablement pris conscience du pouvoir commercial de son réseau BitTorrent, le réseau P2P le plus utilisé au monde. Selon MercuryNews, sa récente société BitTorrent serait en discussion avec des studios d’Hollywood qui souhaitent exploiter le potentiel du logiciel…

Il est maintenant derrière nous, le Bram Cohen dont Clive Thompson avait réalisé un long et très riche portrait dans le magazine Wired. Ca n’était pourtant qu’en janvier dernier, mais depuis Bram Cohen semble s’être débarassé de son syndrôme d’Asperger (une sorte d’autisme) et s’être plongé dans le monde des affaires. Deux évènements avant-coureurs nous ont déjà montré récemment l’évolution dans les convictions et les habitudes du personnage : la décentralisation des trackers dans la dernière version beta de BitTorrent, et l’ajout d’un moteur de recherche sur le site officiel.

Jusqu’à ces deux changements de tons, BitTorrent avait toujours été conçu par Cohen comme un outil technique mis à la disposition des distributeurs de contenus, pour économiser des frais de bande passante. Il n’était pas question de penser à l’utilisateur en terme de recherche et d’accès aux fichiers. En cela, BitTorrent était un réseau à part dans le petit monde du P2P (voir BitTorrent : un réseau P2P comme les autres ?).

Mais Cohen a changé, sous l’impulsion certainement de Ashwin Navin, le « responsable des opérations » à BitTorrent Inc. L’homme, un ancien de chez Yahoo, connaît le potentiel de son poulain, et souhaite l’exploiter au maximum. Le but est de convertir les dizaines de millions d’utilisateurs de BitTorrent aux services payants qui y seront proposés, et développer le modèle économique de BT bien au delà des dons et des ventes de T-shirts opérés sur le site. La première action de Navin fût ainsi de créer le moteur de recherche en association avec Ask Jeeves, qui leur fournit les liens sponsorisés.

Désormais, le but est de trouver un maximum de partenaires dans la distribution légitime des contenus. Linspire économise ainsi 20.000 dollars tous les mois en utilisant BitTorrent pour distribuer sa version personnalisée du système d’exploitation Linux. Sun fait de même avec son système Solaris, et Blizzard Entertainment exploite un dérivé de BitTorrent pour distribuer ses mises à jour du jeu World of Worldcraft.

Bram goes to Hollywood

Mais l’utilisation la plus importante de BitTorrent, c’est le téléchargement de films. BitTorrent serait en discussion avec deux studios d’Hollywood, et les rapports de Cohen avec la MPAA (l’association américaine des studios de cinéma) seraient « amicaux », selon ses propres termes. Toutefois pour la MPAA, BitTorrent devrait filtrer les contenus échangés par le réseau. « Il y a un tout nouveau marché qui se développe avec des outils de filtrage et il y a des façons de permettre à ces technologies de se développer pour empêcher la violation de droit d’auteur« , indique Dean Garfield, le directeur des affaires juridiques de la MPAA. « Nous sommes confiants que Bram sera partenaire pour faire aller BitTorrent dans cette direction« , ajoute-t-il.

« Bram » ? … les nouveaux complices s’appellent déjà par leur prénom.

Selon Bram, justement, le jugement récent de la Cour Suprême des Etats-Unis (qui a indiqué que seuls sont illicites les réseaux P2P qui se développent en encourageant expressément au piratage) aurait « désormais mis au clair que c’est le piratage qui est mauvais, pas la technologie« .

Pour BitTorrent, ce mouvement signe probablement le début d’une scission dans la communauté des utilisateurs. Le réseau étant open-source, Cohen ne pourra imposer de filtrage ou de liens commerciaux à tous les utilisateurs. Il y a fort à parier que le nom « BitTorrent » sera réservé dans quelques mois au réseau officiel commercial, et qu’un réseau alternatif libre continuera de se développer, sous l’impulsion des développeurs de toute la planète.

Un remake de eMule versus eDonkey ?

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