Les rumeurs sur un possible rachat de Yahoo par Microsoft refont surface. Mais la firme de Redmond doit affronter la concurrence d’autres acquéreurs potentiels, et connaît surtout des divisions internes sur la stratégie à suivre.

Microsoft serait entré en pourparlers pour racheter Yahoo, revenant dans la course après l’échec des négociations de 2008 et après que Yahoo a annoncé ne plus être opposé à cette option suite au départ de son PDG Carol Bartz en septembre dernier.

La firme de Redmond n’est pas la seule à s’intéresser à Yahoo actuellement. Providence Equity Partners, Hellman & Friedman ou Silver Lake Partners, des fonds d’investissement, ont déjà rencontré l’exécutif de Yahoo. Le géant chinois de l’e-commerce Alibaba ou le Russe DST Global sont également en contact avec le portail.

Suite à ces rumeurs sur l’intérêt de Microsoft, l’action de Yahoo a gagné 10,1% au Nasdaq, terminant la journée de mercredi à 15,92$ l’action. Celle de Microsoft a également gagné 2,2%, terminant la journée à 25,89$. Rien n’est cependant terminé et l’offre pourrait même ne jamais exister, certains cadres de Microsoft n’arrivant pas à se mettre d’accord sur le sujet.

Les troupes de Microsoft divisées sur Yahoo

En effet, une partie de Microsoft veut s’engager, barrant ainsi la route à AOL qui serait également sur le coup. Cela lui permettrait d’asseoir un peu plus sa présence en ligne dans les marchés de la recherche, de l’information ou de la publicité. L’autre camp préfèrerait investir tout cet argent dans une entreprise dont le potentiel de croissance est plus important. En effet, Yahoo est aujourd’hui valorisé à plus de 20 milliards de dollars, bien loin des 44,6 milliards proposés par Microsoft en 2008, mais cette valorisation n’a pas bougé depuis plusieurs années.

Un compromis pourrait être trouvé en réunissant plusieurs acheteurs autour de la table. Cela permettrait en effet à Microsoft de mettre la main sur Yahoo et sur ses activités tout en réduisant le coût de l’acquisition. Mais la rumeur d’accord sino-américano-russe entre Alibaba, DST (déjà présent au capital de Facebook, comme Microsoft) et Silver Lake, qui créeraient une entreprise commune pour acheter Yahoo, se fait de plus en plus présente, coupant l’herbe sous le pied de Redmond.

La bataille sera rude et Microsoft n’y est pas habitué. Jamais l’entreprise n’a eu à gérer de rachat aussi important, ni dans les négociations, ni dans l’intégration qui en découlerait. Même le rachat de Skype pour 8,5 milliards de dollars n’est pas définitivement bouclé et l’intégration du logiciel de voix sur IP n’a pas encore commencé. Microsoft pourrait donc y laisser des plumes.

L’achat de Yahoo, un objectif de longue date

L’acquisition de Yahoo est un objectif de longue date pour Microsoft. Il y a trois ans, le géant des logiciels avait lancé une OPA sur le portail pour environ 44,6 milliards de dollars (environ 34 milliards d’euros), valorisant l’action du groupe d’une surprime de 62 % par rapport à sa valeur de clôture au 31 janvier 2008. La firme avait alors estimé que le rapprochement des deux groupes permettrait des économies d’échelle jusqu’à un milliard de dollars.

En vain. Le conseil d’administration de Yahoo a refusé une dizaine de jours plus tard l’offre de rachat par Microsoft, la jugeant insuffisante. Microsoft proposait, pour acquérir le géant des portails web et de la publicité en ligne, 31 dollars par action. Yahoo en attendait au moins 40. La valeur de l’entreprise aurait été portée à 57 milliards de dollars, soit près de un cinquième de la capitalisation boursière de Microsoft.

Face à l’intransigeance de Yahoo et de ses investisseurs, Microsoft a finalement baissé les bras à la grande satisfaction de Google qui craignait l’émergence d’un rival particulièrement puissant dans la recherche en ligne et la publicité. La firme de Mountain View avait même déposé une contre-offre pour bloquer l’offensive de Microsoft et lui couper l’herbe sous le pied.

Un refus finalement regretté

Sanctionné en bourse, avec une chute de la valeur du titre de plus de 17 %, Yahoo regrettera plus tard d’avoir refusé cette OPA. Jerry Yang, le fondateur du groupe, a déclaré quelques mois tard que « la meilleure chose à faire pour Microsoft est d’acheter Yahoo. Je ne pense pas que c’est une mauvaise idée du tout. Au juste prix, quel que soit le prix, nous sommes disposés à vendre l’entreprise« .

De son côté, Microsoft avait revu ses objectifs en expliquant que  » pour l’instant, Microsoft ne propose pas de nouvelle offre pour acquérir complètement Yahoo, mais se réserve le droit de reconsidérer cette alternative en fonction des futurs développements et des discussions qui devraient avoir lieu avec Yahoo, avec ses actionnaires, ceux de Microsoft ou avec des partis tiers« .

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