Si l’on suit le discours des majors de l’industrie du disque, il se vend de moins en moins de CD depuis qu’Internet a envahi le salon des consommateurs. Et il est vrai qu’avec le Peer-to-Peer, les audioblogs et l’iPod, la musique enregistrée semble perdre de plus en plus de valeur monétaire aux vues du public. La seule réponse viable des majors pour le moment a été de baisser le prix de vente au public, ce qui en France s’est soldé par une baisse du chiffre d’affaires (-2,7% sur le gros), malgré une hausse du nombre de CD vendus (+5,1%).
Ce paradoxe, l’industrie s’apprête à le subir de plein fouet et à le voir s’accentuer si elle ne réagi pas pour changer ses habitudes et son modèle économique. L’objet CD perd de sa valeur, mais pas la musique. Au contraire, il y a un nombre grandissants d’amateurs pour écouter les derniers singles et les emporter avec eux au travail sur un baladeur, ou pour se rendre dans les salles de concerts. Les indicateurs pour le spectacle vivant sont au vert. Toutes les salles de spectacles se remplissent et il suffit de se promener dans les rues de Paris pour constater que l’offre ne désempli pas.
Le problème, pour l’industrie du disque, c’est qu’elle ne touche généralement rien, que ce soit sur le téléchargement des fichiers MP3 (qu’elle rêve yeux fermés de remplacer par un système monétisé), ou sur les concerts. L’artiste dispose de ses droits pour les spectacles, et sauf accord contraire, rien ne rentre dans les comptes de la maison de disques lorsqu’un billet d’entrée est vendu.
Un accord global et exclusif entre EMI et Korn
Si l’on est une maison de disques, et que l’on voit d’un côté ses résultats s’effondrer face à la dévalorisation de la galette plastique, et de l’autre les bénéfices de l’artiste s’accentuer grâce aux concerts et aux ventes dérivées, on ne peut qu’être tenté de signer des accords d’un autre type.
C’est exactement ce que vient de faire EMI en acceptant de créer une société conjointe avec Korn. Cette société s’occcupera de toute la carrière du groupe, et enregistrera les recettes : albums vendus, diffusions radio, concerts, produits dérivés (y compris les jeux-vidéo ou livres), partenariats,… Toute la vie financière de Korn sera administrée par cette joint-venture détenue à la fois par le groupe et par sa maison de disques. A la fin de l’année, les bénéfices sont partagés, selon une proportion qui n’a pas été rendue publique.
« J’ai toujours senti que je travaillais pour une maison de disques. Maintenant je sens que nous avons un vrai partenaire« , s’est enthousiasmé le chanteur de Korn, Jonathan Davis. Leur manager, Jeff Kwatinetz, considère qu’il s’agit d’une évolution nécessaire pour leur industrie. « Plutôt que de nous battre comme d’habitude entre artistes et maisons de disques autour d’un petit gateau, nous pensons que nous avons trouvé comment accroître énormément la taille de ce gateau« . La méthode avait déjà été expérimentée en 2002 avec Robbie Williams, mais l’insuccès du chanteur aux Etats-Unis avait mis court à la tentative.
C’est le label Virgin, propriété d’EMI, qui bénéficiera ainsi du catalogue de Korn. L’accord débutera lors de la sortie du prochain album de Korn, qui devrait sortir avant la fin de l’année. Le groupe a vendu 25 millions d’albums dans le monde, dont 11 millions en dehors des Etats-Unis.
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