L’explosion de la fusée Falon 9 le 2 septembre dernier est-elle due à une erreur des équipes de SpaceX, ou à un sabotage ? Jusque là feutrée, cette dernière hypothèse est de plus en plus ouvertement évoquée, et a même donné lieu à au moins une vérification auprès d’un concurrent.

Le 2 septembre dernier, une fusée Falcon 9 de SpaceX explosait sur sa rampe de lancement, lors d’une opération de routine consistant à remplir les réservoirs. À son bord figurait le satellite israélien Amos-6 que devaient louer Facebook et Eutelsat. Les pertes matérielles directes furent évaluées à 200 millions de dollars, mais le préjudice total devra intégrer les coûts indirects pour l’image de marque de SpaceX, l’indemnisation des clients et les retards induits sur ses lancements ultérieurs, qui ont tous été décalés le temps que l’enquête permette de mettre le doigt sur les raisons de l’explosion.

Très vite, Elon Musk avait reconnu qu’il s’agissait de l’échec « le plus difficile et le plus complexe » que SpaceX ait jamais connu depuis ses 14 ans d’existence, et l’entreprise d’aérospatial avait invité le public à soumettre toute photo ou vidéo qui pourrait aider l’enquête.

Publiquement, Musk n’a jamais parlé explicitement de l’hypothèse qu’un sabotage puisse être à l’origine de l’explosion, même s’il l’a parfois laissé entendre à demi-mots. Le 9 septembre dernier, le fondateur de SpaceX disait ainsi qu’il cherchait « en particulier à comprendre le bang plus silencieux entendu quelques secondes avant que la boule de feu se déclenche », en précisant que « ça pourrait venir de la fusée ou de quelque chose d’autre ».

Or le Washington Post nous apprend que SpaceX avait au moins une hypothèse assez précise de ce que pourrait être ce « quelque chose d’autre » — et non, il ne s’agit pas d’une opération menée par des extra-terrestres comme le veut une théorie absurde étrangement populaire…

Parmi toutes les vidéos qu’il a rassemblées, SpaceX a trouvé qu’une ombre étrange apparaissait sur le toit d’un bâtiment situé à plus de 1,5 km de là, suivie d’un point blanc, qui précédait juste l’explosion de la fusée. Or ce bâtiment appartient à United Launch Alliance (ULA), une joint-venture entre Lockheed Martin et Boeing, qui avait le monopole des envois de fusées américaines dans l’espace jusqu’à ce que SpaceX apparaisse avec des prix cassés et séduise la Nasa.

nous avons éliminé toutes les possibilités évidentes pour ce qui s’est passé, donc ce qui reste sont les réponses les moins probables

Des enquêteurs de SpaceX se sont donc rendus sur place, et ont demandé cordialement s’il était possible de monter sur le toit pour vérifier une hypothèse. ULA a refusé l’accès, mais proposé que des enquêteurs de l’US Air Force aillent vérifier. Ces derniers n’ont rien trouvé de suspect, et SpaceX a cordialement expliqué qu’il avait uniquement l’obligation de vérifier et d’écarter toutes les hypothèses.

Mais si un sabotage par ULA était hautement improbable, d’autant plus de manière aussi visible et traçable, le fait que l’explosion ne soit pas due à une erreur technique de SpaceX mais à une intervention extérieure reste une hypothèse ouverte. La semaine dernière encore, Elon Musk est resté très mystérieux en expliquant lors d’une conférence à Mexico où il présentait son projet de transport vers Mars que « nous avons éliminé toutes les possibilités évidentes pour ce qui s’est passé, donc ce qui reste sont les réponses les moins probables ».

Fin septembre, SpaceX a rendu un rapport d’étape de son enquête, qui concluait que l’origine de l’explosion était une brèche dans le système de pressurisation à l’hélium du réservoir d’oxygène liquide. Mais l’entreprise a pris soin d’indiquer que la cause de la brèche restait encore un mystère.

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