Arte propose désormais aux internautes de l’aider à traduire dans leur langue certaines vidéos que la chaîne franco-allemande veut diffuser sur sa YouTube anglophone. Mais c’est à l’internaute d’endosser les risques juridiques.
Le fansub est une pratique que l’on a plutôt l’habitude de voir associée au piratage des films et séries TV, et qui fait même parfois l’objet de dépôts de plaintes de la part de studios. Pour offrir rapidement un sous-titrage de qualité, des groupes se sont montés avec une organisation parfaitement huilée, pour transcrire les vidéos d’origine, réaliser une première traduction grossière, et affiner la version finale. Pour peu que l’on ne se jette pas sur les premiers sous-titres venus, le résultat est souvent d’une qualité étonnante, contre laquelle les producteurs sont incapables de rivaliser. Comment faire mieux que vite et gratuit ?
Mais rien ne condamne le fansubbing à rester dans l’illégalité. YouTube propose depuis longtemps un outil de sous-titrage collaboratif, hélas sous-exploité (il faut que les ayants droit l’autorisent), et des producteurs s’y intéressent de plus en plus pour leurs propres vidéos. Ainsi Arte a annoncé (.pdf) la semaine dernière qu’elle lançait une expérimentation des sous-titres collaboratifs.
La chaîne franco-allemande proposait déjà une sélection de programmes sous-titrés en espagnol et en anglais depuis novembre 2015, mais elle souhaite désormais que son offre soit accessible à un maximum de langues de l’Union européenne voire du monde, en misant sur l’esprit de partage de la communauté des fansubbers internationaux. Après validatation par Arte, les vidéos sous-titrées seront mises en ligne sur sa chaîne YouTube ARTE in English.
Le fansubber endosse la responsabilité
Les fansubbers qui souhaitent participer doivent s’inscrire sur un groupe dédié de la plateforme Amara, et accepter au préalable un contrat qui prévoit la cession intégrale et exclusive de tous les droits d’auteur. « Les sous-titres du Fansubber sont destinés à être utilisés par Arte. Dans cette perspective, le Fansubber accepte par la présente de transférer le droit d’auteur de ses sous-titres à Arte », stipule le contrat.
L’internaute autorise Arte à faire ce qu’elle veut des sous-titres fournis, mais il doit d’abord s’engager à respecter la loi, y compris le droit d’auteur, et il s’engage à indemniser Arte « contre toute procédure judiciaire, réclamations ou actions qui pourraient être portées contre lui sur n’importe quelle base, après l’utilisation par Arte des sous-titres, par toute personne qui a participé à la production des sous-titres et par tout tiers qui réclame des droits sur les sous-titres ».
C’est une exigence un peu curieuse, qui n’est pas très risquée dès lors qu’Arte se contente de demander le sous-titrage de ses propres émissions qu’il produit lui-même, mais qui le devient si Arte exploite des extraits audiovisuels sur lesquels il n’a pas les droits. Toute traduction est alors l’exclusivité des titulaires de droits.
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