Faire longuement la queue devant les contrôles de sécurité, enlever sa ceinture, son portefeuille, ses clés et son téléphone portable, mettre ses bagages sur un tapis roulant, passer devant un scanner corporel qui vous met à nu et sous un portique qui sonne si vous avez un bout de métal au bout de vos chaussures… Tout cela pourrait bientôt devenir de l’histoire ancienne, si les prestataires de sécurité font confiance aux intelligences artificielles pour remplacer en partie les personnels humains.
Le Guardian rapporte ainsi qu’aux États-Unis, plusieurs gares et aéroports vont bientôt tester une solution de fouille virtuelle automatisée, opérée par une intelligence artificielle. L’Union Station de Washington, le métro de Los Angeles et l’aéroport international de Denver devraient en effet tester une solution mise au point par la société Evolv Technology, une startup de Boston.
Cette dernière utilise le même type de scanners à ondes millimétriques que les scanners corporels très controversés qui peuvent faire apparaître l’anatomie d’un passager avec un peu trop de détails, mais l’image n’est plus vue par un humain. C’est une machine incapable d’indiscrétion qui fera le travail, entraînée à détecter des objets suspects tels que des armes, des gilets pare-balle, des grenades, des ceintures d’explosifs ou des couteaux.
Comme souvent en matière d’intelligence artificielle, le système a été nourri de quantités d’images de référence dans lesquelles apparaissaient ce types d’objets, que les agents de sécurité humains savent reconnaître lorsque l’on passe nos bagages sous leurs scanners. Il a ainsi appris à distinguer les caractéristiques communes de toutes ces images, pour repérer les mêmes traits sur de nouvelles images où ils apparaîtraient.
Associé à la reconnaissance faciale
Le système mis au point par Evov, qui a bénéficié en grande partie d’un financement par Bill Gates, serait capable de scanner 800 personnes par heure, soit plus de quatre par minute, sans qu’elles aient besoin d’enlever leurs bagages ou leurs effets personnels. C’est en tout cas ce que devra permettre de vérifier le test en conditions réelles, après des expérimentations réalisées l’an dernier dans les locaux privés du ministère de l’Intérieur américain, ou au siège du FBI à Quantico.
Lors du contrôle, le système est aussi capable d’opérer une reconnaissance faciale pour comparer les visages à ceux des bases de données officielles. En cas de détection de personne recherchée, ou si l’image du scanner analysée par l’intelligence artificielle identifie un danger potentiel, une alerte est affichée sur la tablette de l’agent de sécurité qui peut intervenir pour contrôler plus profondément la personne.
Les portiques de sécurité « intelligents » d’Evolv Technology coûteraient moins chers et prennent moins de place que les solutions déployées jusqu’à présent aux aéroports, ce qui pourrait permettre de les voir à beaucoup d’autres endroits, notamment dans les stades, les stations de métro, ou les immeubles d’entreprises.
Evolv n’est pas la première entreprise à remplacer ainsi une partie des agents et contrôles humains par une intelligence artificielle. En 2014, l’entreprise Radio Physics Solution avait déjà signé un partenariat avec l’Université de Manchester, pour créer un dispositif capable de détecter les objets menaçants portés par les individus, jusqu’à 20 mètres de distance, à l’aide d’un scanner portatif.
Le scanner fonctionne comme un radar ultra-précis qui balaye le corps de l’individu pour modéliser le relief et la matière des objets portés sous les vêtements. Les informations sont alors traitées de la même manière, par des algorithmes qui interprètent les données pour deviner quel type d’objet est transporté, et alerter les services de sécurité si l’objet présente une menace.
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